Le 8 janvier 2014 | Mis à jour le 9 janvier 2014

Pipomania, quand l’art fait un tabac

par Magazine des enchères

Au XIXe siècle, les fumeurs de pipes brandissaient leurs idées et leur identité au bout de leurs fourreaux. Profession, idoles, passions… les foyers en terre cuite, en émail ou en écume de mer, revêtaient mille et une apparences. Le 14 janvier 2014, une importante collection d’objets d’art autour du tabac sera dispersée à Orléans.

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Un pipomane désigne à la fois un collectionneur de pipes et, dans un langage plus actuel, un conteur d’histoires souvent très belles, mais pas toujours réelles… Maître Matthieu Semont a donc choisi d’intituler sa vente du mardi 14 janvier 2014 « pipomania » pour faire à la fois référence aux 180 lots de pipes qui composent sa vacation, et pour rendre hommage à l’extraordinaire mais parfaitement véritable passion de leur ancien propriétaire. Tous les amateurs d’objets relatifs au tabac et les brocanteurs spécialisés connaissaient le nom de Jean Moisy. Le travail de ce restaurateur de pipes était apprécié de tous les experts, et notamment de Denise Courbier, antiquaire de renom dont la boutique se situait rue de l’Odéon à Paris.
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« Lorsque je suis entré dans l’atelier de Moisy, je dois avouer que j’ai eu un choc », confie Maître Semont. Le commissaire-priseur se met alors à décrire l’antre de notre réparateur : « un appartement orléanais de 70 mètres carrés environ, totalement colonisé par ses pipes et ses objets d’art populaire. Impossible de distinguer le mur derrière cet enchevêtrement de fourreaux et de tuyaux, artistiquement disposés. Pour les retenir, le propriétaire des lieux avait confectionné de minuscules supports à l’aide de fils de fer et de crochets. »

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Les fumeurs, les amateurs de l’art du tabac et d’histoire des mœurs comme les simples curieux pourront acquérir un souvenir de cette émouvante collection. « Jean Moisy possédait de nombreuses pipes en terre cuite. La plupart d’entre elles ont été réalisées à Gambier, la célèbre manufacture ardennaise réputée pour choisir une terre de grande qualité afin d’optimiser le goût du tabac. » Le Christ, Méphistophélès, Danton, Polichinelle, Charlotte Corday, François Ier, Félix Faure… Les foyers prennent l’apparence des plus grands héros de l’histoire. Véritable étendard de ses idées et de ses revendications, les pipes du XIXe siècle pourraient presque faire office de carte d’identité. Elles permettent de comprendre que l’on exerce le métier de tricoteuse, d’écrivain public, que l’on est républicain, pompier, musicien…
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Outre la terre-cuite, d’autres matériaux sont représentés, tels que l’écume de mer, un minéral de couleur blanchâtre, en émail, en coquillage, en racine de bruyère et en noix de corozo. Les estimations s’étaleront de 20 euros jusqu’à 600 euros pour une pipe à opium des années 1900 en écaille de tortue et en ivoire provenant de Chine. Si les mises à prix de la vente restent particulièrement accessibles, les enchères risquent de s’envoler aussi vite que la fumée. En effet, comme le montre les récentes adjudications de pipes enregistrées à Paris, qui ont largement dépassé les 5 000 euros, quand les pipomanes aiment, ce n’est pas du chiqué !
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Lien vers l’annonce de vente

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