Le 6 juin 2025 | Mis à jour le 9 juin 2025

Printemps asiatique : le point sur le marché des arts d’Asie

par Magazine des enchères

Dans les ventes d’arts d’Asie se mêlent pièces anciennes et modernes, venues de pays très différents… Mais ce marché, si vaste soit-il, connaît des modes et des variations. Exploration avec trois experts.

 

Expert notamment pour Cannes Enchères, Jean Gauchet pose d’emblée le débat : « Ce marché des arts d’Asie est très fluctuant, il bouge d’une année sur l’autre. Le domaine phare reste à mon avis la porcelaine ancienne. Et depuis quelques temps je remarque que les pièces de qualité moyenne, datées du XIXe siècle sont en perte de vitesse alors que les beaux objets rares et plus anciens ne cessent de monter ».

 

La cote de la porcelaine chinoise du XVIIIe siècle

La porcelaine justement se retrouve pratiquement dans toutes les ventes… Mais avec des estimations qui peuvent aller de quelques dizaines d’euros à quelques millions ! Tout en haut de la fourchette se trouvent les porcelaines impériales, à l’image d’un vase époque Qianlong XVIIIe siècle estimé 300 000 à 400 000 euros dans la vente Cannes Enchères du 13 juin. « Un exemplaire similaire a été adjugé 7,7 millions d’euros chez Osenat en 2022 », rappelle l’expert.

Mais en dehors de ces pièces d’exception, l’experte Marine Bassal Biron indique que « la porcelaine chinoise du milieu du XVIIIe siècle, période de transition entre les Ming et les Qing est toujours recherchée. C’est du bleu et blanc classique, mais à ce moment politiquement un peu instable, les artistes ont eu beaucoup plus de liberté dans leur création, leurs pièces sont souvent étonnantes ». Pour la maison de vente Aguttes, elle a ainsi estimé deux verseuses à décor de tulipes feuillagées pour 800 à 1 000 euros pièce (vente du 12 juin). Plusieurs experts citent également parmi les « best sellers » originaires de Chine les jades (néphrite blanc et jaune, jadéite vert pomme) et les émaux cloisonnés sous forme de petits objets et boîtes.

 

 

La mode des sculptures bouddhiques

« Les sculptures bouddhiques attirent beaucoup les regards depuis quelques années, se félicite Eléonore Nancy, certaines vendues chez nos confrères anglo-saxons ont battu des records ! ». L’experte de la maison Tajan souligne que dans ce domaine, l’ancienneté compte pour beaucoup ainsi que la qualité de la sculpture. Pour une pièce tibétaine ou sino-tibétaine du XVIIe ou du XVIIIe siècle, les enchères commencent en général autour de 10 000 à 15 000 euros. « Mais nous avons parfois des pièces qui sortent du lot, soit parce qu’elles sont plus anciennes, parfois du XVe siècle, soit du fait de leur qualité de fabrication », ajoute Marine Bassal Biron. Elle cite en illustration de son propos une statue de Shakyamuni en bronze doré du XVIIIe (30 000 à 50 000 euros), « qui est une fonte pleine à la cire ce qui n’est pas commun ».

Autre domaine à avoir les faveurs des amateurs, les Thangka tibétains, qui sont des tissus peints à la détrempe sur une toile de coton, parfois très anciens, XIVe ou XVe siècle. Eléonore Nancy signale deux raretés dans la vente du 9 juin chez Tajan : « deux Thangka datés du XVIIIe qui forment une paire ou un pendant, et un autre avec une inscription, ce qui n’est pas courant non plus ».

 

 

Une multitude de petits marchés

La plupart des ventes d’arts d’Asie comptent une petite section indienne. Et les experts sont prudents dans ce domaine : « C’est un peu l’inconnu pour nous, a priori la clientèle est principalement indienne et recherche des pièces très précises en termes de datation et de géographie », explique Eleonore Nancy. Elle estime les sculptures anciennes en grès indiennes entre 2 000 et 8 000 euros environ, et certaines sculptures en bronze autour de 15 000 à 20 000 euros. La vente du 9 juin de la maison Tajan possède un avantage certain : la provenance, car il s’agit de la collection de Gabriel Jouveau-Dubreuil, archéologue reconnu et donateur du musée Guimet.

« Connaître la provenance est bien sûr positif pour établir l’authenticité de l’objet, constate Jean Gauchet, mais c’est aussi le moyen de raccrocher l’objet à son histoire. Nous faisons toujours ce travail d’interroger l’ancien propriétaire pour savoir d’où viennent les pièces, les enchérisseurs apprécient ».

Il rappelle que ce vaste univers des arts d’Asie est en fait subdivisé en multiples petits marchés : « Pour les objets chinois anciens par exemple, les jades et les porcelaines, ce ne sont pas les mêmes acheteurs… Même si pour la Chine et le Vietnam par exemple nous avons beaucoup d’acheteurs nationaux ou issus de la diaspora. C’est moins le cas pour les pièces japonaises qui ont un marché plus occidentalisé ».

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