
Un cabinet de curiosités design
A l’occasion de sa vente design du 8 septembre « Conte de fées et drame de comtesse », la maison Cornette de Saint Cyr réinvente la mode des cabinets de curiosités, mêlant des objets insolites, des animaux naturalisés et des vanités à des créations contemporaines. Décryptage…
Des animaux naturalisés, à l’instar d’un paon blanc majestueux et d’une poule en smoking, côtoient un cabinet noir et blanc de Roberto Giulio Rida, un fauteuil trône de Philippe Starck et un lit à baldaquin aux lignes tortueuses signé Vincent Dubourg. Là, s’immiscent une lampe en forme d’œuf d’autruche, un miroir hibou ou une sculpture gnome. Une vente, une ambiance. Depuis plusieurs mois, la maison Cornette de Saint Cyr propose des ventes de design thématiques, redoublant d’inventivité dans la mise en scène.

Vincent Dubourg & Tulip Santene (XXe). Lit à baldaquin et chevets. Perche de châtaignier 2005. Lit : H 250 L 260 P 210 cm – Chevets : H 70 L 50 P 35 cm. Estimation : 12 000 – 15 000 euros.
En avril dernier, la maison de ventes parisienne conviait les enchérisseurs à une escale sous les tropiques, à travers une large sélection de créations brésiliennes et mexicaines. Pour la rentrée, son espace d’exposition se transforme en cabinet de curiosités contemporain, mêlant, dans un décor épuré, des objets insolites à des créations contemporaines. Parmi elles se distinguent les squelettes en bronze argenté de Daniel Hourde. Les uns supportent un miroir, symbole de la vanité humaine, les autres maintiennent une table recouverte d’un drap blanc immaculé, comme pour sonner la fin du festin.

Daniel Hourde (1947-), La fête est finie. Bronze à patine argentée et bronze à patine blanche. Signé, numéroté 2/8 et cachet TEP Fondeur sur le drap à la droite du squelette. 2013. H 152 L 278 P 85 cm. Estimation : 35 000 – 45 000 euros.
A leurs côtés, des têtes de lion ou d’impala sur mannequins de Justin Fage rivalisent de réalisme avec un crâne au serpent sculpté en bois par Sukeyuki. Cet artiste japonais s’illustra à la fin du XIXe siècle avec ses vanités qu’un épisode resté célèbre devait entourer d’une aura maléfique. Le 10 mai 1891, le futur tsar Nicolas II lui acheta en effet l’un de ses crânes au serpent à l’occasion d’une visite officielle au Japon, avant d’être victime le lendemain d’une attaque au sabre. Si le tsarévitch fut sauvé par son cousin, l’attentat fut pour certains historiens à l’origine des conflits qui devaient mener à la guerre russo-japonaise de 1904.

[A gauche] Sukeyuki-O Koku. Okimono en bois sculpté représentant un serpent explorant un crâne à mâchoire articulée, aux dents rapportées. 1914. H 10 L 10 P 15 cm. Estimation : 75 000 – 100 000 euros. [A droite] Paire de panneaux en céramique émaillée / Justin Fage (XXe), « Le trêve ». Tête d’impala naturalisée sur mannequin de plastique et vêtements. Edition N°1/3, vers 2020. H 195 cm. Estimation : 8 000 – 10 000 euros.
Plus loin, une sirène des Fidji datant du XIXe siècle ponctue cette formidable ménagerie chimérique. Associant le torse et la tête d’un jeune singe à l’arrière d’un poisson, cette créature mi-mammifère, mi-poisson, serait le fruit de l’imagination débordante de Phineas Taylor Barnum, un entrepreneur américain considéré comme l’inventeur du cirque moderne.

Travail français. Sirène des Fidji. Animaux naturalisés et papier maché. Fin XIXe. H 23 L 31 P 20 cm. Estimation : 10 000 – 12 000 euros.
Avec cette vente au titre évocateur, « Conte de fées et drame de comtesse », la maison Cornette de Saint Cyr s’inscrit dans la lignée des cabinets de curiosités de la Renaissance, sélectionnant des pièces se distinguant tant par leur exotisme, rareté ou extravagance, que par leurs qualités esthétiques et décoratives. Ainsi, à cet imaginaire débridé, brouillant volontiers les frontières entre le réel et l’artificiel, répondent des bustes et têtes en plâtre évoquant la statuaire antique et ponctuant le parcours d’une note poétique.
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[A gauche] Travail français. Tête d’antinous. Plâtre. 2020. H 27 L 18 P 20 cm. Estimation : 150-200 euros. [A droite] Justin Fage, Bonsaï sur rocher Bonsai recouvert de pigments noir sur une rocher recouvert de feuilles d’argent, vers 2015. Boîte : H 40 L 26 P 26. Estimation : 2 500 – 3 000 euros.