Un portrait de Makovsky anime le marché français
Un tableau de Constantin Egorovitch Makovsky, un peintre russe rare sur le marché français, a été adjugé 18 750 euros lors d’une vente organisée par la maison Ouest Enchères Publiques le 3 juin à Nantes. L’occasion de revenir sur les origines de la société des Ambulants, un mouvement réaliste créé à la fin du XIXe siècle par de jeunes étudiants russes désireux de s’émanciper des contraintes de l’Académie.
C’est dans une maison bretonne que le commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein a sorti de l’ombre cette Jeune fille rousse envoûtante signée Constantin Egorovitch Makovsky (1839 – 1915), un peintre russe majeur qui, bien que prolifique, n’anime qu’à de rares occasions le marché français, la dernière œuvre vendue aux enchères sur le territoire datant de 2018. Le peintre, passé maître dans l’art du portrait, participa à la fondation de la société des Ambulants, un mouvement réaliste actif de 1863 à 1880, créé en marge de l’Académie.
La Société des Ambulants
Saint-Pétersbourg, 9 novembre 1863. Alors que l’Académie des beaux-arts annonce le sujet retenu pour le concours de fin d’étude – un Banquet au Valhalla, thème issu de la mythologie nordique – quatorze étudiants, emmenés par Ivan Kramskoï, refusent de se plier aux exigences de l’institution et fondent un groupe indépendant : les Ambulants, en référence au caractère itinérant de leurs expositions. Six mois après l’inauguration du Salon des Refusés à Paris, ces peintres réalistes entendent à leur tour rompre avec la rigidité de l’enseignement académique. Les membres fondateurs, à l’instar de Makovsky, forment un Artel, imaginé sur le modèle communautaire du phalanstère de Charles Fourier, avec la mise en place d’une caisse commune, alimentée au fil des commandes – un Artel qui sera remplacé en 1870 par la Société des expositions artistiques ambulantes.
Un mouvement réaliste actif à la fin du XIXe siècle
Soucieux de rendre l’art accessible au plus grand nombre, ces peintres parcourent le pays, organisant des expositions de Saint-Pétersbourg à Moscou, Kiev, Kazan, Riga ou Odessa. Portraits, peintures religieuses ou historiques, paysages, scènes de genre… Le mouvement, actif jusqu’en 1880, compta autant de sujets que de membres, Makovsky démontrant quant à lui un attrait soutenu pour les scènes mythologiques et le portrait. A noter que ce mouvement a été récemment mis en lumière au Petit Palais à Paris en 2021 à l’occasion de l’exposition sur l’un de ses membres : Ilya Répine.
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