Un rare armet de joute fabriqué pour les Habsbourg adjugé 690 000 euros
Estimé à plus de 40 000 euros, un armet de joute exceptionnel sera vendu aux enchères par Thierry de Maigret le 15 avril à Paris. Il fut fabriqué au XVIe siècle pour un membre de la famille impériale du Saint-Empire romain germanique. Seuls deux autres casques de cette série sont connus, le premier est conservé au musée de l’Armée à Paris, le second dans la Wallace Collection de Londres.
[Mise à jour, 19 avril 2022] L’armet de joute a été adjugé 689 040 euros (frais inclus) le 15 avril à Paris.
L’on imagine aisément Lancelot du Lac, Arthur ou Perceval coiffés d’un tel armet – lorsqu’un Habsbourg se livre à la joute, il revête une armure digne des chevaliers les plus hardis. Arborant un décor doré, finement gravé à l’eau-forte, cet armet de joute coiffa au XVIe siècle l’un des membres de la famille impériale du Saint-Empire romain germanique. A cette époque, à la cour de Vienne, les joutes et tournois, instaurés un siècle plus tôt par Maximilien Ier, ponctuent les fêtes, rassemblements et événements diplomatiques. Pour l’élite du Saint-Empire, ces jeux militaires, volontiers inspirés de la littérature courtoise, sont l’occasion de gagner ses lettres de noblesse, démontrer sa bravoure ou conquérir le cœur de sa dame. « Fabriquer une armure coûtait une fortune, ces jeux étaient donc réservés aux nobles et membres de la famille impériale, précise l’expert en armes anciennes et souvenirs historiques, Bernard Croissy. La plupart des armures étaient confectionnées en acier blanc et présentaient un décor relativement sobre. Notre casque, quant à lui, est tout à fait exceptionnel. Il fait partie d’une série fabriquée à la cour de Vienne pour un membre de la famille impériale ou pour l’empereur Maximilien II lui-même ».
Un casque inédit estimé à plus de 40 000 euros
De cette série, seuls deux autres casques sont connus ; le premier pare les vitrines du musée de l’Armée à Paris, le second celles de la Wallace Collection de Londres. « Ces deux pièces présentent quelques variantes et ne possèdent pas la plaque de protection pour la joute », précise Bernard Croissy. Provenant d’une collection privée, notre armet arbore un très bel état de conservation. Il est doté d’un bouton poussoir à ressort, équipé à l’arrière d’un porte-plumail en laiton et possède encore quelques bandes de buffle blanc et de tissu rouge pour la fixation de la matelassure. « Il est peu probable de revoir un tel armet sur le marché. Les pièces les plus importantes sont aujourd’hui conservées dans les musées. » Pour l’expert, l’objet, estimé entre 40 000 et 60 000 euros, devrait séduire les amateurs d’art de la Haute Epoque, par ses seuls attraits esthétiques. « Cet objet, outre son intérêt historique, est extrêmement décoratif. Il s’agit d’une véritable œuvre d’art. » Les collectionneurs devront toutefois, sans doute, compter sur la participation des musées. « Le musée de l’Armée pourrait être intéressé car notre armet est extrêmement rare et présente quelques variantes avec l’exemplaire déjà présent dans ses collections. Mais je m’attends encore davantage à une bataille d’enchères entre musées étrangers. » Il convient de préciser que les institutions muséales autrichiennes ne possèdent, à ce jour, aucun armet de cette qualité…
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