Le 8 juin 2022 | Mis à jour le 16 juin 2022

Un relief en albâtre du Michel-Ange des Flandres découvert dans un grenier adjugé 167 400 euros

par Diane Zorzi

Retrouvée dans un grenier, une plaque en albâtre exceptionnelle figurant le Christ rédempteur empruntera le chemin des enchères le 12 juin à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, avec une estimation fixée à plus de 20 000 euros. Selon l’expert Benoit Bertrand, il s’agirait d’une œuvre majeure réalisée en 1548 pour le jubé de Mons par Jacques du Brœucq, le « Michel-Ange des Flandres ».

 

[Estimée autour de 20 000 euros, la plaque en albâtre de Jacques du Brœucq a été adjugée 167 400 euros (frais inclus) le 12 juin à Charleville-Mézières. Elle a été acquise par l’un des plus grands collectionneurs de cette discipline basé dans le Bénélux. Les initiés le reconnaîtront. Les deux tableaux d’Achille Laugé, provenant de la même collection que la plaque de Jacques du Brœucq, rejoindront quant à eux les Etats-Unis, adjugés respectivement 56 420 euros (l’Automne) et 42 150 euros (le Printemps).]

 

« Ce haut-relief pourrait bien créer la surprise », annonce Martial Bournier à l’approche de la vente, le 12 juin à Charleville-Mézières, d’une plaque en albâtre attribuée au « Michel-Ange des Flandres », Jacques du Brœucq (1505-1584). Avec un ensemble de tableaux d’Achille Laugé, cette œuvre étonnante, retrouvée dans un grenier, aurait compté parmi ses illustres propriétaires le sportif et dandy emblématique des Années folles, Emmanuel Tailhandier du Plaix (1902-1973). « Cet intime du Maharadja de Patiala et grand joueur de tennis, dont les vendeurs sont les descendants, avait le bon goût de s’entourer d’œuvres d’exception, à l’instar d’un tableau de Vlaminck désormais conservé au musée d’Orsay », explique le commissaire-priseur. Un joli pédigrée qui a naturellement encouragé le commissaire-priseur et l’expert Benoit Bertrand à mener des recherches approfondies pour identifier l’auteur de cette sculpture brillamment exécutée. Au cours de ces investigations, un nom s’est rapidement imposé, celui de Jacques du Brœucq, un artiste emblématique de la Haute Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux, dont l’expert estime avoir retrouvé une œuvre majeure. « Ce haut-relief en albâtre coupe le souffle dès le premier regard, s’enthousiasme-t-il. Le maniérisme est déployé avec un talent incontestable et le rapprochement avec Jacques du Brœucq est immédiat. »

 

Un vestige sauvé de la destruction du jubé de Mons

Après un séjour en Italie, Jacques du Brœucq reçoit autour de 1535 à son retour à Mons, en Wallonie, la commande de plusieurs œuvres destinées à rejoindre le jubé de la collégiale de Sainte Waudru de Mons. « Il s’associe à la réalisation de ce monument, créant pour lui plusieurs statues et vingt-six reliefs en albâtre sculptés entre 1545 et 1547 », précise Benoit Bertrand. Ce jubé, détruit en 1797, est considéré comme l’œuvre la plus importante du sculpteur dans laquelle il démontre sa grande maîtrise de la matière. « En comparant le style de notre relief aux réalisations connues de Jacques du Brœucq pour le jubé de Mons, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’il a été sculpté pour en faire partie. » Lors de la destruction du jubé en 1797, plusieurs pièces furent sauvées. Notre bas-relief pourrait ainsi compter parmi ces derniers vestiges.

 

Attribuée à Jacques du Brœucq (1505-1584), vers 1540-1550 . Plaque en albâtre sculpté en fort relief représentant le Christ rédempteur accompagné de deux anges. H. : 55,5 cm L. : 40 cm. Estimée entre 20 000 et 30 000 euros.

 

Une œuvre majeure attribuée à Jacques du Brœucq

La plaque donne à voir le Christ rédempteur accompagné de deux anges, l’un portant la colonne de la flagellation, l’autre tenant le calice. Devant elle, les fidèles pouvaient ainsi se livrer à leur tour au rituel de l’eucharistie. « D’après les archives de la fabrique, nous pouvons supposer que ce relief fut livré le 12 novembre 1548 par l’artiste pour la prédelle du retable de l’autel couronnant le jubé », précise l’expert. Ce Christ rédempteur n’est pas sans évoquer le Christ de la Minerve (aussi appelé Le Christ rédempteur ou le Christ portant la croix), une œuvre réalisée par Michel-Ange en 1525 que le « Michel-Ange des Flandres » put admirer en l’Eglise de la Minerve, lors de son voyage à Rome. « La morphologie si étonnamment sensuelle et puissante de la figure du Christ est comparable à celle d’autres reliefs du jubé de Mons, ceux de l’Ecce homo ou de Pilate se lavant les mains par exemple. Les mèches de la barbe se terminant par une boucle, le torse vigoureux au plexus légèrement saillant et aux pectoraux terminés en pointe, l’abdomen fortement dessiné et ombré, le diaphragme contracté, les bras et jambes aux muscles longs et fins, le périzonium [Ndlr. Pagne dissimulant la nudité du Christ] fluide et souple… Jacques du Brœucq excelle une fois de plus dans la représentation du corps du Christ, à la fois énergique et sensible. » Autant d’éléments qui présagent de belles enchères pour cette œuvre attribuée à Jacques du Brœucq et estimée entre 20 000 et 30 000 euros.

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