Le 23 juin 2023 | Mis à jour le 23 juin 2023

Le château de Quintin accueille une vente d’art d’exception

par Diane Zorzi

Le château de Quintin, dans les Côtes-d’Armor, servira d’écrin à une vente aux enchères d’exception organisée le 24 juin par le commissaire-priseur Karl Benz. Au catalogue se distingue notamment une rare céramique réalisée par Mathurin Méheut au sein des ateliers de Chaumeil à Paris en 1920.

 

A Quintin, dans les Côtes-d’Armor, un château du XVIIIe siècle s’apprête à accueillir, pour un second opus, une vente aux enchères d’exception. Baptisé « Florilège », ce rendez-vous annuel invite les amoureux de l’art et du patrimoine à découvrir quelques pièces triées sur le volet. Ces objets, le commissaire-priseur Karl Benz ne s’est pas contenté de les réunir, mais les a choyés, un an durant, pour qu’ils sortent de leur silence. « Grande est ma joie de vous partager aujourd’hui ma lecture des secrets et émotions dont ils sont dépositaires ; les prières qu’ils ont dû écouter », note Karl Benz en préambule du catalogue, après avoir cité les premières phrases du Pêcheur d’Islande de Pierre Loti. « Une sainte Vierge en faïence était fixée sur une planchette […]. Elle était un peu ancienne […] mais les personnages en faïence se conservent beaucoup plus longtemps que les vrais hommes ; aussi sa robe rouge et bleue faisait encore l’effet d’une petite chose très fraîche au milieu de tous les gris sombres de cette pauvre maison de bois. Elle avait dû écouter plus d’une ardente prière. » Avec le commissaire-priseur (et Pierre Loti), rejoignons le château de Quintin et écoutons le chant que les objets d’antan prodiguent pour peu que l’on tende l’oreille…

 

L’une des premières céramiques de Mathurin Méheut

C’est au rythme de la bombarde que défileront les premiers lots de la vente, dédiés à la « Bretagne et à la Mer » (lots 1 à 132). Les amateurs de l’école bretonne reconnaîtront ainsi les signatures d’Alfred Guillou, Emile Simon, Roger Chapelet, Jean Commere ou encore Eugène Bégarat, dont les œuvres raviveront, le temps d’une vente, les traditions de la région, ainsi que celle de Mathurin Méheut (1882-1958) qui, chose rare, démontre ici ses talents méconnus de céramiste, avec un Crabe en grès émaillé blanc craquelé – « toute création, en quelque matériaux que ce soit et quelle que soit sa finalité, a le même intérêt », rappelait l’enfant de Lamballe.

« Méheut n’a jamais épousé l’antique idée de la hiérarchie des Arts, détaille Karl Benz. C’est pour cette raison, qu’il avait abandonné le Salon des artistes français et son dédain pour les Arts décoratifs, au profit de la Société nationales des Beaux-Arts. Et en effet, ce crabe vaut bien une huile ! La vérité des formes, la puissance du trait, l’intérêt décoratif. Ceci sous les auspices de la grande sensibilité de Méheut qui lui fait doter ses sujets anatomiquement parfaits d’une personnalité. Et c’est vrai que ce crustacé est vivant, attachant même ! Il existe, en chair et en carapace. » Le commissaire-priseur a d’ailleurs interrogé quelques experts de la Station de biologie marine de Roscoff, que Méheut rejoignit en 1910 dans le cadre d’une étude de la flore et de la faune maritimes, afin d’identifier l’espèce en question. « Ils nous ont indiqué qu’il s’agissait d’un Atelecyclus, un crabe circulaire qui peuple les eaux bretonnes et que l’artiste a forcément observé lors de son séjour roscovite. »

 

Mathurin Méheut (1882-1958), peintre de la Marine en 1921, chez Henri Chaumeil (1877-1944). Crabe, 1920. Grès émaillé blanc craquelé. Modelage unique daté, et portant par trois fois le nouveau monogramme de l’artiste. Estimation : 6 000 – 8 000 euros.

 

De la Bretagne à la Méditerranée avec Gustave Le Gray

Cette pièce serait l’une des toutes premières céramiques de Mathurin Méheut. Elle fut réalisée en 1920 à Paris et fut exposée au public le 28 avril 1921 au pavillon de Marsan. « Lors de sa première et triomphale exposition au pavillon de Marsan en 1913, aucune céramique ne côtoyait ses peintures, dessins et gravures. Ce ne sera pas le cas de la suivante. Démobilisé en février 1919, il enseigne dès fin avril ou début mai « l’étude documentaire d’après la flore et la faune, avec ses applications décoratives pour le modelage, la sculpture, la ciselure et la gravure » à l’école Boulle. Cette même année, il commence à correspondre avec Henriot et donne naissance à quatre assiettes en novembre. »

Ici, le modelage n’émane néanmoins pas des ateliers d’Henriot Quimper mais des ateliers parisiens de Chaumeil, ainsi que l’atteste le monogramme « HC » apposé à l’émail bleu. « On ne sait rien des relations qu’il entretenait avec Chaumeil, note Karl Benz, mais nous pouvons supposer que le praticien mettait, au minimum, son savoir-faire et son four à la disposition de l’artiste. C’est donc chez lui, à Paris, qu’à l’hiver 1920-1921, préparant sa seconde exposition, Méheut réalise ses sculptures. » Ce Crabe exceptionnel est l’un des tous premiers moulages en ronde-bosse de Mathurin Méheut, et le seul craquelé à être dévoilé au public après l’exposition du 29 mai 1921.

Après une succession de bijoux, en guise d’intermède, la vacation explorera « le reste du monde » (lots 150 à 293), invitant, entre autres voyages, les enchérisseurs à prendre place à bord du Saïd, un navire construit par le vice-roi d’Egypte, Mohamed Saïd Pacha (1822-1863), que Gustave Le Gray (1820-1884) immortalise sur le port de Sète, en une épreuve aux couleurs des souvenirs, et du temps passé.  

Enchérir | Suivez la vente « Florilège 2023 » le 24 juin en live sur interencheres.com ou auction.fr

 

Haut de page

Vous aimerez aussi

Une rare Ferrari Dino 246 blanche aux enchères dans la Vienne

Le 21 mai 2025 | Mis à jour le 21 mai 2025

A l’occasion du rassemblement Sport & Collection sur le circuit du Vigeant, la maison Balsan Enchères organise une vente d’automobiles classiques, dont la tête d’affiche sera une étonnante Ferrari Dino […]