Une vente hommage au peintre orientaliste Narcisse Berchère à Neuilly-sur-Seine

Peintre orientaliste et graveur, Narcisse Berchère a puisé son inspiration dans ses multiples voyages. La maison Aguttes dispersera aux enchères le 3 septembre une soixantaine d’œuvres de cet artiste que Ferdinand de Lesseps choisit comme dessinateur officiel de la Compagnie du Canal de Suez.

[Mise à jour, 4 septembre] La Vue animée de Tel el-Kébir, Égypte, 1862, a trouvé preneur à 8 320 euros (frais inclus) et le Campement au pied des ruines de Thèbes, effet de lune, Égypte, 1888 à 7 020 euros. Estimée entre 600 et 800 euros, la Nature morte au homard à changé de main pour 2 730 euros. 

Né à Etampes, Narcisse Berchère (1819-1891) s’intéresse très tôt au dessin et suit des études à l’Académie des Beaux-Arts dans l’atelier de Théodore Rousseau et de Corot. Son goût pour la nature l’entraîne dans le sillage des peintres de Barbizon, il parcourt la forêt de Fontainebleau, puis la Bretagne et la Normandie à la recherche de ses premiers sujets de peinture. 

Après un échec au Grand Prix de Rome en 1841, il abandonne ses études de peinture, mais expose ses premières œuvres. Le tournant de cette jeune carrière s’opère à la fin des années 1840, lorsqu’il part vers le Moyen-Orient. Il passe par l’Espagne, comme le montre la mine de plomb Arbres à Valldemossa aux Baléares (150 à 200 euros). Puis par Venise, d’où provient cette autre mine de plomb et aquarelle Premières baraques sur le Lido (200 à 300 euros). Il visitera ensuite l’Egypte, la Syrie, la Turquie, la Grèce… et devient un peintre orientaliste, alternant scènes de rues, paysages, portraits d’habitants. 

De son parcours en Egypte, retenons un magnifique Campement au pied des ruines de Thèbes daté de 1888 (3 000 à 5 000 euros), ainsi qu’une Vue de la plaine de Gizeh avec deux pyramides (1 200 à 1 800 euros). Pour l’anecdote, c’est avec le peintre Jean Léon Gérôme et le sculpteur Bartholdi qu’il visite la Basse-Egypte vers 1856. De son séjour en Turquie viennent ses Grands arbres à Izmir mine de plomb datée de 1851 (200 à 300 euros). 

L’aventure du Canal de Suez

En 1860, Ferdinand de Lesseps le choisit comme dessinateur officiel de la Compagnie du Canal de Suez. La vente de la maison Aguttes illustre ce moment avec une Vue animée de Tel el-Kébir de 1862, signée et dédicacée à Mr. de Lesseps (6 000 à 8 000 euros). Narcisse Berchère tire de cette expérience un ouvrage intitulé Le désert de Suez, Cinq mois dans l’Isthme, dédicacé à Eugène Fromentin, dont une partie de la documentation préparatoire figure au catalogue (200 à 300 euros). De retour en France, l’artiste contribue à fonder le musée d’Etampes, qui expose plusieurs de ses toiles. Il continue à peindre et aborde d’autres sujets tels que les natures mortes : Intérieur aux armes et éléments d’armure, 1889 (1 500 à 2 000 euros)… Et continue son travail sur des paysages moins exotiques : Arbre à Sahurs, Normandie, 1872, fusain et craie blanche (150 à 200 euros). A noter que la maison Aguttes présente également dans cette vente deux palettes qui sont supposées lui avoir appartenu, avec une estimation de 100 à 150 euros.

Son dernier record de vente remonte à 2006 chez Artcurial avec une huile sur toile figurant des Nomades en marche au milieu du jour dans la presqu’île du Sinaï avec une adjudication à 33 297 euros. Plus généralement, ses toiles les plus recherchées sont celles de la période égyptienne, lorsque son travail sur la lumière et les empattements de couleurs est à son zénith. 

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