[Vidéo] Toulouse-Lautrec, si jeune et déjà talentueux
La vente organisée le 25 juin 2016 à Toulouse sous le marteau de Maître Marc Labarbe proposera des œuvres de jeunesse d’Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Il s’agit d’aquarelles et de croquis de jeunesse dont un cahier d’écolier daté vers 1879-1880 dont les leçons écrites sont copieusement entourées de dessins griffonnés dans les marges. Le futur peintre montmartrois y dessine des personnages et des animaux divers en toute liberté. Mais c’est un autre document plus original qui retiendra probablement l’attention des enchérisseurs.
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Pendant son enfance, Toulouse-Lautrec séjournait régulièrement chez son oncle, Amédée Tapié de Celeyran, qui possédait un domaine agricole près de Narbonne. Cette région couverte de vignobles est atteinte dans les années 1880 par le phylloxéra, un insecte qui s’attaque aux ceps de la vigne jusqu’à le tuer. A l’époque, un moyen radical de lutter contre ce parasite consiste à noyer par inondation les vignes. C’est l’entreprise à laquelle le jeune Toulouse-Lautrec, qui n’avait pas dix-sept ans, assista chez son oncle en 1881. Il fit de cette « submersion » un véritable reportage, dessiné à la plume sur une cinquantaine de feuillets. Sur le frontispice de cet ensemble, un irrigateur, sorte d’appareil à injection avec un tuyau démesurément long, enserre comme dans des médaillons les portraits des protagonistes de l’opération, dont l’oncle Tapié de Celeyran, et le dessinateur-reporter en bas, chevauchant son porte-fusain.
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A la suite, Toulouse-Lautrec retrace toutes les péripéties de cette opération de sauvetage : d’abord, l’aménagement des parcelles, la construction des digues, et le creusage des canaux pour amener l’eau. L’installation de la machine, de son transport à sa mise en route. Et enfin, l’inondation et son succès. L’image finale présente ainsi un banquet réunissant tous les protagonistes de l’histoire festoyant ensemble. Ces croquis pris sur le vif, qui oscille entre caricature et reportage dessiné, sont animés d’une vie intense et d’un humour singulier. Le jeune artiste s’essaye ici à la narration en images qui rappellent de près la « littérature en estampes » de Rodolphe Töpffer, l’ « inventeur » de la bande dessinée, et dont Toulouse-Lautrec connaissait l’œuvre. Resté jusqu’alors dans la famille du peintre, l’ensemble de ces croquis est estimé entre 250 000 à 300 000 euros.
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