Le 16 décembre 2015 | Mis à jour le 16 décembre 2015

Voyage au temps des postimpressionnistes

par Magazine des enchères

[Vente à venir] « Une toile étonnante, remarquable, rare et confidentielle ! » Tels sont les premiers mots que l’expert Marc Ottavi emploie pour exprimer son enthousiasme devant cette toile de Charles Angrand, une redécouverte datée de 1885 et digne, selon lui, de finir sur les cimaises du musée d’Orsay. Intitulée Dans l’île des ravageurs, elle sera présentée samedi 19 décembre 2015 dans la vente de Maître Dorothée Galludec à Lorient, aux côtés de deux toiles de Henry Moret et une de Gustave Loiseau.
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Découverte lors d’un inventaire parmi quelques reproductions de peu de valeur, la toile de Charles Angrand (1854-1926) a immédiatement attiré l’attention de la commissaire-priseur, avant même que la signature ne soit déchiffrée.
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Exposée lors du Salon des Artistes Indépendants en 1886
, cette toile avait déjà séduit la critique de l’époque en la personne de Félix Fénéon (1861-1944), qui avait rédigé plusieurs lignes élogieuses : « M. Charles Angrand, qui exposait pour la première fois en 1883, n’a pas adopté la facture impersonnelle et comme abstraite des dissidents de l’impressionnisme : sa brosse, d’une violence rayée, travaille et triture ingénieusement une pâte épaisse et plastique, la configure en reliefs, l’érafle, l’écorche, la guilloche et la papelone. »
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« C’est une œuvre rarissime, insiste Marc Ottavi. La production peinte de Angrand ne compte qu’entre 80 et 100 toiles – il arrête la peinture pour se consacrer au pastel à la mort de Seurat en 1891 – et la plupart font déjà partie des collections publiques. Il y en tellement peu qui circulent qu’il s’agit seulement de la deuxième toile de l’artiste que je vois passer dans mon cabinet, c’est vous dire ! » Estimée 30 000 à 40 000 euros, cette toile présente aussi des particularités formelles régulièrement visibles dans la production du peintre, à l’instar de la portion de toile très réduite accordée au motif du ciel : Angrand préfère en effet concentrer toute l’attention du spectateur sur le sujet principal de la composition, ici la végétation foisonnante de l’île d’Asnières.
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Deux toiles de Moret et une de Loiseau seront également au programme de cette vente. « Ces trois artistes datent de la même époque et présentent une verve postimpressionniste éclatante, confie Maître Galludec. Le traitement de la lumière y tient une place prépondérante, à l’instar de Moret qui joue sur les effets d’ombres du chemin terreux de Bretonne à la haie (est. 30 000 à 40 000 euros). La seconde toile de Moret, intitulée Pont-Aven, le port (est. 40 000 à 50 000 euros), illustre quant à elle la manière qu’a le peintre de croiser les coups de pinceaux dans un mouvement descendant. Ayant vendu au début de ma carrière en 2006 une huile de Moret pour 130 000 euros, je pense qu’on peut avoir de belles surprises sur le résultat final ! »
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La toile Bord de Seine de Gustave Loiseau, enfin, est estimée 15 000 à 20 000 euros et témoigne de la touche colorée de l’artiste. « Dans la manière de Monet, Loiseau peint à différentes heures de la journée et s’attache scrupuleusement à représenter la luminosité qu’il perçoit, ce qui aboutit dans notre cas à un aspect certes brouillardeux mais très séduisant », précise l’expert.
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Nul doute que de nombreux curieux et intéressés viendront admirer et enchérir sur ces quatre paysages postimpressionnistes, que la commissaire-priseur qualifie d’ « invitations au voyage ».
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Lien vers l’annonce de la vente aux enchères

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