Le prix des mangas aux enchères : décryptage d’un marché en pleine expansion
Pokemon, Astro boy, Dragon Ball, Goldorak… Vous en connaissez au moins un ! C’est la force du marché des mangas, dont vous pouvez retrouver les héros dans les ventes aux enchères. Décryptage d’un marché de jeunes collectionneurs promis à un bel avenir…
« Au Japon, la naissance d’un manga passe en général par plusieurs étapes. D’abord une publication dans un magazine tel que le Shonen Jump, ensuite une publication sous forme de livre, et ensuite si le succès est toujours là, une adaptation en dessin animé », explique l’expert François Meyniel. Dans les ventes aux enchères, il est donc possible de trouver des dessins originaux ou celullos ayant servi à faire les mangas, comme ceux qui ont été utilisés dans la création d’animés. « Ce que l’on peut trouver aujourd’hui de plus ancien date des années 1960 environ, même si cet art remonte aux années 1930. Et la grande période commence dans les années 1980, les années du Club Dorothée », sourit l’expert. Ceux qui ont commencé à acheter à cette époque ont pu faire de belles affaires…
Rareté, popularité, intensité… les critères de valeur
Parmi les critères de valeur de ces dessins, la rareté compte pour beaucoup. Selon le spécialiste, les lots issus de l’animation japonaise se trouvent un peu plus facilement, car une fois le dessin animé fabriqué, les cellulos étaient parfois jetés ou dispersés à petit prix, alors que les mangakas (auteur de mangas), n’étaient pas systématiquement propriétaires de leurs dessins et planches originales, qui restaient dans ce cas précieusement conservés par les maisons d’édition.
Ensuite, la popularité de l’artiste et des personnages fait également grimper la cote. Un dessin original d’Astro le petit robot, création d’Osamu Tezuka peut atteindre 10 000 à 20 000 euros, et les dessins du maître Miyazaki, auteur de « Mon voisin Totoro », jusqu’à 20 000 à 40 000 euros. « C’est un peu le Hergé japonais, et nous avons adjugé cette année une de ses créations à 48 000 euros… », ajoute François Meyniel, tout en précisant que dans le domaine de l’animation, on trouve de belles pièces autour de 14 000 à 15 000 euros pour des cellulo Pokemon par exemple.
Concernant l’évolution de la valeur de ces pièces, il donne un exemple : un cellulo Dragon Ball Z se vendait environ 150 euros il y a 5 ans, certains partent à 8 000 euros désormais. Et bien sûr, si le personnage principal est présent sur le dessin, en action, cela reste un plus pour la cote de la pièce. François Meyniel recommande en revanche la prudence en ce qui concerne les dédicaces ou shikisis : de petits dessins cartonnés portant la signature de l’artiste : « C’est un domaine gangrené par les faux, je recommande d’avoir une vraie expertise avant d’acheter ce type de pièce ». Un dessin authentique de Dragon Ball signé d’Akira Toriyama peut être estimé 10 000 à 20 000 euros… Méfiance également lorsque, sur la même image issue d’un dessin animé, quatre ou cinq personnages sont présents : « faire évoluer autant de personnages en même temps sur la même image est trop complexe, donc cela n’existe quasiment pas ».
Un marché jeune et mondialisé
Dernier critère, plus technique : le « matching » c’est à dire les cellulos dont le fond correspond à ce qui a été vu sur le produit fini. Ces fonds, en général très élaborés pour créer une ambiance, étaient parfois modifiés au cours de l’action définie par les dessins. Le « match » parfait est donc une qualité supplémentaire : un cellulo Pokemon de Satoshi Tajiri avec son fond à la gouache peut atteindre 5 000 à 8 000 euros. « C’est un marché mondialisé, le manga est une industrie puissante qui a inondé le monde de ses dessins, précise d’emblée François Meyniel, la clientèle potentielle de ces dessins est donc très large, chacun essayant de retrouver son enfance ». Il parle d’un marché encore en cours de structuration, mais qui est poussé par un renouvellement constant. « Les Pokemon par exemple c’est infini, entre les jeux, les produits dérivés, on ne les oublie jamais alors que si l’on compare avec Disney, les amateurs de Mickey se font de plus en plus rares ».
Autre atout de cet univers : le prix des livres mangas, bien inférieur à celui des bandes dessinées traditionnelles, ce qui a permis une diffusion très large. D’où qu’ils viennent, des années Dorothée, Dragon Ball Z ou Pokemon, les collectionneurs sont jeunes, entre 30 et 50 ans environ, et comptent autant de femmes que d’hommes dans leurs rangs : « l’univers des mangas a toujours fait de la place aux héroïnes fortes telles que Princesse Sarah ou Sailor Moon et a donc capté l’intérêt des femmes depuis le début ».
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