
Petit lexique des meubles anciens aux drôles de noms
Bonheur-du-jour, confident, billet doux, indiscret… Autant de termes que se sont appropriés au fil du temps des secrétaires, fauteuils ou tables de salon. Découvrez l’histoire de ces meubles anciens aux noms étonnants.
Le bonheur-du-jour
Écritoire conçu spécialement pour les femmes, le « bonheur-du-jour » doit son nom à ses gradins composés de tiroirs faisant office de cachettes pour les dames qui y dissimulaient leur correspondance quotidienne comme autant de « bonheur du jour ». Apparu au XVIIIe siècle, ce petit meuble léger, volontiers mobile, est très populaire durant l’époque Louis XVI où il arbore de riches marqueteries, laques et placages d’acajou parfois rehaussés de plaques de Sèvres.

Bonheur-du-jour par Adam Weisweiler (1746-1820), époque Louis XVI, vers 1785. Adjugé à 57 340 euros par Herbelin à Chinon.
Le confident
Aussi appelé « conversation », « vis-à-vis » ou « tête-à-tête », le confident est composé de deux fauteuils accolés et inversés, réunis par la traverse supérieure du dossier et formant un S plus ou moins prononcé. Inventé sous le Second Empire, ce siège mondain par excellence, souvent généreusement capitonné, permettait à deux personnes de discuter confortablement sans avoir besoin de tourner la tête.

Confident, vers 1970. Adjugé à 686 euros par Goxe & Belaïsch à Enghien-les-Bains.
Le fauteuil crapaud
Apparu au XIXe siècle sous Louis-Philippe, ce fauteuil crapaud très confortable avait la particularité de ne laisser apparent aucun élément d’ébénisterie. Il était entièrement recouvert de tissu (étoffe, tapisserie, velours…), capitonné ou non, et arborait bien souvent de hautes franges pour dissimuler les pieds. Il doit son nom à sa silhouette trapue et épatée comme celle du crapaud, ainsi qu’à ses pieds dont la cambrure évoque le bond imminent de l’animal.

Paire de fauteuils crapaud, style Napoléon III. Adjugé à 137 euros par Sequana à Rouen.
Le billet doux
Populaire au XIXe siècle, ce petit secrétaire, dit « billet doux », réalisé en placage et orné de marqueteries, était muni d’un abattant faisant office d’écritoire. Sur celui-ci, les dames pouvaient s’adonner discrètement à leurs correspondances, usant volontiers de « mots doux » et galanteries à destination de leurs amants.

Billet doux d’époque Restauration. Adjugé à 1 144 euros par Actéon à Senlis.
Le fauteuil cabriolet
Epousant parfaitement la forme du corps avec son dossier incurvé, ce siège « cabriolet » de petite taille intègre massivement les salons et boudoirs du XVIIIe siècle. Pourvu d’accoudoirs dégagés, il doit son nom à sa légèreté et à sa grande mobilité, comparable à celle des voitures à cheval, populaires au XVIIIe siècle et baptisées « cabriolets ».

Paire de fauteuils cabriolet d’époque Transition. Adjugé à 7 560 euros par Kapandji Morhange à Paris.
L’indiscret
Inventé sous le Second Empire, l’indiscret comprenait un siège de plus que le confident, placé perpendiculairement aux deux autres. S’il permettait aussi à trois personnes de discuter sans avoir à tourner la tête, il doit son nom à la présence de cette troisième personne dont l’oreille « indiscrète » vient perturber la « confidence » des deux premiers convives.

Indiscret d’époque Napoléon III. Adjugé à 2 400 euros par Pousse-Cornet-Valoir à Orléans.
La table gigogne
Populaire sous le Second Empire, la table gigogne est composée de plusieurs tables, généralement au nombre de quatre, conçues pour s’emboîter les unes dans les autres et pourvues de plateaux rectangulaires. Si l’on ignore l’origine exacte de son appellation, une hypothèse fut retenue au fil du temps. Son nom pourrait ainsi être tiré d’un personnage de la marionnette de théâtre « Dame Gigogne », aussi appelée « Mère Gigogne », apparue en 1602 sous les traits d’une femme géante cachant sous son imposante robe une horde d’enfants.

Tables gigognes d’Emile Gallé (1846-1904). Adjugé à 3 718 euros par Rouillac à Cheverny.
Le fauteuil bergère
Au contraire du fauteuil cabriolet, le fauteuil bergère est le siège spacieux et confortable par excellence, arborant des accoudoirs pleins et un dossier richement garni. Apparu au début du XVIIIe siècle, il prend différentes formes au fil du temps. Il se galbe sous Louis XV, adopte un dossier droit sous Louis XVI, et arbore tour à tour des oreilles, des assises plus ou moins larges, et parfois un dossier surmonté d’un accoudoir permettant à un convive de suivre la partie d’un joueur tout en restant debout (bergère dite « ponteuse » ou « voyeuse »). Si l’on ignore l’origine exacte de son appellation, il semblerait que le terme « bergère » soit une référence aux tapisseries pourvues de scènes bucoliques très à la mode au XVIIIe siècle et qui ornaient nombre d’exemplaires.

Bergère d’époque Louis XV, estampillé Pothier. Adjugé à 2 860 euros par Millon à Paris.
La table bouillotte
Pourvue d’un petit plateau rond, d’une ceinture à tiroir et de quatre pieds droits, cette table de salon, dite « table bouillotte », est apparue sous Louis XVI. Elle tire son nom de la « bouillotte », un jeu très populaire au XVIIIe siècle. Ainsi son plateau, recouvert de marbre ou de marqueterie et ceinturé d’une galerie de cuivre, accueillit-il les longues parties animées de ce jeu de cartes et d’argent, ancêtre du poker.

Table bouillotte d’époque Louis XVI. Adjugé à 2 321 euros par Millon à Paris.
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