Le 27 juin 2023 | Mis à jour le 28 juin 2023

Albert Lebourg ou l’impressionnisme encore abordable

par Diane Zorzi

Aux côtés des têtes d’affiche de l’impressionnisme, de Monet à Renoir, dont les œuvres se vendent à plusieurs millions d’euros, maints artistes plus abordables s’invitent régulièrement en salles des ventes. C’est le cas d’Albert Lebourg dont plusieurs toiles, estimées à partir de 3 000 euros, seront vendues aux enchères du 29 juin au 7 juillet.

 

Des Remorqueurs à Rouen, les Bords de l’Ain, La Seine à Croisset… Ces œuvres habillent les cimaises du musée d’Orsay que foule chaque jour quelques milliers de visiteurs, pourtant leur auteur, Albert Lebourg (1849-1928), ne jouit pas de la renommée des têtes d’affiche de l’institution. Ainsi est-ce le sort des « petits maîtres » qui, en dépit de leur talent et de leur contribution à l’écriture de l’histoire de l’art, demeurent connu des seuls amateurs éclairés. Ces « petits maîtres », que les historiens de l’art Gérard Schurr et Pierre Cabanne réunirent dans leur Dictionnaire des Petits Maîtres de la Peinture 1820-1920, gagnent à être connus des enchérisseurs.

Sur le marché, leurs œuvres demeurent en effet abordables, au contraire des tableaux arborant d’illustres signatures. A titre d’exemple, le record pour un tableau de Claude Monet s’élève à 99 millions d’euros (Meules, 1890, vente à New York, 2019), tandis que les œuvres d’Albert Lebourg, si l’on met de côté les 97 000 euros obtenus en 2011 par La Marne au Parc-Saint-Maur (1912), trouvent en moyenne preneur autour de 5 000 euros – un prix pour le moins attrayant lorsque l’on sait que ce « petit maître » prit part à l’aventure impressionniste et à sa quatrième exposition qui, au printemps 1879, réunissait, 28 avenue de l’Opéra, Gustave Caillebotte, Edgar Degas, Camille Pissarro et Claude Monet.

 

Albert Lebourg (1849 – 1928), Marine à la Rochelle, pleine mer. Huile sur toile signée et située La Rochelle en bas à gauche. Sur une toile d’un marchand de la Rochelle, 57,5 x 74 cm. Expert : cabinet Maréchaux. Estimation : 5 000 – 7 000 euros.

 

Des paysages de bord de mer aux scènes hivernales

Si Albert Lebourg s’est formé, à l’école des beaux-arts de Rouen, auprès de Gustave Morin, un peintre reconnu pour ses peintures de genre et d’histoire, et a intégré, un temps, l’atelier de l’un des maîtres en la matière, Jean-Paul Laurens, il s’est davantage illustré à travers ses paysages. Adoptant l’œil des impressionnistes, avec qui il expose à deux reprises, il fragmente sa touche pour mieux traduire les nuances de la nature en ses incessantes variations.

Les paysages au bord de l’eau ou les scènes hivernales ont sa préférence. Ils sont tous deux le terrain de jeu idéal pour saisir les vibrations lumineuses affleurant l’ondée ou les flocons. Les bords de Seine, Notre-Dame de Paris sous la neige, le vieux port de Dieppe, la Cathédrale de Dordrecht, les vues du Lac Léman… Albert Lebourg puise son inspiration au gré de ses voyages en Ile-de-France, en Normandie, en Auvergne et à l’étranger, de la Hollande à l’Algérie, livrant plus de 2 000 paysages impressionnistes. Autant de tableaux qu’il expose au Salon de Paris de 1878 et 1879, et au Salon national des beaux-arts de 1890 à 1914, avant que la galerie Georges Petit ne lui consacre une exposition en 1918 à Paris. 

 

Albert Lebourg (1849-1928), Les côteaux près de Rouen, vers 1900-1905. Huile sur toile, 40 x 66 cm. Estimation : 9 000 – 12 000 euros.

 

Un artiste exposé au musée d’Orsay et à l’Ermitage

S’il est tombé dans l’oubli, il jouit de son vivant de la reconnaissance de ses pairs et de la critique, s’attirant les faveurs du critique d’art Roger Marx qui écrivit un article élogieux au lendemain de l’exposition de La Neige, Auvergne au Salon de 1886 : « elle marque triomphalement le début de la série célèbre des Neiges ; elle résume les résultats acquis au cours de ses séjours en Auvergne durant lesquels le peintre se hausse définitivement à la maîtrise… » Sa présence aujourd’hui dans maintes institutions muséales prestigieuses, du musée d’Orsay à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, suffit à prendre la mesure de son talent. Ainsi que l’artiste qui enjoignait l’historien de l’art et conservateur Léonce Bénédite à juger « les œuvres d’art avec un cœur pur », oublions un instant les grandes signatures, et délectons-nous des tableaux réjouissants de ces « petits maîtres » comme Albert Lebourg dont l’œuvre fera un jour, sans nul doute, l’objet d’une exposition d’envergure.  

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Albert Lebourg (1849-1928), La Bouille, 1900. Huile sur toile, signée, datée et située en bas à gauche. 46 x 67 cm. Estimation : 3 000 – 5 000 euros.

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