Le 4 octobre 2023 | Mis à jour le 14 mars 2024

Bernard Buffet, une cote en constante progression depuis 20 ans

par Clémentine Pomeau-Peyre

Il est l’un de ces artistes reconnaissables au premier coup d’œil : on a déjà vu l’un de ses clowns, bouquets ou paysages. Retour sur la cote de Bernard Buffet, l’un des plus grands peintres de la seconde moitié du XXe siècle, dont la cote ne cesse de progresser depuis une vingtaine d’années.

 

Le style très personnel de Bernard Buffet (1928-1999) le rend immédiatement familier. Des traits anguleux, des couleurs souvent sombres, des personnages aux yeux cernés… « Créer était sa raison de vivre, affirme l’expert et galeriste Michel Estades, Bernard Buffet était un génie avec une œuvre sans concession ». Né en 1928, l’artiste a travaillé avec acharnement durant toute sa vie, se donnant la mort volontairement en 1999 car il était atteint de la maladie de Parkinson, qui allait l’empêcher de peindre.

 

Sacré meilleur artiste français d’après-guerre

Son parcours montre bien l’urgence de création qui l’a habité : reçu à l’âge de 15 ans au concours d’entrée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il n’y reste que deux ans, décidant rapidement qu’il travaillera seul. Le choix est payant puisqu’il remporte à 20 ans le Prix de la Critique (1948), ex æquo avec Bernard Lorjou, et qu’en 1955, il est sacré meilleur artiste français d’après-guerre par la revue Connaissance des Arts. À partir de 1947, il sera exposé tous les ans à Paris. Les années d’après-guerre sont enthousiasmantes : il rencontre et épouse Annabel Schwob qui devient sa muse, son style gagne en force et en couleurs, et en 1958, la Galerie Charpentier à Paris organise sa première rétrospective.

En 1964, Maurice Druon lui consacre une biographie, dans laquelle il écrit : « À y bien regarder, Buffet est un classique, presque un académique, le seul académique important de notre époque, qui a poursuivi d’un pas personnel la route tracée par Monsieur Ingres et par Monsieur Courbet. » À noter que lors de la récente dispersion des collections de l’académicien chez Millon, son portrait réalisé par Bernard Buffet a trouvé preneur en after sale pour 78 000 euros. 

 

 

Une cote thématique qui progresse

Pourtant, « c’est probablement l’artiste figuratif dont la cote a le plus progressé ces 25 dernières années. Un clown, qui pouvait se vendre 35 000 euros en 1999, vaut aujourd’hui autour de 400 000 euros », calcule l’expert. Jusqu’aux années 2000, les spécialistes distinguaient des périodes dans le travail de l’artiste, en estimant que le meilleur de sa production se situait avant 1958. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui, observe Michel Estades. Tout se joue désormais sur le thème. Les clowns, les toreros, les bouquets de fleurs, les vues de Paris ou de New York sont recherchés, ce n’est pas le cas des églises par exemple ». Sa galerie, située place des Vosges à Paris, présente une exposition Torero jusqu’au 11 novembre prochain.

Comparons quelques adjudications récentes : 150 416 euros pour La Bretagne 2, huile sur toile de 1982 ; 61 936 euros pour un Bouquet de Soucis de 1983, les deux adjugées en avril 2023 à l’Hôtel des ventes de Clermont Ferrand ; et 39 104 euros pour une Eglise, huile sur panneau d’isorel en aout 2023, Ivoire Nîmes. Au-delà du thème, plusieurs facteurs jouent dans ces variations de prix : la technique, le format, la provenance… 

 

 

Attention aux faux !

Travaillant au moins six jours sur sept chaque semaine de sa vie, Bernard Buffet a laissé une œuvre pléthorique : autour de 8 000 peintures, auxquelles il faut ajouter les lithographies. « Elles ont été éditées par Fernand Mourlot, en général à 175 exemplaires, détaille l’expert, et leur prix peut dépasser les 5 000 euros au marteau ». Il s’agit néanmoins de pièces hors du lot commun, puisque l’on relève en vente des lithographies estimées entre 800 et 1 000 euros.  

Ces estampes sont toutes rassemblées et détaillées dans un catalogue raisonné, qui indique le tirage, le papier utilisé, le format… Des informations utiles pour les collectionneurs d’aujourd’hui, car les faux sont fréquents sur ce marché. « Bernard Buffet a été vendu partout dans le monde, et il faut y ajouter les gravures et les toiles qu’il a pu donner à ses proches et à ses amis, il n’est pas évident de savoir d’où viennent les pièces », souligne Michel Estades. Pour l’anecdote, le galeriste annonce directement sur son site que « pour l’œuvre du clown bleu, il est inutile de nous envoyer une demande d’estimation s’agissant d’une reproduction systématiquement , puisque l’original – inestimable – fait partie du fonds de dotation Bernard Buffet ». Sur ce marché il est essentiel de s’assurer de l’authenticité des pièces, comme le font les commissaires-priseurs qui travaillent avec des experts.

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