
Une cabine de l’Orient-Express décorée par René Prou aux enchères près de Melun
Samedi 30 juin 2018 à Vaux-le-Pénil et sur le Live d’Interencheres, Maître Matthias Jakobowicz présentera aux enchères une cabine du train le plus mythique du patrimoine ferroviaire français, l’Orient-Express. Estimée entre 20 000 et 30 000 euros, elle a été recomposée à partir d’éléments de différentes voitures conçues autour de 1930 par une figure majeure de l’Art déco, le décorateur René Prou. Embarquez à bord de ce joyau sobre et élégant qui a accueilli, de Paris à Istanbul, les figures les plus illustres des XIXe et XXe siècles.
Un train mythique
« Le roi des trains, le train des rois » : l’Orient-Express véhicule depuis sa création en 1883 nombre de mythes nourris par les illustres figures qui ont foulé ses élégantes allées. L’écrivain russe Léon Tolstoï, le promoteur des ballets russes Serge Diaghilev, l’aventurier Lawrence d’Arabie, l’actrice américaine Marlene Dietrich, l’espionne Mata-Hari, tous ont emprunté ses wagons-lits, y trouvant parfois l’inspiration, à l’image des romanciers Ernest Hemingway et Agatha Christie.
Un joyau de l’Art déco
C’est à la gare de l’Est que tout commence. Les élégantes et dandys se pressent pour goûter au confort et au luxe de ce nouveau joyau ferroviaire qui relie les grandes capitales européennes à l’empire Ottoman. « Autour de 1920, après une quarantaine d’années de cheminement aux confins du vieux continent, cet ambassadeur du raffinement à la française voit sa décoration intérieure confiée à deux des plus grands artistes du mouvement Art déco : le maître verrier René Lalique (1860-1945) et le décorateur et ensemblier René Prou (1889-1947). Entre 1926 et 1929, René Prou imagine des wagons-bars ou restaurants qu’il magnifie de panneaux de loupe de bouleau de Finlande éclairés par des lampes en bronze poli et conçoit des cabines, dont il recouvre les murs de précieux lambris d’acajou, en partie incrustés de marqueteries façon ivoire et de laques », explique Maître Matthias Jakobowicz qui présentera aux enchères le 30 juin à Vaux-le-Pénil et sur le Live d’Interencheres une cabine recomposée à partir d’éléments de ces différentes voitures aménagées autour de 1930.
Une cabine minimaliste caractéristique du travail de René Prou
Réalisée en acajou et placage d’acajou, cette cabine d’une élégance sobre est caractéristique du travail de René Prou, à mi-chemin du modernisme et de l’Art déco. « Elle synthétise à la perfection son crédo ‘L’importance de l’élégance et de l’esthétique, gages de sincérité et de respect’. » Ce décorateur avant-gardiste marqua considérablement les années 1920-1930, comme en témoigne l’exposition qui lui a été consacrée à la Maison Pierre Frey en mai dernier. « René Prou a été omniprésent lors de l’Exposition des Arts Décoratifs et Industriels à Paris en 1925, participant au pavillon Une Ambassade française, au Pavillon de l’Élégance, au Pavillon des Alpes-Maritimes, au Pavillon de l’Art colonial, aux stands L’Art du bois, Fontaine & Cie, etc., et ouvrant son propre stand sur l’Esplanade des Invalides. » Acteur majeur de l’Art déco, il est aussi une figure de l’art du voyage. Outre l’Orient-Express, il a décoré le mythique paquebot Normandie, usant à nouveau d’un style minimaliste, dans lequel de gracieuses courbes côtoient une structure aux lignes rigoureuses et graphiques.
Un ensemble rare estimé entre 20 000 et 30 000 euros
En juin 2010, deux wagons-restaurants de 1928 et un wagon-lit de 1949 provenant de l’Orient-Express avaient été adjugés respectivement 205 000, 60 00 et 50 000 euros par Maîtres Aymeric et Philippe Rouillac au château de Cheverny. La vente avait attiré de nombreux passionnés du monde entier. Il faut dire que de telles pièces sont exceptionnelles et très rares sur le marché. Nul doute que les curieux et collectionneurs seront à nouveau nombreux le 30 juin à Vaux-le-Pénil lors de la vente de cette cabine estimée entre 20 000 et 30 000 euros.