Caen : un bronze de Camille Claudel adjugé à plus de 270 000 €

Découvert par hasard à l’occasion d’une demande d’estimation gratuite, un bronze de Camille Claudel (1864-1943) estimé à plus de 80 000 euros était mis en vente par Maîtres Jean Rivola et Solène Lainé dimanche 28 avril 2019 à Caen. Il a été acquis par un acheteur français pour plus de 270 000 euros (frais compris). Fondu autour de 1903, il dévoilerait les propres traits de la sculptrice à travers la représentation de Persée et la Gorgone.

Un authentique Camille Claudel découvert lors d’une estimation gratuite

Sollicitée pour une demande d’estimation gratuite, Maître Charlotte Antoine, commissaire-priseur chez Caen Enchères, était loin de se douter qu’elle allait faire une découverte exceptionnelle. « Un couple a apporté à l’étude plusieurs bronzes à faire expertiser. Ils m’ont invité à venir les voir dans le coffre de leur voiture, m’indiquant qu’il y avait une petite statuette d’homme qui ne valait certainement pas grand-chose. Lorsque j’ai reconnu la signature de Camille Claudel, ils m’ont confié que tout le monde leur avait soutenu qu’il s’agissait d’un faux. J’ai toutefois pris le bronze avec moi pour l’étudier davantage dans mon bureau. J’ai alors repéré le cachet du fondeur Eugène Blot. » La commissaire-priseur fait ensuite appel à un expert et se tourne vers Reine-Marie Paris, historienne de l’art et spécialiste de l’artiste. Le verdict tombe : l’œuvre est authentique ! « Les vendeurs ont été très surpris. Ils ont toujours pensé que c’était un faux et ils avaient même relégué le bronze dans un coin de leur maison ».

Camille Claudel (1864 – 1943), Persée et la Gorgone ou Petit Persée, vers 1903-1905. Épreuve en bronze patiné signée, numérotée 5, Eug. Blot Fondeur. Adjugé 273 280 euros (frais compris, soit 224 000 euros, prix marteau) par Maîtres Jean Rivola et Solène Lainé le 28 avril 2019 à Caen.

Un autoportrait de Camille Claudel ?

Fondue autour de 1903-1905, cette épreuve en bronze n’a été éditée qu’à six exemplaires et dévoile un sujet particulièrement rare dans l’œuvre de Camille Claudel : Persée et la Gorgone. « De la sculptrice, l’on retient davantage les sujets féminins tels que La Valse ou L’Abandon. Son frère, Paul Claudel, écrira d’ailleurs dans le Cantique des Cantiques que de toutes ses œuvres, Persée et la Gorgone reste la plus tragique. » Avec ce bronze, l’artiste figure l’instant où Persée, fils de Zeus et Danaé, vient de trancher la tête de la Gorgone, monstre ailé au corps de femme et à la chevelure de serpents. « Camille Claudel se serait vraisemblablement représentée elle-même à travers la figure de la Gorgone. En effet, Paul Claudel reconnaît dans le visage ses traits tourmentés. »

Une épreuve en bronze adjugée à plus de 270 000 euros

L’épreuve est une réduction de trois quarts d’un grand marbre présenté au Salon de 1902. Elle fut en outre exposée à plusieurs reprises par le fondeur Eugène Blot en 1905 et 1908, séduisant par la qualité de sa patine et par son mouvement tournoyant si caractéristique des sculptures de Camille Claudel. Estimée entre 80 000 et 120 000 euros, elle s’est envolée à 273 280 euros (frais compris) dimanche dernier à Caen, acquise par un acheteur français. Quelques jours plus tôt à Bayeux, c’était une danseuse de Degas qui triplait son estimation, adjugée à plus de 330 000 euros (frais compris) sous le marteau de Maîtres Bailleul et Nentas.