
Caroline Lonchambon, un voyage contemplatif à Vichy
Le 3 février à Vichy, Etienne Laurent invitait les enchérisseurs à un voyage contemplatif à l’occasion de la vente de six œuvres de Caroline Lonchambon. Héritière des pionniers de l’abstraction, cette artiste autodidacte a façonné sa vie durant un univers poétique, tentant de traduire en peinture, comme en tapisserie, les mystères de l’existence.
Dans l’enceinte de la mairie du douzième arrondissement parisien, une tapisserie évoque aux visiteurs les compositions teintées d’ésotérisme des pionniers de l’abstraction František Kupka et Piet Mondrian. Cette œuvre est signée Caroline Lonchambon (1934-2018), une artiste autodidacte qui, sa vie durant, rechercha un équivalent plastique à l’invisible et aux mystères de l’existence. Une quête méditative retracée le temps d’une vente aux enchères le 3 février à Vichy. « Nous présentions à la vente six œuvres caractéristiques de sa production : une huile sur toile et cinq cartons de tapisserie », précise le commissaire-priseur Etienne Laurent.
Des compositions hypnotiques dans la lignée des pionniers de l’abstraction
L’huile sur toile Coucher de soleil [photo en Une] donne à voir une succession de bandes horizontales aux couleurs chaudes sur lesquelles se détache un disque solaire d’un blanc éblouissant, faisant la synthèse de toutes les couleurs du prisme. « Tout comme ses prédécesseurs, Caroline Lonchambon recourt au symbole et le cercle, la forme la plus parfaite qui soit, hante son œuvre. Déjà chez Kupka, Delaunay et Léger, le cercle évoquait le cosmos, le temps lié au mouvement, la vie. Chez Caroline Lonchambon, il symbolise le soleil, source d’énergie, et également l’atome, à l’origine de toute existence. »
De l’art pictural à la tapisserie
Ce sont encore des cercles qui animent ses cartons de tapisserie comme autant d’ « atomes, messagers de Paix et d’Amour », dont les mouvements giratoires invitent à la contemplation. « Ces cercles nous invitent à nous tourner vers l’extérieur et à contempler l’univers, mais aussi à faire acte d’introspection afin de rechercher la paix intérieure, explique Etienne Laurent. Car c’est bien là le dessein de Caroline Lonchambon : proposer un chemin vers la pleine conscience et le bien-être de l’âme. » Ces œuvres uniques, réalisées au pastel et à l’acrylique, ont servi à la réalisation de quelques-unes des tapisseries emblématiques de l’artiste. « Le mode d’expression de Caroline Lonchambon s’étend de l’art pictural à la tapisserie. Ce dernier médium, composé de fils entrelacés définissant des petites parcelles de couleurs, s’apparente en ce sens au pointillisme et, tout comme le cercle, suggère les atomes qui, une fois assemblés, créent un nouveau corps, une nouvelle œuvre. En s’approchant toutefois, ces cercles se dérobent, leurs contours sont fuyants et insaisissables, bien qu’ils composent un tout ordonné. »
Des œuvres uniques vendues à Vichy
En 2018, une vente révélait aux enchérisseurs une sélection de tapisseries majestueuses de Caroline Lonchambon. « C’était la première fois qu’elle apparaissait sur le second marché, précise Etienne Laurent. La vente a connu un succès au-delà des frontières, en Belgique, en Suisse ou encore aux Etats-Unis. » En 2020, une imposante tapisserie « Atomes messager de Joie », adjugée 5 400 euros, établissait un record de vente chez Millon & Associés. Les six œuvres présentées aux enchères le 3 février à Vichy ont quant à elles pulvérisé leurs estimations, fixées entre 100 et 200 euros, trouvant preneur de 620 à 2 108 euros (frais inclus) pour la toile Coucher de soleil, consacrant une artiste inspirée, digne héritière des premiers maîtres de l’abstraction.
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