Débuter une collection d’estampes japonaises aux enchères
par Clémentine Pomeau-Peyre
Nouvel art apparu à l’époque Edo, entre 1603 et 1868, l’estampe japonaise a ensuite séduit l’Occident en vagues successives. Retour sur un art complexe et délicat à l’occasion de la vente aux enchères de la maison Leducq réunissant le 27 juin à Paris une collection de 146 estampes des XIXe et XXe siècles.
S’intéresser aux estampes japonaises implique d’abord d’apprendre tout un nouveau vocabulaire. « La technique permettant la fabrication de ces gravures sur bois polychromes, que l’on appelle moku hanga apparaît vers 1760, et les estampes portent le nom de ukiyo-e, qui peut se traduire comme images du monde flottant », précise l’expert Xavier Durand. C’est la première particularité de ces productions : en Europe, la gravure sur bois est principalement en noir et blanc, au Japon, elles sont très colorées.
La fabrication des estampes se développe entre le XVIIIe et le XIXe siècle, période de paix correspondant à l’époque Edo (entre 1603 et 1868), et à l’ouverture de liens commerciaux avec le monde. « C’est à l’origine un art populaire, ces images font la promotion des pièces de théâtre Kabuki, des compétitions de sumo, vantent la beauté des courtisanes… poursuit Xavier Durand, avant qu’au milieu du XIXe siècle des maîtres tels que Hokusai ou Hiroshige ne s’en servent pour réaliser des paysages ».
La représentation d’acteurs et personnages tatoués
Dans sa vente du 27 juin prochain, la maison Leducq propose 146 estampes, couvrant de multiples thèmes grâce à des pièces datées des XIXe et XXe siècles. L’expert signale en particulier les représentations d’acteurs et personnages tatoués un peu à part : « cette pratique du tatouage émerge d’abord des quartiers de plaisirs, plutôt dans les classes populaires, mais elle est mal vue du pouvoir en place et va être interdite une première fois en 1811, et une seconde fois en 1872, mais toujours sans succès ». Au catalogue figurent 19 estampes montrant des hommes ou femmes tatoués : estampe votive de beauté se faisant tatouer par Settai Komura (200 à 250 euros), une scène de kabuki de Toyohara Kunichika montrant un sorcier tatoué (600 à 800 euros), ou un homme tatoué ligoté de Mishima Go (400 à 600 euros). Les motifs complexes à réaliser autant que la beauté et la rareté de ces images donnent une surcote à ces estampes.
Autre thème remarquable, celui des acteurs de théâtre représentés dans leurs plus beaux rôles, à l’image de Nakamura Shikan IV dans le rôle du gangster Seiriki Tomigoro, par Utagawa Kunisada (250 à 300 euros). « Et il existe encore une sous-catégorie à ces portraits, les shini-e, qui sont des estampes réalisées à titre posthume, parfois accompagnées d’un poème, elles sont très recherchées », ajoute l’expert.
Hokusai et Hiroshige, les deux grands maîtres
Dans cet univers, les deux artistes les plus connus en Europe sont Hokusai (1760-1849) et Hiroshige (1797-1858). Le premier est l’auteur de la très célèbreGrande Vague de Kanagawa (un exemplaire vers 1830 est présenté dans la vente à 120-150 euros), et des Trente-six vues du Mont Fuji, dont l’estampe Vent fin, temps clair (120 à 150 euros). C’est également lui qui introduit au Japon le bleu de Prusse dans les années 1820, révolutionnant ainsi sa palette de couleurs. Son contemporain Hiroshige est à l’origine de plus de 5 400 estampes, et de séries autour du Mont Fuji ou d’Edo (actuelle Tokyo). La vente de l’étude Leducq le représente au travers d’une maison de thé à Hashirii de la série des cinquante-trois stations du Tōkaidō datée de 1930 (120 à 150 euros), ou deFeux follets des renards la nuit du Nouvel An, imprimée au XXe siècle (120 à 150 euros).
Des tirages illimités… et des variantes !
Les collectionneurs d’estampes ne sont pas qu’au Japon, ils sont également Européens ou Américains. « Aux États-Unis, il existe un vrai intérêt pour le mouvement shin-hanga, le renouveau de l’estampe au XXe siècle, ajoute l’expert, avec notamment les impressions qui ont eu lieu juste avant le tremblement de terre de 1923 qui a atteint la plaine du Kanto et détruit un grand nombre de studios de fabrication. Les bois d’origine ont été détruits ».
La datation et l’état de conservation sont essentiels sur ce marché, car les Japonais n’ont jamais mis en place de numérotation comme il en existe pour les lithographies en France. Le principe a toujours été que tant qu’une image a du succès, elle est imprimée. « Et parfois même en différentes versions, s’exclame Xavier Durand. Les différences étant apportées par des détails de gaufrage du papier, d’ajouts de pigments métalliques… Pour créer une variante luxueuse ».
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