Le 17 janvier 2022 | Mis à jour le 9 février 2022

Des œuvres inédites de Joseph Lépine aux enchères à Bordeaux

par Diane Zorzi

A l’occasion de sa sixième vente dédiée aux peintures bordelaises, Antoine Briscadieu présentera aux enchères le 22 janvier une vingtaine d’œuvres de Joseph Lépine. Ces tableaux réalisés au cours de la première moitié du XXe siècle proviennent de la collection du Docteur Jean Goigoux qui participa activement à la redécouverte de ce peintre post-impressionniste.

 

Depuis 2015, Antoine Briscadieu démontre, le temps d’une vente, le dynamisme de la région bordelaise qui au fil des siècles a formé et accueilli des artistes talentueux, dont certains devaient s’illustrer au-delà des frontières girondines. A l’occasion de la sixième édition, le commissaire-priseur présente un ensemble exceptionnel d’œuvres de Joseph Lépine (1867-1943), un enfant du pays qui se distingua au début du XXe siècle avec ses tableaux impressionnistes hauts en couleurs. Ces vingt-sept huiles sur toile, panneau, carton et papier proviennent de la collection de Jean Goigoux (1920-2017), un jeune médecin qui rencontra Joseph Lépine à la fin de sa vie. « Il a été touché aussitôt et profondément par sa peinture, et la collection rassemblée avec son épouse Danielle est exemplaire, détaille Philippe Greig, médecin, psychiatre, docteur en histoire de l’art et auteur du catalogue raisonné dédié à l’œuvre de Joseph Lépine. Cette vente publique, la plus importante depuis 40 ans, constitue un événement d’autant plus remarquable qu’elle présente à peu près toutes les facettes du peintre, des œuvres majeures et des petites études, et à peu près tous les lieux et toutes les époques de sa peinture. »

 

Joseph Lépine, de Bordeaux à Paris

Né à Rochefort-sur-mer, Joseph Lépine (1867-1943) suit des études de droit à Bordeaux avant de livrer ses premières esquisses à l’âge de 25 ans, et d’emprunter les pinceaux deux ans plus tard. Elève de Louis-Alexandre Cabié, peintre proche de l’école de Barbizon, il se forme sur le motif, brossant les paysages girondins, puis monte à Paris en 1897 où il expose à la Société nationale des Beaux-Arts et fréquente les ateliers de Courtois et Girardot, deux élèves de Jean-Léon Gérôme. « Il se fait remarquer par la vivacité de ses couleurs, la montée des jaunes en particulier, et il bénéfice d’un premier achat de l’Etat au Salon des Indépendants de 1908, Vieille boutique, actuellement au Musée de Menton », explique Philippe Greig.

A la faveur de séjours dans le Midi, Joseph Lépine enrichit encore sa palette de couleurs vives et saturées, dépeignant au gré d’une touche fragmentée la lumière éblouissante qui inonde les baies d’Antibes et de Saint-Tropez. « Les deux versions de La baie d’Antibes (1 200 – 2 000 euros) présentées à la vente sont brossées en 1917 au moment où Lépine rencontre Signac, précise Philippe Greig. Il a alors 50 ans. La grande Nature morte sur la baie de Saint-Tropez (8 000 – 10 000 euros), peinte lors d’un nouveau séjour sur la Côte pourrait être son envoi de 1924 à la Société Nationale des Beaux-Arts. »

Ses pérégrinations le conduisent tour à tour en Bretagne (La maison de l’écluse sur la baie du Pouldu, Moulin sur la mer) et en Corrèze (La Maison à Croizie, Argentat, Granges à Corrèze), avant qu’il n’entame, lors des dernières années de sa carrière, sa série des cathédrales d’Amiens, Rouen et Notre-Dame de Paris. « A 75 ans, il travaille toujours sur le motif, à Paris, en plein hiver, lorsqu’il est brusquement hospitalisé à l’Hôtel-Dieu, presque au parvis de Notre-Dame qu’il a si souvent contemplé. Il meurt le 23 juillet 1943. » Lors des dernières années de sa carrière, Joseph Lépine porte une attention accrue sur le travail de la matière, déjoue encore les lois de la perspective et use de contrastes saisissants, réalisant des peintures lumineuses, à l’instar de Saint-Gervais sous la neige (1 200 – 1 500 euros), dont la facture audacieuse le hisse parmi les grands maîtres post-impressionnistes. Une place que Jean Goigoux s’évertua à redonner à l’artiste en donnant notamment accès aux œuvres de sa collection lors d’une rétrospective organisée en 1958 à l’Hôtel de Ville de Mérignac.

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