Le 12 février 2025 | Mis à jour le 17 février 2025

La cote de Georges Jouve, l’un des céramistes les plus prisés sur le marché

par Magazine des enchères

Considéré comme l’un des plus grands céramistes français, Georges Jouve voit la valeur de ses sculptures, vases et luminaires augmenter depuis 10 ans, avec des adjudications à plusieurs centaines de milliers d’euros pour les pièces les plus rares. Retour sur la cote de ce céramiste virtuose emblématique des années 1950. 

 

C’est désormais l’un des noms les plus recherchés par les amateurs : Georges Jouve (1910-1964) est considéré comme l’un des plus grands céramistes français. Né en 1910 à Fontenay-sous-Bois, il n’a pourtant pas commencé comme céramiste. Il suit d’abord les cours de l’Ecole Boulle de Paris, et s’initie à la sculpture ainsi qu’à l’histoire de l’art. C’est au cours de cette formation initiale qu’il trouve son surnom d’Apollon, transformé plus tard en signature « à l’alpha » sur ses céramiques. Sa carrière commence ensuite en tant que décorateur de théâtre. Fait prisonnier par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, il s’évade et se réfugie à Dieulefit, village de potiers dans le sud de la France. C’est ainsi qu’il débute son chemin de céramiste, et ouvre un atelier dès son retour à Paris.

 

Les sculptures abstraites des années 1950

Dans les années 1950, Georges Jouve peaufine son style épuré atypique. Il réalise des sculptures abstraites, des pièces aux formes minimalistes, utilise le noir mat et des couleurs franches et lumineuses, et expose dans plusieurs galeries. Au cours de ces années de pratique, « Jouve a emporté la céramique au-delà de son rôle premier utilitaire pour réaliser de véritables œuvres d’art », estime le commissaire-priseur Jules Régis qui a adjugé en 2022 une sculpture abstraite de Jouve à 341 000 euros. 

 

Georges Jouve (1910-1964),  Forme – Abstraction monochrome. Sculpture en céramique émaillée de forme libre, couleur noire de cuivre à l’aspect satiné à reflets métalliques. Posée sur un socle en pierre. Modèle créé en 1951. H : 91 cm (dont socle h : 6 cm). Adjugée 341 000 euros par Jules et Valérie Régis le 18 octobre 2022 à Deuil-la-Barre.

 

Des vases, luminaires ou sculptures déclinés sous différentes formes

Certaines pièces de son répertoire reviennent sous différentes tailles et couleurs. C’est le cas de ses vide-poches et coupes asymétriques, ainsi que de ses vases « Boules » ou « Pomme », déclinés dans les années 1960. Ses sculptures en forme de requin existent également en plusieurs formats : l’une d’elles, passée en vente chez Pierre Bergé & Associés en novembre 2024, a atteint 68 900 euros. Georges Jouve est aussi l’auteur de sculptures murales abstraites en noir mat, très prisées sur le marché. En avril 2022, une œuvre de ce type, datée de 1952, a été emportée pour 287 500 euros chez Briscadieu à Bordeaux. Son travail sur les objets du quotidien se distingue par des luminaires très imaginatifs. Parmi eux, un vase candélabre « cerf », vendu pour 62 400 euros, et une suspension décorée de tronc d’arbres, adjugée 33 800 euros, tous deux dispersés chez Piasa en octobre dernier. Ses vases peuvent aussi refléter une touche d’humour, à l’image du modèle « Femme à nichons », adjugé en février 7 440 euros par la Galerie des ventes d’Orléans

 

 

Des prix qui grimpent depuis 10 ans

Emmanuel Eyraud, expert en arts décoratifs du XXe siècle, dresse l’état du marché de ces pièces : « les prix augmentent depuis environ 10 ans, nous avons vu un pic au cours des cinq dernières années, avec des adjudications très élevées pour les pièces rares et spectaculaires, parfois au-delà de 200 000 euros. Pour la tranche entre 30 000 et 80 000, le marché est solide et constant. En revanche, pour les pièces plus courantes, les vases rouleaux par exemple, c’est plus difficile ». Il classe dans les pièces d’exception les céramiques sculpturales de grande taille ou ses quelques bronzes, « des œuvres que l’on ne voit pratiquement jamais en vente ».

Un marché divisé donc en trois catégories, mais avec des nuances importantes. Pour exemple, dans la même vente du 25 janvier dernier chez Aix Lubéron Enchères, un vase sphérique orange (24 cm de diamètre) était vendu 45 140 euros ; un autre, à glaçure verte (11 cm de diamètre), partait pour 5 734 euros. « Ce qui compte alors, c’est la taille, la couleur et la qualité, les impuretés éventuellement visibles sur la surface…, énumère Emmanuel Eyraud, et le même raisonnement vaut pour les vases rouleaux, s’ils sont de grande dimension, avec des couleurs rares, le prix peut être important ». Côté clientèle, l’expert note que la clientèle de gens fortunés qui font appel à des décorateurs a tendance à croître, et que les créations de Jouve s’intègrent toujours très bien dans les intérieurs modernes.

 

 

« Sur un marché de la céramique des années 1950 très actif, Jouve est la référence, ajoute Jules Régis, il fédère une clientèle française, américaine, européenne ». Le commissaire-priseur a récemment découvert, au hasard d’un inventaire, une lampe Trois Boules de 1951 en céramique jaune-vert (estimée 10 000 à 15 000 euros), qui sera proposée à la vente le 18 février : « Ces pièces étaient relativement accessibles au moment de leur fabrication, et pouvaient faire l’objet d’un cadeau de mariage par exemple, il est donc essentiel de garder les yeux ouverts, car de bonnes surprises peuvent arriver ! ».

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