Le 31 juillet 2018 | Mis à jour le 7 août 2018

L’âge d’or de la micro-mosaïque : une rare boîte du XVIIIe estimée à plus de 30 000 euros

par Diane Zorzi

Lundi 6 août 2018 à Morlaix et sur le Live d’Interencheres, une boîte en or et micro-mosaïque sera mise en vente par Maître Sandrine Dupont. Provenant d’une collection privée, elle dévoile à travers une succession de fines tesselles un paysage digne des plus belles toiles néoclassiques et témoigne de l’âge d’or d’une technique née en Italie au XVIIIe siècle.

 

Un paysage en micro-mosaïque digne des plus belles toiles néoclassiques

Au bord d’un lac arboré, deux hommes s’adonnent paisiblement à une partie de pêche. Au loin les eaux s’agitent. Une cascade tombe du haut d’une colline qu’une riche demeure surplombe. Le flanc d’une montagne se dessine à l’horizon, perdu dans la brume. « Trois plans en une micro-mosaïque de 5,3 cm de diamètre : voilà une véritable prouesse technique », s’enthousiasme Maître Sandrine Dupont qui présentera aux enchères le 6 août à Morlaix ce paysage aux pêcheurs en micro-mosaïque ornant une boîte ronde en or.

Par un subtil jeu de dégradés, le paysage offre toute la profondeur et la finesse des plus belles toiles néoclassiques de Pierre-Henri de Valenciennes, Claude-Joseph Vernet ou Richard Wilson. « Les tesselles sont extrêmement fines et traitent les frondaisons et nuances de l’eau à travers une déclinaison infinie de couleurs. Un travail d’une finesse incroyable, caractéristique du XVIIIe siècle ».

 

« Trois plans en une micro-mosaïque de 5,3 cm de diamètre : voilà une véritable prouesse technique. »

 

 

Un témoignage de l’âge d’or de la micro-mosaïque

C’est au cours du XVIIIe siècle, dans l’Atelier du Vatican à Rome, que naît la technique de la mosaïque miniature. Elle arbore des thèmes néoclassiques, laissant entrevoir ici un paysage animé, là une scène antique. « Elle est basée sur une rigoureuse répartition des tesselles d’un ou deux millimètres de côté tirées de baguettes d’émail réduites à la chaleur d’une flamme, en fils minces, explique la commissaire-priseur. La réalisation était ensuite appliquée sur un support et adaptée à un objet plus ou moins précieux.» Elle orne ainsi des drageoirs, des tabatières, des bijoux de petite taille qui font volontiers office de cadeaux échangés entre hauts dignitaires. « Le Saint Siège contribue à leur promotion en les offrant à des personnages de haut rang avec lesquels il entretient des relations diplomatiques. »

A la fin du XVIIIe siècle, la micro-mosaïque se diffuse à travers l’Europe, grâce notamment au Grand Tour entreprit par maints collectionneurs, artistes et amateurs d’œuvres d’art. A Paris, un atelier met à l’honneur la mosaïque dès 1797. Sous la direction de Francesco Belloni (1772-1863), maître mosaïste formé dans l’Atelier du Vatican, il devient Manufacture royale en 1817. « Au XIXe siècle, le travail de la micro-mosaïque perd toutefois en finesse, avec des tesselles qui ont tendance à s’agrandir au fil du temps. »  

 

 

Une boîte en or estimée à plus de 30 000 euros

Compte tenu de sa finesse, la micro-mosaïque en vente le 6 août à Morlaix aurait probablement été réalisée en Italie à la fin du XVIIIe siècle avant d’être montée en France en une boîte poinçonnée en 1803 par le maître orfèvre Léger-Fortuné-Alexandre Ricart. « Ce dernier fut notamment le fournisseur attitré de la cour impériale. Son travail se caractérise par une extrême précision comme en témoigne ici la finesse du guillochage à motifs concentriques espacés de quatre feuilles. » Conservées dans les plus grands musées, ses œuvres atteignent aux enchères des prix records, à l’image d’une tabatière en or au chiffre de Napoléon Ier adjugée 247 500 euros le 29 novembre 2017 à Paris. « Ainsi, si les tabatières émaillées avec incrustation de pierre dure sont les plus recherchées, notre boîte estimée entre 30 000 et 35 000 euros, d’une grande finesse et technicité, pourrait bien créer la surprise. »

 

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