Le 6 avril 2023 | Mis à jour le 6 avril 2023

L’Art déco abordable aux enchères

par Clémentine Pomeau-Peyre

Géométrique, avec des lignes épurées et de beaux matériaux : l’Art déco fait partie des classiques de la décoration. Et si les prix s’envolent lorsqu’il s’agit des grands maîtres du mouvement, il reste tout à fait possible de se faire plaisir à petit prix… Nos pistes et conseils. 

 

« L’Art déco a une esthétique qui plaît et que tout le monde connaît. C’est moins le cas de l’Art nouveau », estime l’experte Amélie Marcilhac. Ces deux courants stylistiques ont au moins un point commun : ils ont infiltré toutes les catégories de l’art, des meubles aux sculptures, en passant par les objets de décoration, les peintures, les céramiques ou les luminaires… Et jusqu’à l’architecture, puisqu’un certain nombre de designers de l’époque étaient également architectes.  L’Art déco naît au début du XXe siècle, et connaît la consécration lors de l’Exposition Universelle de 1925 à Paris. Beaucoup de grands noms connus aujourd’hui y ont participé : Jacque-Émile Ruhlmann (1879-1933), Pierre Chareau (1883 – 1950), André Groult (1884 – 1966), Jean Dunand (1877 – 1942)… Leurs œuvres se vendent aujourd’hui à des prix extrêmement élevés. Mais l’Art déco ne se résume fort heureusement pas à ces créations magnifiques, mais inaccessibles. Les ventes aux enchères « mobilier objets d’art » ou « arts du XXe siècle » recèlent de nombreux meubles et objets de décoration à prix raisonnables, qui permettent de s’offrir un peu de ce style français très compatible avec les intérieurs d’aujourd’hui. 

 

Les meubles de fabrication tardive, de Leleu à la maison Baguès

« Les premiers tenants de l’Art déco sont des ébénistes, des artisans, qui travaillent pour des commanditaires. Les derniers, dont le travail courre jusque dans les années 1950 ont une approche plus industrielle », souligne Amélie Marcilhac. Pour dénicher des meubles abordables, mieux vaut donc s’intéresser aux fabrications un peu tardives, et qui ont donné lieu à des séries : un secrétaire par Jules Leleu (1893 – 1961), daté de 1947, en placage de palissandre est ainsi estimé entre 4 000 et 6 000 euros ; et un ensemble de chaises attribuées à Maurice Dufrène (1876-1955) en placage d’acajou, autour de 800 à 1 000 euros. Les créations anonymes, souvent présentées dans les ventes aux enchères sous le nom de « travail français », sont également à considérer : 600 à 800 euros pour un joli bureau en noyer asymétrique, et 200 à 400 euros pour une armoire très géométrique en placage de loupe d’amboine des années 1950. Autre option, les créations toujours légères de la maison Baguès, en verre et laiton : bouts de canapés, petites tables ou porte-revues sont proposées en vente à partir de 500 euros environ. 

 

Maurice Dufrène (attribué à) & La Maîtrise (attribué à). Huit chaises, faisant suite au lot précédent, en placage d’acajou à dossier droit légèrement enveloppant et accotoirs détachés. Piètement d’angle à jambes avant en léger gradin et arrière sabre. Dossiers et assises recouverts de cuir brun. Haut. 93 cm – long. 53 cm – prof. 46 cm. Ensemble estimé 800-1000 euros.

 

Les luminaires de Perzel à Tiffany

Du métal et du verre dépoli : ce sont les principaux ingrédients des lampes Art déco. L’alliance de ces deux matériaux a donné naissance à des suspensions élégantes qui, lorsqu’elles ne portent pas de signature d’un designer, sont estimées entre 150 et 400 euros environ ; à des appliques à l’image de celles de la maison Veronese en verre filigrané opalescent (3 000 à 4 000 euros) ; ou à des lampes à poser originales comme des modèles constitués de feuillages en laiton (450 à 500 euros). Dès les années 1920, le Français Perzel a fabriqué en séries des lampadaires, suspensions et autres qui ont orné de nombreux lieux prestigieux. Ses créations se retrouvent désormais aux enchères avec des prix débutant autour de 200 à 500 euros. Et si vous préférez des luminaires plus colorés, les lampes Tiffany, en métal et verre de couleur à la manière de vitraux sont régulièrement proposées en ventes aux enchères, avec des prix de départ autour de 50 à 100 euros pour les modèles « dans le goût de ».  

 

Jean Perzel (1892-1986), plafonnier, modèle “N° 2045” à structure en métal doré, plaques en verre émaillé diffusant. 50 x 50 cm. Estimé 300-500 euros.

 

Les objets d’art de Lalique et Primavera à Linossier

Du côté des objets de décorations en verre, quelques grandes maisons ont su s’adapter au style Art déco, à l’instar de Schneider avec ses coupes circulaires en verre marmoréen orange et jaune (200 à 400 euros), et René Lalique, l’auteur de la coupe Dahlias n°1 en verre blanc moulé et monture argent (400 à 800 euros), modèle créé en 1921 et édité jusqu’en 1937. Pour les céramiques, il faut retenir le travail de l’atelier Primavera : créé en 1912 au sein du grand magasin Printemps, il a soutenu le travail de René Buthaud, de Jean Besnard, Pol Chambost… Et donné naissance à de très nombreuses pièces colorées accessibles à partir de 100 euros environ.  Dans l’entre-deux-guerres, certains créateurs se sont intéressés à la dinanderie. C’est le cas de Jean Dunand, de Fernand Grange ou de Claudius Linossier, orfèvre lyonnais dont les plats ou vases en cuivre s’échangent à partir de 1 000 à 1 500 euros environ. 

 

Primavera, « La fuite en Égypte ». Groupe en céramique polychrome. Signé. H. 27 cm L. 22 cm. Estimé 200-300 euros.

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