
Le cabinet de curiosités d’un collectionneur éclairé aux enchères à Paris
S’ils envahissent ces dernières années les intérieurs pour leur attrait décoratif, les cabinets de curiosités étaient à l’origine de véritables petits musées privés, dont quelques collectionneurs éclairés de ce monde ont perpétué la tradition. C’est ainsi qu’un antiquaire ébéniste parisien a patiemment rassemblé au fil des ans un ensemble hétéroclite d’une soixantaine de pièces autant singulières, qu’historiques ou artistiques, datant de l’Antiquité au XIXe siècle. Alliant l’art et les sciences au satanisme, sa collection sera dispersée aux enchères par Maître Patricia Casini-Vitalis vendredi 9 mars 2018 à Paris et sur le Live d’Interencheres. Surprises et émerveillement garantis…
Constituée avec rigueur et passion par un collectionneur averti, élevé dès son plus jeune âge dans la connaissance et l’amour du beau, cet ensemble d’œuvres éclectiques provenant d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie, s’inscrit pleinement dans la lignée des érudits qui constituèrent, de la Renaissance au XIXe siècle, des cabinets de curiosités dignes de musées. Associant une vanité à une maquette de bateau, un buste d’empereur à un porte-vase à pattes d’autruche, cette collection met à l’épreuve les émotions…
Stupeur et tremblements
C’est une vanité pour le moins morbide qui ouvre le bal. Une double tête figurant Janus, le dieu romain des commencements et des fins, arbore en son sommet des traces coulantes de cire d’un rouge sanguin. Maculée de sang, elle installe, implacable, un climat d’horreur. « Cette représentation de double vanité estimée 12 000 euros est tout à fait inhabituelle, souligne la maison de ventes. Plutôt que de représenter deux âges de la vie, elle symbolise deux fois la mort. Elle était très certainement utilisée lors de messes noires, en suspension au-dessus de l’autel. »
Ravissement esthétique
Comme pour apaiser la balade, un rare petit buste d’Octave émerveille par sa teinte chaleureuse, son aspect diaphane et ses finitions délicates. Taillé dans de l’ambre de la Baltique, il évoque la tradition des précieux bustes d’empereurs réalisés à Rome aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Estimé entre 10 000 et 15 000 euros (adjugé 18 000 euros), il est digne des plus grands musées avec au premier chef, le Louvre, qui conserve une douzaine de statuettes similaires. « Ce sont des pièces très recherchés car d’une grande finesse et réalisées dans des matières précieuses. »
Dépaysement
Des pièces venues d’ailleurs prolongent le voyage jusqu’en Extrême-Orient. Ainsi, une tête de singe en bronze (estimée entre 3 000 et 4 000 euros), au sourire prononcé, rappelle les animaux qui, figurant les signes du zodiaque chinois, ornaient la fontaine horlogère de l’ancien palais d’été impérial Yuanmingyuan de Pékin.
Pointe d’amusement
Enfin, qui dit cabinet de curiosités suppose la présence d’étrangetés en tout genre, à l’image de cette paire de sellettes tripodes, estimée entre 1 000 et 1 500 euros, qui affiche fièrement en guise de piètement des pattes d’autruche. Réalisée en 1900 et surmontée chacune d’un plateau en bois peint façon faux marbre, elle conclue en beauté ce parcours où l’intellect se mêle au plaisir et à la distraction.