Le 9 décembre 2021 | Mis à jour le 9 décembre 2021

Le fonds d’atelier d’un couple d’artistes proches de Delacroix, Roll et Nadar dispersé à Ajaccio

par Clémentine Pomeau-Peyre

Un couple d’artistes nés à la fin du XIXe siècle, en Corse pour lui, à Paris pour elle, installés à Alger avant de sillonner l’Afrique et quelques régions françaises, ayant collaboré avec les grands noms de l’époque… Telle est l’histoire, très raccourcie, de la vente du fonds d’atelier de Louis Ferdinand Antoni et Marie Gautier-Antoni, organisée le 14 décembre prochain à Ajaccio.

 

« Tout a commencé par un appel téléphonique alors que j’étais dans ma voiture », s’amuse la commissaire-priseur Aude Ceysson. « La personne qui me parle m’envoie ensuite quelques photos prises avec son téléphone… Juste assez pour me convaincre d’aller voir cette collection ». Il s’avère que ses interlocuteurs sont les petits-enfants et arrières petits-enfants de Marie Gautier-Antoni (1867-1960) et que leur collection comporte plus de cent soixante-dix Å“uvres inédites. Aude Ceysson va s’attacher, dans sa vente du 14 décembre à Ajaccio et en live sur Interencheres, à reconstituer toute l’histoire de cette famille hors du commun. En commençant par dix Å“uvres du père de Marie, Armand Gautier (1825-1894). « Peintre et lithographe, il est l’ami de Gustave Courbet, il a rencontré Claude Monet, Eugène Boudin… ». Les neuf gravures de la vente montrent son goût pour les peintures réalistes : La princesse de la Salpêtrière (100-150 euros), Cantine municipale du IXe arrondissement (50-80 euros), ou la Promenade des sÅ“urs (60-80 euros). La commissaire-priseur se penche ensuite sur l’entourage du couple Antoni : « Fantin-Latour (lithographie dédicacée à Armand Gautier, 100-150 euros), Delacroix (eau-forte représentant une juive d’Alger, 120-150 euros), Alfred Philippe Roll (pastel sur papier dédicacé à Marie Gautier 150-200 euros) ou encore Nadar (portrait de Marie, épreuve argentique, 100-150 euros). Tous ont été des amis du couple ou de la famille ou ont collaboré avec eux et leur ont offert ces Å“uvres ».

 

 

D’Alger à la Bretagne

La vente se poursuit avec les gravures singulières de Marie Gautier. Singulières parce qu’elle est « très en avance sur son temps, dès la fin des années 1880, elle fréquente la boutique du marchand d’art asiatique parisien Siegfried Bing, et s’inspire des estampes japonaise qu’elle y voit, bien avant la mode du japonisme qui arrive à la fin du XIXe siècle », souligne la commissaire-priseur d’Ajaccio. Eaux-fortes, vernis mous, dessins, aquarelles reflètent parfaitement cette inspiration. À voir, ses eaux-fortes et aquatinte de souris, vers 1900 (250 à 300 euros), ses trois poissons et algues en aquarelle et mine de plomb (180-200 euros), ou encore l’unique sculpture en bronze de sa main, un crapaud fondu par Hébrard (le fondeur de Rembrandt Bugatti), estimé 500 à 600 euros.

 

 

Louis Ferdinand Antoni (1872-1940) fait ensuite son entrée dans la vente. Né en Corse, puis installé en Algérie, il fait une partie de ses études à Paris, aux Beaux-Arts et dans l’atelier de Léon Bonnat. Il retourne ensuite à Alger, où il rencontre et épouse Marie Gautier en 1907. Ses peintures peuvent être qualifiées d’orientalistes : Les trois hommes, pastel sur papier et rehauts de craie (1 500 à 2 000 euros), Nomades près d’un Oued gouache et huile sur panneau (600-800 euros) ou Danseuse Ouled Naïls, aquarelle et gouache (800 à 1 000 euros). « Ses tableaux, ainsi que ceux de Marie Gautier, permettent de suivre les voyages du couple, explique Aude Ceysson. D’abord l’Algérie, puis la Casamance, le Soudan… Du point de vue de la cote, Louis Ferdinand Antoni est mieux servi, surtout parce qu’il est plus connu du marché de l’art. Marie Gautier a jusqu’à aujourd’hui été peu diffusée, peu exposée ». Les aquarelles, mines de plombs et peintures de Marie Gautier représentant des paysages algériens sont estimés moins de 250 euros pour la plupart.

 

 

A partir du lot 110, changement de continent : c’est en Bretagne que les deux artistes sont installés. Fillettes les pieds dans l’eau, vernis mou (150-180 euros), Saint Briac en aquarelle sur papier (300-400 euros) par Marie Gautier. Mais ils séjournent également en Corse : Ajaccio le port de pêcheurs, crayon gras et papier (300-400 euros) ou Bastia, huile sur toile (600-800 euros) de Louis Ferdinand Antoni. Et à Paris, Les moulins parisiens, aquarelle et pastel de Louis Ferdinand Antoni (100-120 euros), sans oublier les Vosges, avec Paysage des Vosges sur isorel (100-120 euros). « Tout ce corpus raconte leurs voyages et leur évolution artistique. Ce sont tous les deux des artistes figuratifs, mais avec des styles différents, qui se complètent et s’additionnent. J’espère que cette vente permettra au plus grand nombre de les découvrir ».

Enchérir | Suivez la vente du fond d’atelier du couple Antoni-Gautier le 14 décembre en live sur interencheres.com

 

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