Les premières publicités automobiles et sportives : la collection Mabileau aux enchères
Un ensemble de plus de 300 affiches et projets de l’atelier parisien Montaut-Mabileau sera mis aux enchères par Maître Matthias Jakobowicz samedi 3 février 2018 à Vaux-le-Pénil et sur le Live d’Interencheres. Réalisés entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, ces dessins originaux et lithographies estimés de 20 euros à 4 000 euros retracent les progrès techniques et les événements sportifs qui rythmèrent la France de la Belle époque…
C’est une collection vieille de plus d’un siècle et qui a traversé pas moins de quatre générations que Maître Matthias Jakobowicz dispersera aux enchères samedi 3 février 2018 à Vaux-le-Pénil et en direct sur le Live d’Interencheres. Elle était jusqu’alors conservée précieusement par les fils de l’éditeur Jean-Michel Mabileau qui souhaitent aujourd’hui s’en séparer.
A travers plus de 300 affiches et projets, estimés de 20 à 4 000 euros, la vente retrace les plus grands succès qui firent la renommée de l’atelier parisien Montaut-Mabileau, pionnier du dessin sportif et premier promoteur de grandes marques de l’automobile, de l’aviation et de l’aéronautique au début du XXe siècle.
La promotion des innovations techniques et des compétitions sportives
L’origine de l’atelier remonte à la fin du XIXe siècle avec la collaboration de l’imprimeur parisien Mabileau & Cie et des artistes lithographes et époux Ernest (1818-1909) et Marguerite (1883-1936) Montaut.
Ensemble, ils furent les premiers à se spécialiser dans la promotion des grandes marques telles que Michelin, Renault, Peugeot, Fiat, Mercedes, Ford ou encore Bosch, qui les sollicitèrent pour communiquer sur leurs pneus, carburateurs ou autres produits de consommation, et se positionnèrent en pionniers dans la représentation des événements sportifs.
« Les artistes qui travaillèrent pour l’atelier couvraient les plus grandes compétitions telles que le Grand Prix des motocyclettes, le circuit de Rambouillet ou encore le Tour de France, qui étaient aussi d’importants rendez-vous mondains, explique Maître Matthias Jakobowicz. Ils réalisaient des croquis directement sur place, avant d’en faire des dessins plus détaillés en atelier qui étaient ensuite édités et colorés. »
Un témoignage de la Belle Epoque
Chef de file de l’atelier, Ernest Montaut élabora des techniques innovantes, rehaussant d’aquarelle des lithographies à l’aide du pochoir et jouant de distorsions de la perspective pour créer des effets de mouvement. « Ce procédé permettait aux artistes de rendre compte de la vitesse des engins, mieux que n’importe quel appareil photo. Leurs publicités communiquaient le goût de l’aventure et la croyance dans le progrès, à une époque où vous passiez pour un fou si vous conduisiez à plus de 100 km/h ! »
Dans un cadre champêtre, on y aperçoit ainsi les pilotes les plus en vogue qui parcourent à toute vitesse les routes sinueuses de France à bord de leurs bolides.
« Ces affiches témoignent de la prospérité de la Belle Epoque marquée par les progrès techniques qui offrirent plus de confort et insufflèrent un réel vent de liberté.» L’atelier devint rapidement célèbre jusqu’à New York, répondant à des commandes internationales et s’imposant en pionnier dans l’art de reproduire la vitesse.
« Mais la technique au pochoir coûtait cher et nécessitait un travail relativement long, de telle sorte que l’atelier ne généra pas de grands bénéfices, s’adressant à une clientèle restreinte et fortunée. » A l’aube de la Première Guerre mondiale, les ressources de l’entreprise s’essoufflent, mettant fin à une quinzaine d’années de création soutenue. « Il faut dire qu’avec la guerre, les préoccupations ont changé, le besoin de sécurité a pris peu à peu le pas sur le reste. De telles illustrations n’étaient donc plus réellement adaptées… »
Une dizaine d’artistes au service d’un atelier
Au cours de sa période d’activité, l’atelier compta une dizaine d’artistes-artisans : Ernest et Marguerite Montaut d’abord, puis Maurice Millière, Roowy, Gautier, Talmont, Dufour, Jobbé-Duval, Aldelmo, Névil, Thibésart, Géo Bric, Rudaux, Campion, Anglay et d’autres. « Mais un bon nombre d’œuvres portent la signature “Gamy”, remarque le commissaire-priseur. Celle-ci a longtemps été associée à Marguerite Montaut. Or, nous avons découvert grâce la richesse de cette collection qu’elle était en fait commune aux artistes de l’atelier après la mort prématurée d’Ernest Montaut en 1909. Il n’est donc pas toujours aisé de déterminer les attributions de certaines œuvres.» Plusieurs gouaches et lithographies de la vente sont ainsi attribuées à Maurice Millière (1871-1946), connu pour ses représentations des « petites femmes » des cabarets de Montmartre. « Mais subsistent encore quelques œuvres sans attribution. Cette vente sera donc l’occasion pour les enchérisseurs de mener leur propre enquête…»