Le 8 avril 2021 | Mis à jour le 12 avril 2021

Pablo Picasso, Roger Capron, Jean Derval : l’âge d’or de la céramique moderne à Vallauris

par Clémentine Pomeau-Peyre

Si les grands noms de la céramique d’art du XXe siècle ne manquent pas, de Roger Capron, Pol Chambost à Jacques et Dani Ruelland, les arts du feu ont aussi été l’affaire d’artistes venus d’autres univers : le peintre Pablo Picasso, l’acteur Jean Marais… Leurs multiples créations animent aujourd’hui les ventes aux enchères, qu’il s’agisse de vente spécialisées ou d’inscriptions dans les catalogues de vente design ou arts du XXe siècle. Décryptage.

 

Une large partie de l’histoire de la céramique du XXe siècle tourne de près ou de loin autour de la ville de Vallauris, dont l’âge d’or coïncide avec l’arrivée de Picasso en 1946. C’est dans l’atelier Madoura, propriété de Suzanne et Georges Ramié, que le peintre espagnol apprivoise ce nouveau médium. Il va réaliser plus de quatre mille œuvres originales, qui seront ensuite éditées sous sa supervision. Quelques ventes prochaines proposent des « Picasso de Madoura » : un pichet à décor bleu (estimé entre 3 000 et 3 500 euros) à l’Etude de Provence le 11 avril prochain ou une assiette décorée de quatre profils entrelacés (6 000 – 8 000 euros) à l’Hôtel des ventes de Montpellier-Languedoc le 8 mai.

 

Jean Derval, Roger Capron et Robert Picault à l’atelier Callis

Aux côtés du peintre catalan, dans l’atelier Madoura, travaille également Jean Derval. Le céramiste se spécialise davantage dans les pièces zoomorphes. La maison de ventes Pousse-Cornet présente trois de ses créations le 3 mai prochain : les Acrobates (2 000 – 3 000 euros), une coupe figurant une colombe stylisée et un médaillon illustré d’une scène de l’enlèvement d’Europe (1 000 – 2 000 euros). Jean Derval est également à l’origine, avec Roger Capron et Robert Picault, de la création de l’atelier Callis de Vallauris. Les trois céramistes avaient pour ambition de « faire du beau, à la portée de tous ». Le prolifique Roger Capron s’est intéressé à tous les aspects de la céramique, créant des objets décoratifs, des tables ou des carreaux. Parmi ses œuvres présentées prochainement en vente, citons un ensemble de six mazagrans modèle « pyjama » (150 – 200 euros) à Deuil La Barre le 19 avril (photo en Une), un vase en céramique cylindrique (450 – 600 euros) ou un service à orangeade orange à décor géométrique (500 – 1 000 euros) à Lyon le 21 avril, ou encore des tables basses à carreaux en céramique à Nantes le 14 avril ou à Albi le 22 avril. Dernier des trois, Robert Picault s’est davantage intéressé au renouveau de la céramique culinaire. Des plats, des pichets, des services… le tout décoré de dessins géométriques. Le 10 avril à Fécamp, une partie de service de table (100 – 150 euros) et un poêlon (20 – 30 euros) dans des tons vert et rouille feront partie de la vente mensuelle de la maison Chalot.

 

 

Jean Marais et le couple Ruelland, de Vallauris à Paris

C’est aussi à Vallauris que l’acteur Jean Marais décide en 1973 de s’initier à la poterie. Dans l’atelier de Jo Pasquali, il réalise des assiettes, des pichets ou de petites sculptures qui évoquent souvent l’univers de Jean Cocteau. Il faut pour se faire une opinion regarder le vase aux quatre visages de la vente du 21 avril à Béziers, (400 – 600 euros) ou le plat en terre cuite à décor de visage de la vente du 12 avril à Cherbourg (400 – 450 euros). Jacques et Dani Ruelland ne font de leur côté qu’un bref passage à Vallauris, dans les années 1950. Le couple s’installe ensuite à Paris pour travailler des vases aux cols étirés, des bouteilles et des pots aux couleurs profondes. Un bel aperçu de leur travail sera présenté lors des ventes du 10 avril à Versailles : un ensemble de cinq vases bouteilles en céramique émaillée (2800 – 3 000 euros) ou un simple galet en céramique émaillée (300 – 400 euros).

 

 

Pol Chambost et Primavera

Dans le même esprit, le travail de Pol Chambost. Parisien lui aussi, il est connu pour ses formes très libres et son travail sur les couleurs. Pour exemple, le vase jaune anis et intérieur blanc (2 000 – 3 000 euros) de la vente du 20 mai à Saint-Etienne ou le vase à l’aspect froncé noir avec l’intérieur blanc (200 – 300 euros) proposé par Prado Falque Enchères à Marseille le 18 avril. Avec Jean Besnard ou Colette Gueden, Pol Chambost a fait partie des artistes céramistes ayant collaboré sous l’égide de Primavera. Créé en 1912 par les magasins du Printemps, cet atelier avait pour ambition de développer tous les arts décoratifs modernes. La qualité des créations Primavera, qu’elles soient signées ou non, leur ont permis d’être conservées, et d’être aujourd’hui l’objet d’enchères : un vase en céramique (200 – 300 euros) dans la vente du 21 avril de Cécile Conan à Lyon , un surtout de table Longwy Primavera (1 200 – 1 500 euros) dans la vente du 12 avril de Samuel Boscher à Cherbourg. A noter que Suzanne Ramié de Vallauris, a également apporté sa contribution à la production Primavera. Les routes de la céramique moderne mèneraient-elles toutes à Vallauris ?

 

 

 

Image en Une : Six mazagrans de Roger Capron (1922-2006). Modèles « pyjama », en céramique émaillée polychrome. Vers 1960. L’un signé « CAPRON VALLAURIS CB », les autres « LEG » et « A44 » sous la base. Mis en vente par Valérie Régis le 19 avril à Deuil-la-Barre. Estimation : 150 – 200 euros. 

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