Records mondiaux pour des violons et archets vendus à Vichy
Mercredi 29 et jeudi 30 novembre 2017, des archets et instruments de musique ont pulvérisé leurs estimations sous le marteau de Maître Etienne Laurent à Vichy, qui dispersait notamment l’exceptionnelle collection Bernard Millant, l’un des plus grands experts d’archets au monde. Retour sur une semaine historique, ponctuée de records, jusqu’à 570 000 euros.
Succès de la dispersion de la collection Bernard Millant
Voilà une semaine que la maison de ventes Vichy Enchères n’est pas prête d’oublier. Mercredi 29 novembre, la très attendue vente de la prestigieuse collection Bernard Millant (1929-2017), spécialiste des archets internationalement reconnu, a reçu le succès escompté. « C’était une dispersion historique, un événement pour le monde de la musique, commente Maître Etienne Laurent, au marteau ce jour-là. Des collectionneurs et musiciens venus du monde entier se sont déplacés pour assister à la vente de cet ensemble réunissant parmi les plus beaux instruments et pièces d’archèterie du monde. »
Devant une salle comble, le commissaire-priseur a ainsi adjugé à 260 000 euros un violon de Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875). « C’est un record du monde pour un violon de ce luthier français majeur du XIXe siècle, rendu célèbre pour ses réalisations modernes inspirées des plus illustres violons italiens. Ce modèle intéressait particulièrement les collectionneurs pour sa provenance exceptionnelle. En effet, il appartenait au célèbre violoniste belge Eugène Ysaÿe (1858-1931). »
Quelques minutes plus tard, un violon de Giovanni Grancino (1637-1709), fait à Milan vers 1700 et témoignant des plus belles heures de l’école de lutherie italienne, faisait un nouveau record en étant adjugé 190 000 euros. « Les records se sont enchaînés tout au long de cette vacation, à l’instar d’un archet d’Eugène Sartory (1871-1946) adjugé à son tour à 150 000 euros. Il s’agissait d’une copie exceptionnelle du célèbre archetier français François-Xavier Tourte (1747-1835), présentée à l’Exposition universelle de 1931. Bernard Millant avait acheté cet archet à une famille de grands luthiers, les dénommés Français. C’était un très beau modèle monté en écaille et or. » La pièce phare de la collection a quant à elle été retirée de la vacation. « C’était un archet de violoncelle fabriqué autour de 1815-1820 par celui que l’on nomme communément le Stradivarius de l’archet, François-Xavier Tourte et qui est aujourd’hui considéré comme l’inventeur de l’archet moderne. C’est lui qui a préconisé l’utilisation du bois de Pernambouc, un bois du Brésil que l’on considère encore aujourd’hui comme le matériau idéal pour les archets de par ses qualités techniques et esthétiques. Ses archets sont très rares sur le marché et ceux pour violoncelles le sont encore davantage, car moins nombreux. De ce fait, cet archet est susceptible d’être classé trésor national. Nous avons donc décidé de ne pas le proposer à la vente. » Un retrait qui confirme le caractère exceptionnel de cette collection.
Des records inattendus lors d’une vente classique
Au terme de cette journée historique, Maître Etienne Laurent était loin de se douter que le meilleur était à venir. « Alors que nous nous attendions à une vente classique d’instruments de musique, celle-ci s’est révélée être exceptionnelle. Il y avait moins de pression. La salle s’est totalement libérée. »
Un archet de violon de François-Xavier Tourte a ainsi été adjugé 465 000 euros. « C’est un record absolu pour un archet vendu aux enchères. Le précédent s’élevait à 138 000 euros. » Pas moins de huit enchérisseurs se sont disputés cette pièce exceptionnelle, finalement adjugée à l’issue d’un duel exalté, opposant un collectionneur asiatique à l’un des plus grands collectionneurs d’archet au monde. « Venu des Etats-Unis pour assister à la vente de la collection Bernard Millant la veille, ce dernier s’est laissé séduire par cet archet d’une qualité et d’un état de conservation exceptionnels. Présent en salle, il n’a toutefois pas remporté l’enchère face à son adversaire au téléphone depuis l’Asie. C’était une grande déception pour lui. »
Quelques minutes plus tard, un violon du célèbre luthier italien Joseph Guarnerius fait à Crémone vers 1700-1705 et estimé entre 200 000 et 250 000 euros, s’est quant à lui envolé à 570 000 euros. « C’est un record mondial qui égale exactement celui que nous avions déjà réalisé en décembre 2014 pour un violon du même luthier. La vente a véritablement enchaîné les succès, les violons italiens dépassant tous les pronostics. Un violon de Celoniatus a plus de trois fois surpassé son estimation, trouvant preneur à 142 000 euros, tandis qu’un modèle signé Gagliano et fait à Naples vers 1770-1775 est parti à 92 000 euros. » Un triomphe qui affirme la place de leader qu’occupe désormais la maison de vente vichyssoise. « Avec de tels résultats, nous nous positionnons, aux côtés des maisons de ventes londoniennes ou new-yorkaises, comme un centre incontournable en matière de vente aux enchères d’instruments de musique. »
Photos et vidéo © Vichy Enchères
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