Le 7 février 2024 | Mis à jour le 19 février 2024

Un autoportrait inédit de Marie-Gabrielle Capet aux enchères à Nice

par Magazine des enchères

Un autoportrait, reprise partielle et autographe de la célèbre scène d’atelier de Marie-Gabrielle Capet, animera une vente aux enchères le 15 février à Nice. Un vibrant hommage à Adélaïde Labille-Guiard et aux femmes artistes de la parenthèse enchantée… 

 

[Mise à jour, 19 février 2024] L’Autoportrait de l’artiste dans l’atelier, peint par Marie-Gabrielle Capet a été adjugé 403 000 euros (frais inclus). 

 

Marie-Gabrielle Capet et Adelaïde Labille-Guiard à l’œuvre, en compagnie de François-André Vincent… La composition évoque d’emblée un tableau conservé à Munich à la Neue Pinakothek : Madame Labille-Guiard exécutant le portrait du peintre Vien. Il s’agit en effet d’une reprise partielle de ce chef-d’œuvre peint en 1808 par Marie-Gabrielle Capet (1761-1818), qui s’illustra par ses talents de portraitiste au cours de l’époque néoclassique. L’artiste ne retient néanmoins de la première composition que trois des protagonistes : elle-même, sa professeure et l’époux de celle-ci. Un trio qui relève davantage du portrait de famille que de la scène classique d’atelier…

 

Un hommage à Adélaïde Labille-Guiard

« Madame Capet est devant nous en autoportrait, les yeux plongés dans ceux du spectateur, accoudée à une table, au pied de laquelle est posé un carton à dessins, décrivent les experts du cabinet Turquin. Elle prépare les couleurs de la palette, symbole du lien d’amitié qui unit ces deux femmes dans l’atelier. » Une amitié qui prend racine en 1781, lorsque Capet rejoint l’atelier de Labille-Guiard, et qui se poursuivra jusqu’à la mort de cette dernière en 1803. Pendant près de vingt ans, les deux femmes travaillent l’une avec l’autre, partagent leur atelier et vivent ensemble. Et si notre toile ne présente que trois des quinze personnages de la version de Munich, c’est bien que ces derniers partagent un lien fort qui dépasse la simple relation de maître à élève. Le peintre François-André Vincent est quant à lui l’époux de Labille-Guiard, mais également son professeur. Ensemble, ils forment un trio d’artistes unis. Ils se conseillent, préparent de concert leurs couleurs – l’ambiance est à l’entente et au partage des connaissances, le tout dans un cadre intimiste, bien loin d’une scène mondaine d’atelier. La composition pyramidale évoque en outre celle adoptée dans l’Autoportrait avec deux élèves, peint vingt-trois ans auparavant par Labille-Guiard. Un clin d’œil en hommage à sa professeure et amie, décédée cinq ans plus tôt. 

 

Marie Gabrielle Capet (1761 – 1818), Autoportrait de l’artiste dans l’atelier. Toile et châssis d’origine. 56,5 x 41 cm. Expert : cabinet Turquin. Mis en vente par Millon Riviera le 15 février à Nice. Estimation : 15 000 – 20 000 euros.

 

Marie-Gabrielle Capet, (1761-1818), Madame Labille-Guiard exécutant le portrait du peintre Vien.  Huile sur toile, 69 x 84 cm. Neue Pinakothek, Munich. 

 

A gauche : Adélaïde Labille-Guiard, Autoportrait avec deux élèves, 1785. Huile sur toile 210.8 x 151.1 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. A droite : Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de Joseph- Marie Vien, peintre du Roi, 1782. Pastel sur papier, 60 x 50 cm, Musée Fabre, Montpellier.

 

Marie-Gabrielle Capet, artiste de la parenthèse enchantée

Notre tableau, peint après 1808, s’inscrit dans une période prospère au cours de laquelle les artistes femmes bénéficient d’une liberté de création inédite. Cette courte parenthèse, qualifiée d’ »enchantée » par l’historienne de l’art Séverine Sofio dans son ouvrage Artistes femmes paru aux éditions du CNRS en 2016, s’étend de 1750 à 1850, un siècle au cours duquel de nombreuses artistes femmes s’imposent aux côtés de leurs homologues masculins. « Notre œuvre valorise l’émancipation des femmes par l’art, détaillent les experts. Les artistes femmes sont enfin reconnues par leurs confrères masculins à la fin du XVIIIe et lors du premier tiers du XIXe siècle. Cette parenthèse enchantée a été mise en valeur également à travers plusieurs expositions récentes, au musée du Luxembourg à Paris, ou encore au musée Jean-Honoré Fragonard à Grasse en 2023. »

Ici, Capet représente non seulement deux femmes peintres à l’atelier, mais elle met en outre l’accent sur Labille-Guiard. Celle-ci est le centre de l’attention, tandis que Joseph-Marie Vien, qui était officiellement le sujet de la version de Munich, a disparu de la composition. « Pour nos femmes peintres, concluent les experts, un tel exercice prend l’accent d’un véritable manifeste qui légitime leur place au plus haut niveau de cette pratique artistique ». Un tableau-manifeste qui empruntera le chemin des enchères le 15 février, avec une estimation de 15 000 à 20 000 euros. 

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