Une gouache inédite de Miró célèbre les premières heures de l’art postal
Le 3 juin à Paris, la maison Beaussant-Lefèvre présentera aux enchères une gouache historique de Joan Miró : le dessin originel de l’Oiseau bleu, le timbre-poste imaginé par l’artiste espagnol en 1974. Inédite sur le marché, cette œuvre est estimée à plus de 180 000 euros.
En 1974, Joan Miró (1893-1983) s’invitait dans le quotidien des Français par l’intermédiaire d’un timbre-poste tiré à 6,8 millions d’exemplaires. Sous l’impulsion du Ministre des Postes et Télécommunications (PTT), Hubert Germain, le monde de la philatélie entend à cette époque jouer un rôle moteur sur la scène artistique contemporaine. Le groupe ne se contente plus d’emprunter une œuvre existante, mais fait désormais appel aux artistes de son temps, à l’instar de Joan Miró qui livre le premier timbre de cette nouvelle « Série Artistique » exécutée en héliogravure. En référence au logo postal, l’artiste espagnol imagine un Oiseau bleu stylisé et poétique, traité en aplats de rouges, jaunes et verts sur un ciel azur. Autant de couleurs éclatantes qui parent la gouache et encre de Chine présentée aux enchères par la maison Beaussant-Lefèvre le 3 juin prochain à Paris.
Un gouache inédite estimée à plus de 180 000 euros
Si le musée de La Poste conserve dans ses collections la maquette qui servit à l’édition en héliogravure, l’œuvre révélée aux enchères, exécutée sur une simple feuille d’un carnet à spirale, n’est autre que le dessin originel sur lequel l’artiste, cristallisant l’ensemble de ses recherches, apposait les teintes et le motif définitifs. « Cette gouache, projet pour le timbre, avait donc pour vocation de devenir une œuvre d’art en miniature 5,3 x 4,8 cm ! » Une gouache qui permet, en somme, d’apprécier au plus près le travail entrepris par l’artiste surréaliste. « Sa palette se réduit aux trois couleurs primaires rouge, jaune, bleu avec le vert en complémentaire, et n’oublions pas le noir de l’encre de Chine, tout en relief et en brillance qui vient donner toute sa sensibilité à la matité de la gouache. C’est la couleur en aplat qui dessine les formes, il n’y a pas de trait préliminaire, mis à part le cadre qui l’entoure telle une cage qui vient enfermer notre oiseau afin qu’il ne risque pas de s’envoler dans l’immensité de ce ciel azur si pur. » Estimée entre 180 000 et 250 000 euros, cette œuvre inédite sur le marché fut offerte par Miró à Hubert Germain et demeurait jusqu’alors au sein de la collection familiale de ce dernier. Disparu en 2021, Hubert Germain fut nommé compagnon de la Libération au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et mena une longue carrière politique jusqu’à devenir ministre des Gouvernements Messmer entre 1972 et 1974.