Le 6 novembre 2018 | Mis à jour le 9 novembre 2018

Une lettre de suicide signée Baudelaire adjugée 234 000 euros

par Diane Zorzi

Succès pour la vente de la collection Baudelaire & Grands Écrivains dimanche 4 novembre 2018 à Fontainebleau. La maison de ventes Osenat a adjugé à 234 000 euros une lettre de suicide signée Baudelaire, avant d’assister à la préemption d’une missive que Delacroix adressa au poète en 1861.

 

Estimation pulvérisée pour une lettre de Baudelaire

Estimée entre 60 000 et 80 000 euros, une lettre de jeunesse de Charles Baudelaire annonçant son intention de se suicider s’est envolée à 234 000 euros (frais compris) dimanche 4 novembre à Fontainebleau. Devant une foule d’amateurs et collectionneurs internationaux, elle a été acquise par un collectionneur français. « Il s’agissait sans nul doute de la plus extraordinaire missive de Charles Baudelaire encore en mains privées », détaille la maison de ventes Osenat. Datée du 30 juin 1845 et adressée à son tuteur et agent littéraire Narcisse Ancelle (1801-1888), elle dévoilait le désir du poète d’en finir avec la vie. « Orphelin de père, mal aimé de son beau-père, perclus de dettes, il confiait à Ancelle son intention de se suicider. Celui-ci avait été mandaté en 1844 pour gérer la fortune du poète qui subit cette tutelle le restant de sa vie, recevant sa maigre allocation mensuelle. Au fil du temps, les relations des deux hommes se changèrent en une solide amitié. Dans ses lettres, Baudelaire lui ouvrait véritablement son cœur, déclarant ici son amour pour sa maîtresse et muse Jeanne Duval ». Mais le coup de couteau porté ce jour-là ne sera pas fatal au jeune Baudelaire, alors âgé de vingt-quatre ans. Le poète vivra encore vingt-deux années avant de mourir en 1867, rongé par la syphilis.

 

« Quand Mademoiselle Jeanne Lemer vous remettra cette lettre, je serai mort. – Elle l’ignore. – Vous connaissez mon testament – Sauf la portion réservée à ma mère, mademoiselle Lemer doit hériter de tout ce que je laisserai après paiement fait par vous de certaines dettes dont la liste accompagne cette lettre.

Je meurs dans une affreuse inquiétude. »

Baudelaire à Narcisse Ancelle, 30 juin 1845

 

 

 

Une préemption du Musée Delacroix

Une lettre que Delacroix adressa à Baudelaire en 1861 a quant à elle été préemptée par le Musée national Eugène Delacroix pour un montant de 7 540 euros (frais compris). Delacroix y remerciait le poète pour sa critique admirative parue dans la Revue fantaisiste du 15 septembre 1861. « Jamais […] Delacroix n’a étalé un coloris plus splendidement et plus savamment surnaturel, jamais un dessin plus volontairement épique », notait ainsi Baudelaire à propos des compositions que le peintre romantique réalisa pour l’église Saint-Sulpice.

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