
Une vue de Venise d’Henri Martin sauvée d’un incendie animera les enchères à Enghien-les-Bains
A l’occasion de sa prochaine vente d’art et mobilier prévue dimanche à Enghien-les-Bains, la maison Goxe & Belaïsch dispersera une importante collection de tableaux, mobilier et verrerie sauvée d’une maison incendiée de la région parisienne. La pièce maîtresse n’est autre qu’une vue du Canal de Venise peinte par le néo-impressionniste Henri Martin.
A l’Hôtel des ventes d’Enghien-les-Bains, un carton peint par Henri Martin (1860-1943) invite à rejoindre en songe la Sérénissime. La magie vénitienne opère devant ce tableau charmant dont on peine à croire qu’il fut sauvé, il y a peu, des flammes d’une maison incendiée. « Ce panneau d’Henri Martin, ainsi que quatre-vingt-cinq autres œuvres de notre vente, provient d’une grande demeure de la région parisienne qui a été squattée et incendiée. C’est un petit miracle d’avoir pu récupérer cette collection qui réunit de nombreux tableaux, des meubles hollandais, une Vierge en bois du sud de l’Allemagne, un cabinet du Japon ou encore un bel ensemble de flacons Gallé ou Lalique, la famille étant originaire de l’est de la France », raconte la commissaire-priseur Isabelle Goxe qui orchestrera la vente aux enchères le 19 février de ce tableau enchanteur d’Henri Martin qui, en dépit de quelques stigmates – ici, un léger accident, là une coulure brunâtre – célèbre encore avec grâce le doux mariage du soleil et de la brume.
Le Canal de Venise par Henri Martin
Henri Martin répond en 1885 à l’appel de Venise, cette ville palimpseste chérie des artistes en quête de contrées favorables à la rêverie. Le Toulousain de vingt-cinq ans a assimilé les leçons qu’il a reçues de Jules Garipuy à l’Ecole des beaux-arts de Toulouse, ou encore celles de Jean-Paul Laurens, dont il a intégré l’atelier parisien. Le temps est venu de se frotter seul aux grands maîtres pour mieux prendre son envol. En Italie, qu’il rejoint grâce à une bourse de voyage, le peintre se libère progressivement du modèle académique.

Henri Martin (1860-1943), Canal à Venise. Huile sur carton cloué sur panneau signé en bas à droite. (Coins accidentés, coulures brunâtres dans la partie basse). 72 x 48,8 cm. Estimée entre 30 000 et 40 000 euros.
La Cité des doges, où il retournera fréquemment, marque un tournant dans l’œuvre d’Henri Martin. Ses toiles, empreintes d’onirisme, arborent désormais des couleurs vives traitées par petites touches – Henri Martin pose à Venise les fondements de son style, à mi-chemin entre le pointillisme et le fauvisme. Ainsi, la belle dormeuse ici s’anime à mesure que la touche se fragmente – les palais scintillent et les barques aux tons orangés éclatants avancent, silencieuses, sur le Canal au rythme des ondulations. Un flot de couleurs et de lumières estimé entre 30 000 et 40 000 euros.
Un mystérieux portrait de Louise Codecasa
Notons enfin que cette escale à Venise sera précédée, lors de la vente, d’une étape à Budapest avec Louise Codecasa (1856-1927/33). Si les informations sur cette artiste hongroise demeurent lacunaires, un mystérieux portrait de jeune homme en tondo attise depuis quelques jours la curiosité des internautes qui l’ont hissé parmi leurs lots préférés de la semaine sur les sites Interencheres et Auction.fr. Le tableau est estimé entre 100 et 150 euros, mais pourrait bien créer la surprise ce dimanche. Affaire à suivre…
Enchérir | Suivez la vente d’art et mobilier de Goxe & Belaïsch le 19 février en live sur interencheres.com et sur auction.fr

Louise Codecasa (1856-1927/33). Portrait de jeune homme en tondo. Huile sur parchemin contrecollé sur panneau signée et datée 18??. 43 cm à vue. Estimée entre 100 et 150 euros.