Le 10 octobre 2024 | Mis à jour le 23 octobre 2024

Rétrogaming : les jeux vidéos vintage ont la cote aux enchères

par Magazine des enchères

Les ventes régulièrement organisées en attestent : le rétrogaming s’installe dans le paysage des ventes aux enchères. Qui sont ces amateurs de jeux vidéos vintage et que cherchent-ils en priorité ? Décryptage.

 

« Nous pouvons distinguer trois types d’acheteurs lors des ventes aux enchères de rétrogaming, énumère Léonard Pomez, commissaire-priseur à Troyes. Le joueur qui cherche des lots de jeux en loose (c’est à dire en état moyen, déjà joués, pour les utiliser), le collectionneur investisseur qui enchérit sur des jeux complets ou des éditions limitées en très bon état, et le bricoleur qui récupère des pièces sur les consoles hors service ».

Les premiers et les derniers alimentent un marché de seconde main dynamique. Dans une vente organisée par la maison Boisseau-Pomez en novembre 2023, des Game Boys HS ont ainsi trouvé preneur, « alors qu’elles seraient passées à la poubelle voilà encore quelques années », constate le commissaire-priseur.

 

Nintendo, la marque la plus collectionnée

Mais les plus fortes adjudications concernent les collectionneurs investisseurs, dont les jeux favoris datent des années 1980 et 1990. « Les marques et consoles les plus en vogue restent Nintendo NES, les Game Boy, et les Sega Mega Drive », constate Alexis Jacquemard, qui organise une à deux ventes par an autour de ce thème avec la maison Millon & Associés.

 

Nintendo NES Super Mario Bros. Blister rarissime première édition BANDAI de Super Mario Bros. Pour la première console de salon Nintendo à cartouche interchangeable sortie en Europe : la Nintendo NES. Version française FAH encore neuve sous blister rigide de l’époque. Pièce historique mythique du jeu vidéo. Estimation : 6 000 – 8 000 euros.

 

« Nous avons également des amateurs encore plus spécialisés qui rassemblent un full set sur un personnage mythique comme Zelda ou Mario », ajoute l’expert. Ses estimations s’envolent lorsque toutes les conditions sont réunies : un coffret sous blister Nintendo 64 PAL The Legend of Zelda, Majora’s Mask édition limitée à 1 000 exemplaires, peut atteindre 6 000 à 8 000 euros. Autres graals des gamers, les éditions japonaises de certains jeux ou consoles, qui parfois diffèrent un peu de ceux délivrés en Europe : comptez 600 à 800 euros pour une console NEO-0 version japonaise avec joystick câble péritel et notice. Ou encore les curiosités que peuvent offrir ce marché : une Nintendo NES Hands Free, interface pour handicapés moteurs, neuve et scellée depuis 1990 est estimée entre 2 500 et 3 500 euros.

 

Nintendo 64 PAL The Legend of Zelda: Majora’s Mask – Limited Edition Adventure Set – BLISTER 2000. Coffret édité à 1000 exemplaires. Neuf scellé N°00539/1000 Rarissime dans l’état, seule une poignée d’exemplaires encore neufs connus. Estimation : 6 000 – 8 0000 euros.

 

Lorsqu’il s’agit de pièces plus courantes (ce qui est fréquent au vu du nombre d’exemplaires édités pour chaque jeu à sa sortie), l’exigence des collectionneurs se porte sur l’état du lot, qui doit être le plus proche possible du neuf, et si possible avec blister. « Le vrai must pour un nombre croissant de collectionneur est le jeu gradé, constate Léonard Pomez. Directement inspirée des cartes de collection comme les Pokémon, cette tendance récente se confirme aux Etats-Unis et se développe en Europe. » Il s’agit de faire certifier l’état de conservation par un organisme indépendant qui le « grade » en lui donnant une note sur 100 et le protège ensuite de toute dégradation dans un emballage.

 

 

Des objets de collection qui attirent les gamers… et les investisseurs

Sur les dix dernières années, ce marché qui pouvait sembler un peu fragile semble au contraire se solidifier. « Les produits neufs, en parfait état sont de plus en plus difficiles à trouver, constate Alexis Jacquemard, et se vendent de plus en plus cher ». Il précise que les amateurs ont entre 25 et 40 ans environ, et sont à 80 % des hommes. « Ils ont donc connu une époque où les jeux se vendaient en solide, avec des cartouches. Et même s’ils sont tous accessibles en ligne sur Switch ou autre, les joueurs veulent retrouver l’objet ».

Même avis du côté de Troyes, les prix continuent à monter pour les jeux complets et les packs rares, et le marché du « loose » reste stable. « Ce sont maintenant des objets de collection et d’investissement alternatif au même titre que le vin ou l’art. La demande reste forte et touche un public de plus en plus jeune, en quête de jeux différents et d’authenticité. » Des expositions et même des musées vont également dans le sens de la reconnaissance que cet univers a marqué une génération : après un parc d’attraction inauguré en 2021 à Osaka, Nintendo vient d’ouvrir en octobre un musée à Kyoto. Le Pixel Museum de Strasbourg a lui malheureusement fermé ses portes en 2021 après trois ans d’existence faute de financement.

Dernier indice de la progression de ce marché, Alexis Jacquemard nous confie, « nous sommes de plus en plus fréquemment appelés pour valoriser des collections dans un but d’assurance, les collectionneurs veulent pouvoir être indemnisés en cas de vol ou de destruction de leurs pièces. »

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