Le 25 mars 2020 | Mis à jour le 25 mars 2020

Guillaume Cortès : « Je redonne vie aux objets oubliés.»

par Diane Zorzi

Clerc depuis quatorze ans au sein de l’étude toulousaine de Rémy Fournié, Guillaume Cortès a obtenu l’année dernière le concours de commissaire-priseur. Il revient sur son parcours et raconte avec passion son quotidien peuplé d’objets aux histoires oubliées.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir commissaire-priseur ?

J’ai su que je voulais être commissaire-priseur dès la fin du collège. J’ai toujours aimé l’art. Enfant, je me baladais souvent avec mon père dans les boutiques d’antiquaires et les salles de ventes, et j’aimais discuter avec mon grand-père qui avait une culture artistique impressionnante. Aussi, lorsque j’étais au lycée j’ai commencé à travailler dans des maisons de ventes à Dijon. Je venais en aide dans la préparation des ventes. J’y suis resté assez longtemps durant ma scolarité universitaire.

 

Vous n’avez toutefois pas choisi le parcours classique consistant à tenter, à l’issue des études, l’examen d’accès à la profession de commissaire-priseur…

Oui, il m’a fallu trouver rapidement un poste stable car j’étais marié et nous venions d’avoir une petite fille. J’ai donc décidé de ne pas passer le concours et d’accepter un poste de clerc de commissaire-priseur au sein de l’étude toulousaine de Rémy Fournié. Je ne regrette en rien ce choix. J’ai énormément appris en étant plongé directement au cœur du métier. Nous sommes une maison de ventes très généraliste. Nous organisons aussi bien des ventes de tableaux, armes anciennes ou orfèvrerie, que des ventes de livres ou même de voitures. Nous nous occupons de tout car nous privilégions le contact humain. Lorsqu’un vendeur nous sollicite nous mettons tout en œuvre pour répondre à sa requête. Aussi, cette diversité incroyable m’a donné toutes les connaissances nécessaires pour passer le plus sereinement possible le concours de commissaire-priseur que j’ai obtenu l’année dernière, après quatorze années en tant que clerc.

 

Au quotidien, quel est l’aspect du métier qui vous plaît le plus ?

Ce qui me plaît particulièrement dans ce métier c’est le contact avec les objets. Connaître sa provenance, comprendre son parcours d’une collection à une autre et découvrir ses particularités, son histoire… Toutes les recherches que nous menons rendent chaque objet unique, même celui qui de prime abord semblait des plus communs. En étant commissaire-priseur, j’exhume le passé, je redonne vie à des objets oubliés, car les objets ont une vie, et, à force de les côtoyer, chaque jour, ils finissent par vous parler, de telle sorte que vous avez l’impression de savoir, au bout d’un certain temps, s’ils sont ou non authentiques.

 

Guillaume Cortès avec la figure de reliquaire Kota des Obamba adjugée à 62 000 euros (frais compris) par Rémy Fournié le 24 octobre 2019 à Toulouse.

« Toutes les recherches que nous menons rendent chaque objet unique, même celui qui de prime abord semblait des plus communs. »

 

Votre quotidien a-t-il changé au sein de l’étude, depuis que vous avez obtenu l’examen de commissaire-priseur ?

La différence principale est qu’en étant commissaire-priseur vous allez au bout des choses, du premier contact établi avec le client à la vente de son bien, car vous devez défendre l’objet que vous avez sorti de l’oubli. Il ne s’agit plus seulement de le valoriser à l’appui de ses recherches, mais de le défendre sur l’estrade, marteau en main.

 

Quelle est pour vous la qualité essentielle dont doit faire preuve un commissaire-priseur ?

Le commissaire-priseur ne doit pas avoir peur de se salir, d’aller dans un grenier, une cave, pour trouver des objets, et doit avant tout croire en l’objet qu’on lui confie, mener toutes les recherches possibles, et, parfois, contre l’avis de tous. En octobre dernier, nous avons vendu à plus de 50 000 euros une figure de reliquaire Kota des Obamba [Ndlr. Les Obamba sont un peuple établi à l’est du Gabon dans la province du Haut-Ogooué] qui dormait dans un grenier depuis plus de cinquante ans. Rémy Fournié m’a laissé l’adjuger car c’était un objet pour lequel je m’étais particulièrement battu. J’étais persuadé de son authenticité mais un premier expert avait émis des réserves. J’ai donc poursuivi les recherches et contacté d’autres experts qui ont confirmé ma première intuition. En définitive, l’important est de rester humble devant les objets. On apprend d’eux chaque jour.

 

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je me plais énormément au sein de l’étude de Rémy Fournié. L’ambiance y est particulièrement agréable. Rémy Fournié est un commissaire-priseur humain et vivant. Il me fait confiance, il me laisse organiser de belles ventes. Le jour où j’ai reçu l’examen de commissaire-priseur, il a même contacté le Conseil des ventes volontaires pour que je puisse être habilité à animer la vente de bijoux du lendemain ! Aussi, j’espère obtenir l’examen judiciaire pour pouvoir m’associer avec lui.

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