Les affiches font leur cinéma aux enchères au Havre

Comme souvent, lors des sessions dédiées aux affiches de cinéma, la vente aux enchères qui se tiendra au Havre le 30 octobre réunit 362 lots provenant de la collection d’un seul passionné originaire du Calvados. L’ensemble fait la part belle au genre, dévoilant des affiches issues de la période faste, de 1930 à 1970, avec des estimations accessibles. L’occasion de débuter une collection ou d’acquérir le souvenir de son film préféré…

Si les affiches de cinéma s’apparentent aujourd’hui davantage à un outil de communication, cet art centenaire fut pendant longtemps l’apanage d’illustrateurs, sérigraphes et lithographes, à l’instar de Péron, Soubie, Bass, Mascii, Grinsson ou Struzan. Elles apparaissent à la fin du XIXe siècle, alors que naît l’industrie cinématographique, et connaissent de nombreuses évolution à mesure que les techniques évoluent. Les années 1950 sont par exemple marquées par l’avènement de la technique de l’offset qui permettait, en réponse à l’ouverture de nouvelles salles de cinéma, de produire davantage de tirages, avec toutefois un impact sur le rendu, moins riche, des couleurs. Plus tard, les photomontages prendront le pas, jusqu’à détrôner, à la fin des années 1970, les affiches illustrées. La vente du 30 octobre offre un témoignage probant de ces évolutions, présentant des pièces d’illustrateurs célèbres, à l’instar de Soubie avec « Les exploits d’Ali Baba » (1965), ou Mascii avec « La belle de Cadix » (1953), aux côtés de photomontages comme la réédition de 1970 de l’affiche du film de Fritz Lang, « M. Le Maudit » sorti en 1932.

Il convient de rappeler que les affiches anciennes sont des pièces rares. Elles ont en effet été tirées en nombre limité et ont souvent été détruites avant les années 1980. Les lots de la vente du Havre restent néanmoins très accessibles, avec des estimations comprises entre 15 et 1 500 euros. « Les estimations tiennent compte de la popularité et de la rareté des pièces. L’état étant également un paramètre majeur », précisent les commissaires-priseurs de la maison de vente Enchères Océanes. La notoriété du film, l’année d’édition pour déterminer s’il s’agit du premier tirage ou d’une réimpression, l’artiste à l’origine du visuel, le pays de parution… Autant d’éléments qui déterminent la valeur des affiches de cinéma. A noter que le prix est également impacté par les dimensions : grands et petits formats (160 x 120 cm et 80 x 60 cm), affiche pantalon (200 x 60 cm) ou format à l’italienne (240 x 160 cm). Enfin, l’état est un critère prédominant que les professionnels évaluent grâce à une codification allant de A à D. 

Ces ventes aux enchères attirent à chaque session de nombreux passionnés, en quête d’affiches de films emblématiques au casting célèbre, ou réalisées par de grands illustrateurs. « Les principaux acheteurs d’affiches de cinéma sont déjà collectionneurs et ont, généralement, autour de 50 ans », expliquent les commissaires-priseurs. Les spécimens les plus plébiscités mettent en scène des noms comme Brigitte Bardot, Steve McQueen, Jacques Tati, ou des stars des films muets tels que Charlie Chaplin, Buster Keaton et Fritz Lang. Les affiches des films d’horreur des années 1930 se vendent particulièrement bien, tout comme celles des films de science-fiction des années 1950. Enfin, de manière générale, c’est l’âge d’or du cinéma qui s’avère être le plus plébiscité, couvrant le début du XXe siècle jusqu’à la fin des années 1970. En effet, les prix chutent après cette période du fait de l’augmentation des tirages et de la disparition des affichistes. Seules les éditions spéciales ou originales restent plébiscitées. Parmi les lots phares de la vente, citons l’affiche du film « Les oiseaux » d’Alfred Hitchcock (1963) illustrée par Grinsson (300-400 euros), et la lithographie de Belinsky pour « Les clés du royaume » (1944). 

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