Les diamants aux enchères, une valeur sûre ?

Vendus sur papier ou montés en bagues, colliers ou bracelets, les diamants font toujours figure de valeurs sûres. Mais ce marché a comme les autres ses règles, ses fluctuations et ses engouements. Décryptage.

Les premiers critères d’évaluation d’un diamant sont simples : les quatre C comme Clarté (Clarity c’est-à-dire sans inclusion ou imperfection), couleur (Color), taille (Cut) et poids en Carats. Et les choses se compliquent ensuite très vite… « Pour moi, il existe un cinquième critère, celui de la proportion. Un diamant qui n’est pas bien proportionné en termes de taille et de volume ne vit pas » : c’est l’avis tranché d’Edouard de Garo, expert aux commandes des ventes cannoises de Besch Auction. D’autres caractéristiques peuvent également être appréciées : la brillance et l’origine géographique de la pierre. Il existe dans le monde trois grands laboratoires d’analyse qui déterminent le classement des pierres, et dont les certificats font autorité dans ce domaine : le GIA américain, le HRD anversois et le LFG français. « Il est impossible de vendre une pierre un peu importante sans son certificat, admet l’expert, lui-même habilité par le GIA, cela apporte une vraie garantie aux acheteurs qui peuvent même enchérir à distance parce qu’ils connaissent la qualité du diamant ».

La valeur des diamants

L’entrée sur ce marché se fait souvent par les diamants blancs ou incolores, et de quelques carats au plus. Exemple avec un diamant sur papier de 4,23 carats, couleur K (donc très légèrement teinté sur une échelle qui va du D pour une pierre incolore au Z), pureté VS1 (very small inclusions c’est-à-dire des impuretés difficilement visibles à la loupe) : son estimation va être entre 20 000 et 30 000 euros. « Mais attention, la courbe n’est pas linéaire mais exponentielle, un diamant de deux carats ne vaut pas le double d’une pierre d’un carat, en fait plus la pierre est importante plus sa valeur grimpe », explique l’expert. En effet, il est plus facile de trouver dans une mine plusieurs petits diamants qu’un seul de grande taille.

Fancy diamonds, des diamants recherchés sur le marché

La tendance actuelle va très clairement aux diamants de couleur, et plus particulièrement ceux classés « Fancy », dont les couleurs sont les plus riches et les plus profondes. Il existe 27 teintes de diamants Fancy recensées. « Et au sein des Fancy, il y a encore des échelles, s’amuse l’expert. Light, normal ou juste Fancy, deep, intense et vivid qui est le niveau le plus haut, avec des couleurs extraordinaires ». Une pierre de 9,36 carats en Fancy yellow certificat GIA, pureté parfaite telle que celle de la vente du 31 décembre peut être estimée 120 000 à 180 000 euros.

Dans cet univers, le rouge est le plus rare, mais les plus recherchés sont les roses et les bleus. « La couleur vient en fait du gaz emprisonné dans la pierre, à voir au microscope c’est fabuleux, ces pierres ne brillent pas du tout comme des saphirs ou des émeraudes c’est vraiment autre chose », souligne Edouard de Garo. Les pierres de couleurs tiennent le haut du marché depuis une dizaine d’années, mais l’offre reste très limitée car peu de mines en produisent : le GIA estime qu’elles ne représentent que 0,01 % des diamants extraits.

Les diamants, un investissement fiable

« Sur le marché des diamants, il y a actuellement deux grands sujets : le premier est celui de la Russie, gros producteur, mais qui du fait de l’embargo a du mal à écouler sa production, ne fournit pas les ateliers indiens par exemple ce qui fait plutôt baisser la valeur des pierres. Le second est que le prix des diamants est négocié en dollars, donc pour le marché européen il faut tenir compte du taux de change entre dollar et euro, en ce moment cela tire un peu le marché vers le haut », analyse l’expert. Ajoutons-y la chute de la demande dans un contexte d’inflation… Et les prix semblent plutôt orientés à la baisse.

En ce qui concerne l’évolution sur les cinq dernières années, l’expert temporise en calculant qu’après une baisse post-Covid le marché semble retrouver de la solidité. « L’avantage du diamant reste qu’il est monétisable n’importe où dans le monde, sans qu’il existe de véritable cote publiée, les prix sont les mêmes partout. C’est un investissement fiable et facile à transporter », termine l’expert, en précisant que les prix atteints en ventes aux enchères sont toujours inférieurs à ceux des bijouteries. Dans ses ventes cannoises, Edouard de Garo note la présence de marchands israéliens, belges, anglais, ainsi qu’une vaste clientèle de particuliers internationaux.

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