Le 12 juin 2019 | Mis à jour le 27 juin 2019

Concert et vente dans les Ardennes : un rare violoncelle Bernardel adjugé à près de 80 000 €

par Diane Zorzi

Retrouvé dans le grenier d’une maison familiale sedanaise, un rare violoncelle d’Auguste Sébastien Bernardel était mis en vente par Maître Martial Bournier le 15 juin à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Adjugé à près de 80 000 euros, l’instrument fut confectionné autour de 1850 par l’un des plus grands luthiers parisiens du XIXe siècle.

 

Un violoncelle Bernardel daté autour de 1850

A l’occasion de sa belle vente de printemps, Maître Martial Bournier présentait aux enchères le 15 juin à Charleville-Mézières un exceptionnel violoncelle d’Auguste Sébastien Bernardel (1802-1870). Estimé entre 45 0000 et 50 000 euros, il a été adjugé à 77 490 euros (frais compris) à un enchérisseur français. Confectionné autour de 1850, l’instrument témoigne des plus belles heures de la lutherie française. « Lorsque l’on songe aux grandes figures qui ont marqué l’histoire de la lutherie, on pense d’abord aux luthiers italiens du XVIIIe siècle, détaille le commissaire-priseur. Pourtant, de grands noms se sont imposés en France au XIXe tels que Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875), Charles François Gand (1787-1845) et Auguste Sébastien Bernardel. » Gand et Bernardel furent tous deux les élèves du célèbre luthier parisien Nicolas Lupot. Surnommé le « Stradivarius français », ce dernier détenait un atelier réputé rue Croix-des-Petits-Champs à Paris. En 1824, à la mort de Lupot, Gand reprend l’atelier. Bernardel y travaillera durant deux ans, avant de s’établir à son propre compte rue de la Coquillière en 1826. « On lui doit plusieurs innovations. En 1830, il eut l’idée de tailler en biseau le côté gauche de la touche de l’alto, afin d’éviter le frisement des cordes et en 1833, il fut le premier à filer les cordes à double trait. » En 1859, Bernardel s’associe avec ses deux fils, avant de se retirer à Bougival en 1866, ses deux fils s’associant alors à la famille Gand pour fonder la célèbre enseigne « Gand et Bernardel ».

 

 

Un instrument exceptionnel retrouvé dans un grenier à Sedan

« L’instrument que nous présentions à la vente est daté autour de 1850, ce qui correspond à la meilleure période dans la production des Bernardel, note Maître Martial Bournier. Bernardel père a laissé quantité d’instruments remarquables en termes de bois, de facture et de sonorité ». Resté plus de quatre-vingt ans sans être joué, le violoncelle était dans un état de conservation remarquable. « Nous l’avions retrouvé dans le grenier d’une belle maison bourgeoise de Sedan. Or Sedan est la ville qui vit naître Paul Bazelaire (1886-1958), le célèbre violoncelliste français qui fut nommé Professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris et dont la méthodologie est aujourd’hui une référence pour tous ceux qui débutent le violoncelle. Aussi, il est très probable que les descendants des vendeurs aient fréquenté Bazelaire. »

 

Crédit photo © Ardennes Enchères

 

Une vente précédée d’un concert

Les violoncelles Bernardel sont particulièrement rares. « En cinquante ans, seuls vingt-cinq instruments sont passés sur le marché international et il est d’autant plus rare d’en retrouver en aussi bon état de conservation », note Alain Hérou, expert en instruments de musique. Afin de découvrir son potentiel acoustique, Maître Bournier avait décidé de faire monter le violoncelle et avait fait appel au violoncelliste Charles Hervet qui a donné un concert la veille de la vente. Accompagné du pianiste Johan Barnoin, le musicien, lauréat de la Fondation Louis Vuitton, a joué des œuvres de Schumann, Saint-Saëns, Rachmaninov, Tchaïkovsky, Fauré, Bach et Bazelaire. « Ce concert, ouvert à tous, était l’occasion de découvrir ce que cet instrument exceptionnel avait dans le ventre », conclue Maître Martial Bournier. 

 

Voir la vidéo du concert :

 

 

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