
La tapisserie revient à la mode
Exit les intérieurs blancs et épurés, la tendance 2017 est à la décoration riche et sophistiquée, marquée par le retour en force de la tapisserie. Avec son décor volontairement chargé fait d’une trame répétée à volonté, elle habille et donne vie aux murs, pour une ambiance chaleureuse et intimiste. Aux enchères, cette émulation se fait progressivement sentir avec un regain d’intérêt pour les pièces réalisées aux XX et XXIe siècles. Retour sur les beaux jours et l’avenir prometteur d’une technique que l’on croyait surannée…
Une technique au cœur de l’actualité
Jusque dans les années 1980, la tapisserie avait la cote et ornait volontiers les intérieurs. « Les commandes publiques et privées étaient nombreuses, explique Bénédicte Blondeau-Wattel, experte en tapisserie. Les grandes entreprises n’hésitaient pas à accrocher une tapisserie pour orner leur salle d’accueil. Les artistes figuratifs tels que Jean Lurçat (1892-1966) ou Jean Picart Le Doux (1902-1942), mais aussi les abstraits tels que Mario Prassinos (1916-1985) ou Michel Tourlière (1925-2004) étaient alors très médiatisés. Puis un jour, tout s’est effondré. La presse ne s’y intéressait plus et les manufactures n’avaient pas les moyens d’obtenir des pages de publicité pour communiquer sur leurs productions. » Jugée ringarde, la technique est délaissée, tandis que les clients désertent les fabriques.
Mais la donne est en train de changer et la tapisserie connaît un nouveau souffle. Plusieurs expositions s’y sont ainsi intéressées, avec notamment celle consacrée à Jean Lurçat à la Galerie des Gobelins en mai 2016. Mais c’est surtout l’ouverture de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson qui a suscité l’engouement. « L’inauguration du 10 juillet 2016 a fait le buzz avec tout un matraquage médiatique autour de la venue du Président François Hollande. Depuis, l’institution multiplie les projets. Elle vient notamment de signer une convention pour réaliser à Aubusson une série de treize tapisseries et un tapis tissés à partir des dessins que Tolkien réalisa pour illustrer ses écrits tels que Le Seigneur des anneaux. « Tout cela contribue à changer le regard que portaient jusqu’alors les gens sur la tapisserie, souvent associée aux châteaux et à l’art ancien. Avec toute cette émulation, la génération des 35-55 ans se familiarise petit à petit avec ce tissu mural et la tapisserie est plébiscitée dans les ventes aux enchères publiques, avec en tête celle des ateliers Suzanne Goubly (1942-1997) et Tabard (1869-1983), qui ont tous deux initié et participé au renouveau de la tapisserie au XXe siècle, en travaillant avec des artistes tels que Jean Lurçat et Dom Robert ».
Aux enchères, il est possible d’acquérir une pièce tissée à la main à un prix très attractif, à moins de 200 euros. Les tapisseries tirées à quatre ou huit exemplaires sont quant à elles plus rares et peuvent se vendre à quelques milliers d’euros, avec en tête Jean Lurçat et Dom Robert dont les œuvres ont été adjugées jusqu’à 49 000 euros, depuis 2016.
Les tapisseries adjugées depuis 2016
Dom Robert, une valeur sûre
Adjugée 49 000 euros par Maître Philippe Amigues le samedi 18 février 2017 à l’Hôtel des ventes du Tarn à Albi, cette tapisserie de Guy de Chaunac-Lanzac dit Dom Robert (1907-1997) a dépassé de deux fois son estimation haute fixée à 20 000 euros et s’impose parmi les plus belles adjudications de cet artiste moine bénédictin dont l’univers inspire l’allégresse. « Ce beau résultat s’explique par la rareté, détaille le commissaire-priseur. Dom Robert est un artiste qui a produit très peu ». Prêtre à l’abbaye d’En-Calcat dans le Tarn, il est remarqué par Jean Lurçat en 1941 qui s’émerveille devant ses natures chamarrées et luxuriantes, peuplées d’animaux. Une rencontre qui conduira le religieux à entamer une collaboration avec la tapisserie d’Aubusson.
Retour des tableaux tissés
Cette pièce de la manufacture familiale de Robert Four à Aubusson, tissée en Tunisie autour de 2002, a été adjugée 4 500 euros par Maître Eric Sanson le 15 avril 2017 à La Baule. Une belle surprise pour cette œuvre estimée entre 1 600 et 1 800 euros. « La tapisserie est dans l’air du temps, explique le commissaire-priseur. Les enchérisseurs, essentiellement français, étaient très nombreux sur le Live d’Interencheres ». Cette copie tissée de l’œuvre du peintre expressionniste Franz Marc (1880-1916) est caractéristique des reproductions de tableaux qui ont fait les beaux jours d’Aubusson dans les années 1980. La manufacture reprenait des artistes tombés dans le domaine public, tels que les expressionnistes allemands et envoyait ses représentants pour faire du porte à porte et obtenir des commandes.
Une tendance à suivre de près…
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