Un trompe-l’œil qui ne fait pas tapisserie
[Le lot du jour] Avec l’ouverture prochaine de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, le 10 juillet 2016 et la récente demande de la ville d’Angers d’inscrire la médiévale tenture de l’Apocalypse au patrimoine mondial de l’Unesco, la tapisserie revient au cœur de l’actualité et ne fait désormais plus tapisserie. Avant-gardistes en matière de tendances déco, les ventes aux enchères proposent de nombreuses étoffes tissées, à l’image d’un étonnant trompe-l’œil présenté samedi 11 juin 2016 à la Flèche, entre Le Mans et Angers, par Maître Cyril Duval.
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« Il s’agit de quatre planches de bois légèrement bombées et recouvertes d’une tapisserie, détaille le commissaire-priseur. Le motif représenté sur chacun de ces éléments décoratifs est une colonne torsadée appelée « salomonique », du nom du légendaire temple de Salomon qu’elle supportait. Cette référence architecturale à l’Antique se retrouve dans de nombreuses œuvres majeures, comme sur le grand baldaquin de la basilique Saint-Pierre de Rome. »
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Sur la base de ces quatre colonnes tapissées de près de trois mètres de haut figurent des bucranes, ces cranes de bœufs dont les cornes sont ornées de guirlandes de fleurs qui trouvent leur origine dès l’Antiquité. A l’époque de la réalisation de cette tapisserie, entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, les arts décoratifs s’inspirent largement de la civilisation antique. « Louis XIV en personne se passionne alors pour les monnaies et les bustes de l’Antiquité, qu’il se met même à collectionner », rappelle Maître Duval.
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Ces trompe-l’œil, qui datent de la grande époque de la tapisserie, proviennent du château des Vaux, situé près de Chartres, et plus précisément du moment où il était habité par Etienne Jean François d’Aligre (1770-1847). Le sixième marquis du nom l’aura d’ailleurs peut-être lui-même commandé pour orner ses salons ? Lorsque la propriété fut acquise en 1946 par la fondation des orphelins apprentis d’Auteuil pour accueillir des jeunes en difficulté, les colonnes sont alors récupérées par les descendants d’Aligre. Mais suite au départ de sa demeure angevine, la dernière héritière du marquis a confié au commissaire-priseur la vente de ses souvenirs, dont « ces quatre colonnes salomoniques d’une grande fraîcheur et d’une rare originalité qui seront proposées avec une estimation de 1 500 à 3 000 euros ». .
Lien vers l’annonce de vente du lot
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