Le 26 mai 2023 | Mis à jour le 26 mai 2023

L’atelier de Jean Thomas vendu aux enchères à Deuil-la-Barre

par Diane Zorzi

Le 30 mai à Deuil-la-Barre, près de Paris, Jules et Valérie Régis disperseront le fonds d’atelier de Jean Thomas, un peintre méconnu qui, après des débuts dans le sillage de Léger et Matisse, livra après-guerre des paysages d’un réalisme quasi-photographique. Découverte d’un peintre virtuose qui s’épanouit dans les voyages, à travers la France et le monde.

 

Les habitués des salles des ventes le savent, les ventes de fonds d’atelier sont souvent l’occasion de faire des découvertes artistiques réjouissantes. La vacation que s’apprête à organiser Jules Régis en est un témoignage probant : elle compte quelques 221 tableaux d’un artiste, Jean Thomas (1923-2019), dont le talent devrait éveiller la curiosité des amateurs. « On ne peut qu’être touché devant son œuvre », estime Jules Régis. En découvrant les toiles entassées dans la propriété de l’artiste, en lisière de forêt à la Celle-Saint-Cloud, le commissaire-priseur a eu un véritable coup de cœur. « Toutes les périodes de production y étaient représentées, de telle manière que l’on peut suivre l’évolution de ses recherches, des premiers tableaux inspirés par Fernand Léger et Matisse aux paysages réalistes. »

 

 

Des portraits matissiens aux paysages réalistes

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Lyon, Jean Thomas expose dès 1946 des œuvres de jeunesse traitées dans le sillage des grands peintres de la modernité. « Les influences de Fernand Léger et Henri Matisse résonnent dans ses premières toiles, souvent dotées de tons sourds, bruns-gris, et on retrouve aussi l’écho des recherches de ses contemporains comme Bernard Buffet, notamment dans sa série sur l’art religieux », détaille le commissaire-priseur.

 

 

A partir de 1955, Jean Thomas s’oriente vers le paysage, qu’il dépeint désormais avec un style très personnel, livrant des représentations d’une précision quasi-photographique. « A travers une étude précise de la lumière et une grande maîtrise picturale, ses œuvres sont le témoignage d’un courant : les paysages réalistes d’après-guerre. » Si Paris et sa région lui offre un terrain de jeu inépuisable, Jean Thomas s’épanouit dans les voyages – à travers le France et le monde, des Etats-Unis à Polynésie. « Il tenait à jour un carnet dans lequel chaque tableau est répertorié et situé, précise Jules Régis. Il est parti s’aventurer aux quatre coins du monde. On peut ainsi suivre ses pérégrinations en Corse, en Normandie, en Auvergne, à New York. » La Grosse Pomme lui inspire des vues industrielles savamment construites, dans lesquelles les lignes appuyées des bâtiments s’effacent derrière la fumée et la brume. « Ce sont mes vues préférées. On y retrouve la force de la technique de l’artiste, sa précision et ses constructions réfléchies. »

 

 

Un peintre virtuose rare sur le marché

Peintre virtuose, Jean Thomas était également doué d’un savoir-faire artisanal étonnant, ainsi qu’en témoigne l’état de conservation de ses tableaux, preuve d’une préparation rigoureuse. « La date précédée de la lettre C au dos des toiles correspond à la date de préparation du support, explique Jules Régis. Jean Thomas laissait en effet plusieurs années (autour de 10 ans) s’écouler entre la préparation et la réalisation de l’œuvre, de telle sorte que les tableaux vieillissent particulièrement bien et semblent même fraîchement sortis du chevalet. »

Peintre de métier, Jean Thomas a exposé à plusieurs reprises à Paris (Galerie d’art de la Place Beauvau, Galerie de la Tournelle), à travers la France et à l’étranger, de Tokyo à Florence et Bruxelles. « Il a participé également à des expositions collectives à Puteaux et Suresnes, un vivier pour tous les jeunes artistes de l’époque. » Si ses œuvres sont présentes dans les collections publiques, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris notamment, elles ont néanmoins rarement eu l’occasion de se frotter au marché des enchères. En 2020, une vente caritative, organisée à l’initiative des héritiers par la maison Ader Entreprises & Patrimoine, mettait en lumière un ensemble de quatre-vingt huiles sur toile de l’artiste. La vente, dont une partie des fonds était reversée à l’Institut Pasteur afin de financer la recherche sur la Covid-19, avait totalisé 31 200 euros d’adjudications, avec un record d’enchères à 2 460 euros pour une vue de New York (New York – Brouillards sur l’Hudson, de 1975). « Il y a vraiment eu de l’intérêt, alors qu’il s’agissait encore d’une vente, et d’ailleurs la dernière, confinée, sans public, se souvient Jules Régis qui a fixé quant à lui des estimations très accessibles, inférieures à 100 euros. « Le marché fera le prix ! »  

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