
Le mécanisme des lampes à huile, de Carcel à Franchot
L’usage de la lampe à huile remonte à la nuit des temps, ainsi qu’en témoigne la découverte de vestiges dans les tombes des pharaons. Au XIXe siècle, Carcel invente un nouveau système, perfectionné par Franchot en 1837. Jacques Dubarry de Lassale décrypte l’évolution du mécanisme de ces lampes à huile, remplacées en 1853 par les lampes à pétrole, à travers l’expertise d’un modèle à modérateur Franchot.
Les lampes à huile ont d’abord été fabriquées en terre cuite, puis en bronze, en fer, en plomb, en verre, en marbre ou encore en argent. Elles pouvaient être dotées d’une multitude de becs, mais les plus communes n’en possédaient qu’un seul. Il existe trois types de fonctionnement des lampes à huile. La mèche peut tremper dans un réservoir et l’huile remonter par capillarité. La mèche peut également être alimentée par un réservoir séparé, supérieur ou latéral, amenant l’huile sous la flamme. Enfin, la mèche peut être baignée par un flux d’huile sous pression, provenant d’un réservoir inférieur. Le modèle que je vous propose d’examiner [photo 1, ci-dessous] fonctionne selon le troisième système.
Les progrès des lampes à huile après 1783
En 1783, le chimiste suisse Ami Argand inventa un brûleur pour lampe à huile qui prit son nom et révolutionna leur usage. Ce brûleur comprenait deux tubes concentriques entourant une mèche de coton. Ce système permettait de laisser passer un double courant d’air [photo 5]. Une double cheminée de verre était placée au-dessus pour accroître le tirage [photo 4], ce qui permettait d’obtenir une lumière d’intensité dix fois supérieure à celle d’une bougie. En 1800, l’horloger Bernard Guillaume Carcel inventa quant à lui un mécanisme d’horlogerie [photo en Une] permettant de conduire l’huile vers la mèche, grâce à un système de pompe aspirante-refoulante. Le réservoir n’avait dès lors plus besoin d’être relevé.
La lampe à huile à modérateur Franchot
En 1837, Franchot perfectionna le modèle de Carcel. Sa lampe à modérateur, prisée des foyers français jusque dans les années 1900, était équipée d’un piston à ressort pour imposer une pression au combustible [photo 6]. A la partie supérieure d’un vase cylindrique et calibré [photo 7] était fixé un ressort à boudin [photo 8], portant à son autre extrémité un large piston. Au centre du piston était fixée une crémaillère, actionnée par un pignon dont l’axe portait une clé de manœuvre [photo 9]. Cette clé servait à faire monter la crémaillère et donc le piston dans la partie supérieure du vase et ainsi à comprimer le ressort. Celui-ci, en se détendant, repoussait le piston pressant l’huile et la force à monter par un tube aboutissant au bec. Le remplissage du réservoir s’effectuait par le haut du vase et l’huile descendait à travers le piston muni d’une soupape. L’action du ressort était freinée par le débit de l’huile à travers un tube étroit. L’huile affluait ainsi comme dans les Carcel et le superflu retombait de lui-même dans le réservoir. Le ressort, comme ceux employés par les matelassiers, était étranglé en sa partie médiane figurant deux cônes assemblés par leur sommet; Cette forme de ressort permettait de minimiser sa hauteur lorsqu’il était comprimé. Cette lampe, dont les formes et quelques autres détails secondaires ont beaucoup varié, n’est inférieure en rien aux lampes à mouvement d’horlogerie. Elle présente un fonctionnement très simple et elle est donc sujette à moins d’entretien. Elle peut être nettoyée ou réparée aisément. Les lampes à huile à modérateur de Franchot sont les dernières à avoir été utilisées avant l’arrivée des lampes à pétrole en 1853.
Photo en Une : Paire de lampes à huile dites Carcel d’époque Restauration, en bronze doré et laqué vert. Fût balustre ciselé de feuilles de lotus et de feuilles d’acanthe. Hauteur : 76 et 79 cm. Largeur : 20 cm. Profondeur : 20 cm. Adjugée 3 600 euros par Osenat le 9 novembre 2021 à Fontainebleau.
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