31 œuvres provenant de la famille Delaroche-Vernet aux enchères à Lyon
par Diane Zorzi
Le 5 juin à Lyon, Agnès Savart dispersera un ensemble exceptionnel de 31 œuvres provenant de la famille Delaroche-Vernet. D’Horace Vernet à Paul Delaroche et Ary Scheffer, la vente invite à une immersion dans la France artistique de la première moitié du XIXe siècle.
[Mise à jour, 12 juin] La galerie de portraits d’Horace Vernet a été préemptée par le Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon pour 42 600 euros (frais inclus), aux côtés des deux batailles esquissées de l’Habra et de Fontenoy pour respectivement 2 560 et 5 120 euros.
La maison Artenchères a adjugé 42 600 euros (frais inclus) une galerie de portraits d’Horace Vernet (1789-1863), hier à Lyon. Cette série, composée de 17 études pour des portraits, a été préemptée par le Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon aux côtés des deux batailles esquissées de l’Habra et de Fontenoy, études pour des œuvres conservées au musée.
« Exceptionnelle par son pedigree, sa variété, sa qualité et sa cohérence, cette collection est une très belle découverte que nous sommes heureux de faire partager à tous les amoureux de l’art du XIXe siècle. Il s’agit d’œuvres très émouvantes par leur spontanéité, entre l’étude, l’esquisse et le bozzetto », annonce Agnès Savart d’Artencheres qui dispersera le 5 juin à Lyon un ensemble de 31 œuvres provenant de la famille Delaroche-Vernet.
Horace Vernet en peintre de bataille et portraitiste
La collection comprend plusieurs œuvres d’Horace Vernet (1789-1863), faisant la part belle à son thème de prédilection, les scènes de batailles. Petit-fils du peintre de marine Joseph Vernet et fils du spécialiste des chevaux Carle Vernet, Horace Vernet s’est attiré très tôt les faveurs de Napoléon Ier, avant de devenir le peintre favori du duc d’Orléans, futur Louis-Philippe. Ses représentations des batailles napoléoniennes et de la conquête d’Algérie connaissent un vif succès. Au gré d’une touche fougueuse et de couleurs vibrantes, le peintre parvient à saisir toute l’intensité dramatique des batailles qu’il représente au sein de vastes panoramas savamment agencés. Un sens de la mise en scène qui se mêle à un soucis du détail historique. Au catalogue de la vente, deux études permettent d’apprécier la précision avec laquelle le peintre croque les faits d’armes – ici, la bataille d’Häbra (1834-1835 et, plus ancienne, la bataille de Fontenoy (1745) montrant Louis XV en triomphe.
Peintre prolixe, Horace Vernet s’est illustré dans tous les genres, et notamment le portrait. A la vente, dix-sept études pour des portraits témoignent encore de la justesse avec laquelle il brosse ses contemporains – ici le duc de Chartres ou encore la duchesse de Mouchy, l’une des muses de Chateaubriand. « D’autres personnages restent à identifier, comme ce magnifique portrait de militaire noir, quand pour d’autres certaines hypothèses sont avancées, du collectionneur Lenoir à l’actrice mademoiselle Mars et au peintre Narcisse Guérin », détaille Agnès Savart.
Horace Vernet (Paris, 1789 – 1863), Dix-sept études pour des portraits. Toile. Hauteur : 57 cm Largeur : 84 cm. Estimation : 10 000 – 15 000 euros.
Paul Delaroche en portraitiste de Napoléon Ier
Horace Vernet côtoie, au sein de la collection, son contemporain Paul Delaroche (1797-1856). S’il se marie en 1835 avec Louise Vernet, la fille unique d’Horace Vernet, Paul Delaroche emprunte une autre voie artistique, excellant dans la peinture de genre historique, préférant aux épopées militaires, les scènes de vie de personnalités illustres, qu’il saisit avec un sens de la théâtralisation. « La belle Louise, trop tôt disparue, devint une icône du romantisme. Elle est omniprésente dans cette vacation où l’on retrouve son portrait à la partition attribué à Jean-Baptiste Isabey, dans lequel elle pose adolescente, ainsi qu’un portrait dans lequel elle est représentée en mère, avec ses deux enfants Horace et Philippe, afin d’illustrer Le petit mendiant, un magnifique tondo d’esprit raphaélesque préparatoire à un tableau aujourd’hui disparu », détaille la commissaire-priseur. De Paul Delaroche, la vente dévoile un portrait au crayon de Napoléon Ier, une étude préparatoire pour le tableau Napoléon dans son cabinet de travail qu’il peint pour lady Sandwich en souvenir de l’année 1837. Un parfait exemple du goût pour l’anecdote historique et la sensibilité dramatique avec lesquels le peintre connut un vif succès.
Vernet, Scheffer, Ledieu, les artistes du cénacle de la rue des Martyrs
Au catalogue se croisent les peintres majeurs de la première moitié du XIXe siècle. « C’est un jeu de correspondances sans fin à travers une collection familiale unique, s’enthousiasme Agnès Savart. Parfois même à travers une seule et même œuvre, comme le très représentatif portrait de Marie-Louise Ledieu, réalisé à deux mains par Ary Scheffer et le père du modèle, Charles-Antoine Ledieu ! » Ce dernier apparaît dans le célèbre Atelier de M. Horace Vernet (1820) où il s’adonne à un duel au fleuret avec le maître des lieux. Le tableau fut exposé par Vernet dans son atelier de la rue des Martyrs. Ce petit cénacle forme, jusqu’à la mort de Géricault en 1824, une fraternité artistique. Il réunit des maîtres et élèves partageant les mêmes affinités artistiques et politiques, à l’instar d’Horace Vernet, Ary Scheffer et Charles-Antoine Ledieu qui s’y rencontrent régulièrement. « Cette vente est l’occasion d’une immersion dans la France artistique de cette première moitié du XIXe siècle. Il est très émouvant de voir se croiser tous ces peintres fameux. »
Ary Scheffer (Dordrecht 1795 – Argenteuil 1858) et Charles-Antoine Ledieu (1794 – 1878), Portrait de Marie Louise Ledieu (1828 – 1888). Toile d’origine. Hauteur : 41 cm Largeur : 30 cm. Estimation : 3 000 – 4 000 euros.
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