Le 3 novembre 2019 | Mis à jour le 3 novembre 2019

Artissima 2019 : les 10 œuvres incontournables

par Alexia Lanta Maestrati

A Turin, début novembre, les visiteurs se pressent tout autant pour le début de la saison de la truffe que pour la très belle foire d’art contemporain Artissima. Ce 26e millésime qui a ouvert ses portes le 31 octobre rassemble 208 enseignes, dont 63% étrangères. Sa grande particularité est sa scénographie particulièrement soignée car créée et organisée par des commissaires d’expositions. Voici notre sélection de dix œuvres à ne pas rater.

 

1. L’arbre de Giuseppe Penone

Turin est, avec Rome, le berceau de l’arte povera, dont Giuseppe Penone est un éminent représentant. Cette installation est emblématique de l’oeuvre de l’artiste du Piémont puisqu’elle reprend l’un de ses premiers travaux de 1968 dans lequel il creusa son poing dans un jeune arbre. L’imposante sculpture de bronze représente l’arbre à trois âges différents (6, 8 et 12 ans), avec la trace de la main de l’artiste.

 

Giuseppe Penone, Trattenere 6, 8, 12 anni di crescita (Continuerà a crescere tranne che in quel punto), 2004-2016. Galleria Tucci Russo (Turin). © Alexia Lanta Maestrati

 

2. Les clichés de Marcel Bascoulard

Artissima se déploie également dans le centre de Turin à Jana, une ancienne boutique de vêtements, pour l’exposition Abstract Sex, autour du désir. On y voit entre autres les clichés de l’artiste au destin maudit Marcel Bascoulard (1913-1978). Parti vivre à Bourges, pour suivre sa mère emprisonné après avoir tué son père, le photographe mena une vie de sdf avant d’être lui aussi assassiné en 1978. Il réalisa au cours de sa vie une série de clichés dans laquelle, travesti, il prend les attributs tour à tour d’une bourgeoise élégante, d’une jeune femme avant son mariage ou d’une femme au foyer vêtue d’un tablier. 

 

Marcel Bascoulard. Galerie Christophe Gaillard (Paris). © Alexia Lanta Maestrati

 

 

3. Un miroir de Michelangelo Pistoletto

Artissima a aussi investi l’Officine Grandi Riparazioni au coeur de la ville, avec l’exposition Artissima Telephone. Dans l’exposition, comme dans la foire, sont montrées plusieurs oeuvres de Michelangelo Pistoletto, dont les travaux sont régulièrement proposés aussi bien aux enchères que dans les grandes manifestations internationales (Fiac, Frieze, Art Basel). Ici, l’artiste italien offre une réflexion sur la communication en utilisant comme support le miroir, élément récurrent de son travail.

 

Michelangelo Pistoletto, Smartphone – giovane con borsa, 2018. Galleria Giorgio Persano (Turin). © Alexia Lanta Maestrati

 

4. L’Amérique de Lynne Cohen

Parmi les sept secteurs de la foire turinoise, Back to Futur propose de s’attarder sur des pionniers de l’art contemporain, parfois oubliés. C’est le cas de Lynne Cohen (1944-2012), photographe québécoise qui documenta l’Amérique de la classe moyenne. Ses clichés sont caractérisés par le noir et blanc, l’absence de présence humaine et une certaine sensation de malaise. 

 

Lynne Cohen. In Situ – Galerie Fabienne Leclerc (Paris). © Alexia Lanta Maestrati

 

5. Les sculptures de Berlinde De Bruyckere

La sculptrice belge, Berlinde De Bruyckere, a une riche actualité à Turin puisqu’elle est également montrée à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo. Elle représenta son pays à la Biennale de Venise en 2015, puis fut exposée à celle d’Istanbul en 2017. Souvent grands formats, voire monumentales, ses œuvres ont toujours un aspect critique envers l’humain.

 

Berlinde De Bruyckere. Continua (San Gimignano, Beijing, Les Moulins, Habana) © Alexia Lanta Maestrati

 

6. Lucio Fontana sur les ruines de son studio

L’artiste chilien, Alfredo Jaar, a acheté les droits et a agrandi cette mystérieuse photographie, dont on ne connaît pas l’auteur. On y voit Lucio Fontana, se tenir devant son atelier détruit. Le peintre argentin, de retour après un voyage en Amérique du Sud, retrouva son atelier italien anéanti par les bombes de la Seconde Guerre mondiale en 1946.

 

Alfredo Jaar, Milan, 1946, Lucio Fontana visits his studio on his return from Argentina. Galleria Lia Rumma (Milan). © Alexia Lanta Maestrati

 

7. Les oeuvres sur papier de Anna Maria Maiolino

Parmi les sections de ce millésime, le secteur des oeuvres sur papier vaut particulièrement le détour. Signalons notamment celui de Raffaella Cortese (Milan), qui montre une sélection d’oeuvres de l’artiste italienne brésilienne Anna Maria Maiolino. Ses travaux prennent racine aussi bien dans l’imagerie associée aux femmes que dans son expérience de la dictature et de la censure du Brésil des années 1970-1980.

 

Anna Maria Maiolino, encre et acrylique sur papier, 2013. Courtesy of the Artist and Galleria Raffaella Cortese, Milan. Gallery Galleria Raffaella Cortese.

 

8. Les tissus colorés de Caterina Silva

La foire offre une place importante aux artistes émergents notamment dans le secteur Present Future. Les grands formats hauts en couleur de Caterina Silva sont libres d’interprétation. La jeune artiste italienne a une formation en philosophie et en scénographie. Son travail est le résultat de son attrait pour le théâtre et les performances, mais aussi pour le hasard, puisqu’elle laisse les couleurs fuser sur le tissu sans le moindre contrôle.

 

Caterina Silva, Parade, 2019. Bosse & Baum (Londres). © Alexia Lanta Maestrati

 

9. La matérialisation des data de Caline Aoun

Cette édition propose un focus sur les pays du Moyen-Orient, l’occasion d’y découvrir des galeries venues de latitudes plus lointaines. L’enseigne libanaise Marfa présente Time travel de Caline Aoun qui questionne la digitalisation en donnant une matérialité au data. Cette série a également été montrée cette année à la Biennale de Sharjah, à Charjah dans les Émirats arabes unis.

 

Caline Aoun, Time travel (2019). Marfa (Beyrouth). © Alexia Lanta Maestrati

 

10. L’autocensure de İhsan Oturmak

Parmi les galeries du Moyen-Orient, signalons le stand de Öktem Aykut (Istanbul) qui propose les sculptures de İhsan Oturmak. Ces personnages, se tenant face aux murs, attendent d’être arrêtés par une autorité pourtant absente de l’oeuvre. Ces sculptures font écho au thème de cette édition d’Artissima Dialectique, entre désir et censure. Elle dénonce également la censure et les nombreux problèmes politiques auxquels la Turquie fait face. 

 

İhsan Oturmak, The coast is clear (2019). Öktem Aykut (Istanbul). © Alexia Lanta Maestrati

 

 

 

Photo en Une : Vue d’Artissima 2019 – preview day © Photo Perrotino – Piva – Bottallo / Artissima

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