
Botero et la tauromachie : un portrait de Picador aux enchères aux Andelys
Le 26 avril aux Andelys, le commissaire-priseur Philippe Thonier dévoilera aux enchères un portrait de Picador peint par Fernando Botero en 2018. Estimée entre 150 000 et 300 000 euros, cette huile sur toile a été acquise directement auprès du studio monégasque de l’artiste.
Fernando Botero (1932-2023) découvre très jeune l’univers de la tauromachie. Son oncle, fervent amateur de corrida, l’inscrit en 1944 dans une école taurine. L’expérience, loin d’être heureuse — il en gardera une peur tenace des taureaux —, marquera pourtant durablement son œuvre. Dès ses premiers dessins, toreros et taureaux deviennent ses sujets de prédilection – « ma première passion a été les taureaux », confiait ainsi le peintre. En 1983, après avoir assisté à une corrida à Medellín, sa ville natale, il se remet à explorer ce motif avec ferveur. Pendant deux ans, il ne peint presque que des scènes taurines, rejoignant ainsi la lignée de grands artistes comme Goya, Manet ou Picasso, eux aussi fascinés par cette tradition millénaire. « La corrida elle-même est l’une des plus anciennes traditions au monde, dont les racines remontent aux premières peintures rupestres d’Espagne et de l’Empire romain découvertes dans des grottes en Espagne et en France. Sa forme actuelle remonte à la première moitié du XVIIIe siècle avec le matador Francisco Romero. Elle se déroule selon un rituel et des modalités définies par le torero Francisco Montes, auteur d’un traité de tauromachie paru en 1836. Après le paseo, qui est le défilé initial de tous les participants, le combat se divise en trois tercios. Le premier tercio consiste en un affrontement entre deux picadors et le taureau. Ils le blessent à l’aide d’une longue pique, ce qui permet à la fois de l’affaiblir et d’évaluer son comportement », explique l’expert Marc-Henri Tellier qui présente aux enchères avec le commissaire-priseur Philippe Thonier un portrait de Picador peint par Botero en 2018.

Fernando Botero (1932-2023), Le Picador, 2018. Huile sur toile signée en bas à droite et datée. 61 x 50 cm. En vente chez Andelys enchères le 26 avril. Estimée 150 0000 – 300 000 euros.
Un portrait de Picador peint par Botero en 2018
Dans notre tableau, le picador est représenté en buste et de profil, sur un fond presque uniforme de couleur verte. Sa posture figée et son visage dénué d’expression évoquent le hiératisme propre à l’art égyptien antique. Le protagoniste porte une chaquetilla en satin de soie richement brodée, ainsi qu’un chapeau en feutre de castor, le traditionnel castoreño. Avec ce portrait, Botero affirme son style singulier, dessinant une silhouette ronde et voluptueuse, tout en s’inspirant de l’art précolombien et des maîtres de la Renaissance italienne tel Piero della Francesca. « Botero apporte au thème de la tauromachie son propre style. Il est un peintre soucieux de l’organisation de l’espace, d’une sérénité de la forme et d’une harmonie des couleurs. Il affirme son non-conformisme artistique à travers une thématique traditionnellement conformiste et a propulsé ce genre historique vers la modernité », conclut l’expert. Acquise auprès du studio de l’artiste à Monaco, l’œuvre est estimée entre 150 000 et 300 000 euros.