
Chaissac, Léger, Combas : la collection d’un mécène de l’art moderne aux enchères à Senlis
Éminent cancérologue et insatiable collectionneur d’art, Max Dana soutint sa vie durant la création artistique, organisant maints événements et réunissant un ensemble d’œuvres d’artistes modernes, de Fernand Léger et Gaston Chaissac à Jean Le Moal et Robert Combas. Constituée au gré de rencontres, sa collection sera dispersée par Maître Dominique Le Coënt-de Beaulieu samedi 8 juin 2019 à Senlis et sur le Live d’Interencheres. Au programme, un ensemble éclectique de plus de trois cents tableaux, dessins, sculptures, meubles jetant un regard neuf sur l’art du XXe siècle.
Emil Georg Bührle (1890-1956) au Musée Maillol, Samuel Courtauld (1876-1947) à la Fondation Louis Vuitton… A l’heure où les expositions dédiées aux grands collectionneurs et mécènes ont le vent en poupe, la collection de Max Dana sera dispersée aux enchères samedi prochain par Maître Dominique Le Coënt-de Beaulieu à Senlis et sur le Live d’Interencheres. Passionné d’art, ce cancérologue de renom consacra son temps libre à arpenter les galeries et ateliers, aux côtés de son épouse Hélène, à la recherche de nouveaux artistes dont il devint à la fois le collectionneur, mécène et ami.

Robj, Paris (Maison fondée en 1908 par Jean Born) Éditeur – Francis Thieck Sculpteur – Manufacture de céramique Fau & Guillard, « Hélios » la version à l’or, le modèle créé vers 1925 et présenté au Salon des Artistes Décorateurs, Paris, 1928. Épreuve en céramique émaillée blanc finement craquelé et rehaussée à l’or au four pour partie. Le dessus de la terrasse marbré argent, sa tranche dorée. Édition ancienne des années 1925/30. Marqué sur la terrasse et au revers des cachets d’éditeur et de manufacture. (Infimes petits éclats épars et très légères usures éparses à l’or) Haut. : 40 cm – Larg. : 41 cm – Prof. : 12 cm. Estimation : 2 000 – 3 000 euros.
L’Œil Neuf d’un mécène engagé dans la promotion de l’art moderne
« Max Dana fut initié à l’art, dans un premier temps, par l’un de ses anciens patients Max Kaganovitch lui-même galeriste et grand collectionneur de tableaux impressionnistes aujourd’hui visibles au musée d’Orsay, détaille Maître Le Coënt-de Beaulieu. Mécène à ses heures, il aidera de nombreux artistes en leur achetant des toiles et en les exposant dès que cela lui était possible. Nombre d’entre eux deviendront ainsi ses amis à l’instar de Kijno, Féraud, Maréchal, Jacques Lagrange, Komet, Michelot, puis plus récemment Sylvie Kajman, Louise Barbu ou Barbara Navi.» Organisant des expositions à l’hôpital de Poissy ou au Centre des Arts et Loisirs du Vésinet, c’est une fois à la retraite qu’il s’engage plus encore dans la promotion de l’art de ses contemporains, créant l’association L’Œil Neuf en 2000, avec l’aide de l’imprimeur d’art Jacques Marquet. « Avec cette association, destinée à promouvoir l’art moderne et contemporain auprès des néophytes, il s’attèle à la réalisation d’un DVD d’initiation à l’histoire de l’art moderne, organise des conférences, des visites d’ateliers, de musées ou de maisons de collectionneurs, ainsi que de nombreuses expositions de ses coups de cœur artistiques dans des lieux tels que le Wood Cottage au Vésinet ou l’Espace Christiane Peugeot à Paris où il donnera, malgré la maladie, une toute dernière conférence, quelques jours avant son décès. »

Fernand LEGER (1881-1955) « Maternité » Bas-relief en plâtre rehaussé en polychromie, signé en bas à gauche, resigné au dos en toutes lettres « Fernand LEGER ». Porte une étiquette marquée « Maison de la pensée française 14-2-54 expo PIGNON ?/27 » et signé Fernand LEGER. (Petite tâche en haut à droite) 28,5 x 19 x 5 cm. Estimation : 6 000 – 9 000 euros.
Une collection éclectique
Sa collection, Max Dana l’a voulue éclectique, associant des œuvres de figures éminentes de l’art moderne – un bas-relief de Fernand Léger, une composition abstraite de Gaston Chaissac [photo en Une], une gouache de Robert Combas, un plat en terre de faïence de Pablo Picasso, une céramique de Robj au style Art déco – à celles d’artistes plus confidentiels.

Yvon Léger (XXe siècle), « Double anneau », sculpture en olivier sur un socle en palissandre. (Fentes) Haut. : 10,5 cm – Larg. : 28 cm – Prof. : 20 cm. Estimation : 500-800 euros.
« La pièce que Max Dana chérissait le plus était une sculpture en bois d’olivier d’Yvon Léger (estimée entre 500 et 800 euros), un artiste qu’il découvrit alors qu’il séjournait dans sa résidence secondaire à Vallauris, poursuit le commissaire-priseur. L’œuvre avait d’ailleurs fait l’objet d’un de ses éditoriaux publié dans L’Œil Neuf, dans lequel il expliquait l’exploit technique de ces deux anneaux maintenus entrelacés par une seule et même pièce de bois et évoluant au gré de la position adoptée. » A Vallauris, Max Dana découvre de nombreux peintres tels qu’André Cottavoz et s’émerveille devant les céramiques de Roger Capron ou Roger Collet.

Bernard Quentin (né en 1923), « La foule », acrylique sur panneau, signée en bas à droite et datée 60. 62 x 47,5 cm. Estimation : 300 – 500 euros.
« Il était aussi particulièrement intéressé par les œuvres à la charnière entre l’art figuratif et abstrait. En témoigne l’acrylique sur panneau de Bernard Quentin (estimée entre 300 et 500 euros) qui, avant de donner à voir une foule, se présente comme une composition abstraite faite de couleurs et de coulures. » Ainsi, au-delà des mouvements, écoles ou styles, la collection de Max Dana est le fruit de rencontres, de découvertes fortuites, de coups de cœur et d’une quête, celle de L’Œil Neuf : « montrer des choses rares, des jeunes émergents, des artistes qui joignent à une maîtrise aboutie un supplément d’âme, une atmosphère, une manière personnelle. »
Découvrez notre sélection parmi les œuvres de la collection Max Dana en vente le 8 juin à Senlis
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