Des projets de décor d’Auburtin pour le Conseil d’État aux enchères en Normandie
À l’occasion de sa prochaine vente d’art et design, Philippe Thonier présentera aux enchères deux rares épreuves en bronze de Salvador DalÃ, ainsi que des projets de décor du « symboliste de la mer », Jean-Francis Auburtin, exécutés autour des années 1920 pour le Conseil d’État à Paris.
Jean-Francis Auburtin (1866-1930) compte parmi les grands décorateurs de la IIIe République. En 1914, l’artiste reçoit une commande des plus prestigieuses : il est chargé de décorer l’escalier d’honneur du Conseil d’Etat à Paris, construit en 1765-1768 par Constant d’Ivry. Il livre une grande composition à la gloire des Alliés, accompagnée d’un Persée et Andromède. Si le projet demeure inabouti, Auburtin obtient une seconde commande, en 1916. Il est cette fois chargé de parer le Salon des Colonnes. Il réalise quatre panneaux aux motifs pastoraux. Un coucher de soleil et une scène de danse, encadrant une fenêtre, côtoient ainsi un Idylle (ou Le Matin) et Le Soir. Des peintures dont une vente aux enchères d’art et design, organisée le 27 novembre aux Andelys et en live, révèle les prémisses, à travers deux projets exécutés sur toile et carton : Le Soir (15 000 – 20 000 euros) et Deux Isadorables près du lac (5 000 – 7 000 euros).
Des paysages édéniques, à mi-chemin entre l’impressionnisme et le symbolisme
Au sein de cet ensemble décoratif, achevé en 1924, Auburtin renoue avec les pastorales peuplées de nymphes, bergers et chevriers, avec lesquelles il s’était illustré avant-guerre. Ces peintures évoquent les paysages, à mi-chemin entre l’impressionnisme et le symbolisme, qu’il livre à l’aube du XXe siècle, au gré de ses pérégrinations en Normandie et en Bretagne, où il travaille sur le motif avant de recomposer à l’atelier une nature silencieuse et éternelle, théâtre d’un Âge d’or.
Sa vie durant, Auburtin a su imposer un style personnel, dont témoignent ces deux études préparatoires mises en vente aux Andelys. Des fresquistes de la Renaissance italienne, découverts à la faveur d’un voyage avec son épouse dans les années 1890, il retient l’attrait pour une nature monumentale – ici des falaises imposantes se dessinent, invitant le regard à embrasser l’horizon. Ce paysage, il tente de le saisir au gré des variations de lumière, s’inscrivant dans le sillage de Boudin ou Monet. Mais il se distingue de ces peintres sur le motif par son sens de la composition. Il dépouille ainsi ses toiles de tout détail superflu et anecdotique, pour ne retenir que l’harmonieux union entre une nymphe et une clairière, un berger et son troupeau. Ce goût de la simplification, Auburtin le doit au maître symboliste Puvis de Chavannes, ainsi qu’à la découverte des estampes japonaises, dont il embrasse l’attrait pour les aplats, réduisant considérablement sa gamme de couleurs.
« Le beau peintre harmonieux des cygnes… Francis Auburtin, l’idéaliste, qui sut mettre un peu de joie quiète et de rêve hellénique aux murs des demeures… peintre d’une protestation hautaine, indiciblement, vertueusement nostalgique », résumait le critique d’art Louis Vauxcelles.
Enchérir | Suivez la vente d’art et design le 27 novembre en live sur interencheres.com
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