Le 24 janvier 2022 | Mis à jour le 24 janvier 2022
Des souvenirs de la comédienne Marie Bell dispersés aux enchères à Paris
par Diane Zorzi
Le 11 février à Paris, François et Sandrine Dupont disperseront aux enchères la collection de l’actrice, comédienne et dramaturge Marie Bell. Des décors de théâtre de Jean Hugo aux documents autographes de Jean Cocteau, cette vente livre un témoignage exceptionnel du monde artistique de la première moitié du XXe siècle.
« La vente des souvenirs littéraires de Marie Bell dresse le portrait d’une artiste hors du commun et un passionnant tableau du monde vibrant dans lequel elle a vécu », annonce l’ancien Ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon. Marie Bellon (1900-1985), dite Marie Bell, a incarné au théâtre les plus grands rôles féminins, de Roxane, lors de l’entrée de Cyrano de Bergerac au répertoire de la Comédie Française en 1938, à Phèdre qu’elle interprète avec un tel talent qu’André Malraux l’érige en exemple du « génie français ». Comédienne dramatique à la Comédie française et au théâtre du Gymnase qu’elle dirige pendant 25 ans, Marie Bell s’illustra également à l’écran, jouant pour les plus grands cinéastes tels Henri Georges Clouzot, Abel Gance, Julien Duvivier ou Luchino Visconti. Autant de facettes que la vente aux enchères orchestrée par François et Sandrine Dupont révélera le 11 février prochain à travers la dispersion d’ouvrages, documents autographes et tableaux modernes conservés jusqu’à ce jour par la famille de l’actrice et dramaturge.
Des esquisses de décors de Jean Hugo
Des pièces dont Marie Bell tint le rôle vedette demeurent les esquisses des décors conçus par Jean Hugo (1894-1984) pour Antoine et Cléopâtre, Andromaque ou Phèdre. Ce peintre et décorateur qui collabora notamment avec Pablo Picasso, Max Ernst et Jean Cocteau, lui fit don de plusieurs gouaches et paravents qu’il accompagnait de dédicaces affectueuses témoignant de leur relation intime : « A Marie mon serpent du vieux Nil amoureusement », « A Marie suave autant que la myrrhe », « A Marie avec qui ont voudrait consumer en baiser des royaumes ». Jean Hugo et Marie Bell se rencontrèrent en 1942, année au cours de laquelle la comédienne incarnait sur les planches le personnage d’Andromaque. « Jean Hugo ne sera pas associé à cette pièce mais ses décors seront utilisés l’année suivante pour Phèdre, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault », précisent les commissaires-priseurs. « J’assistai au premier acte sur le plateau, se souvient Jean Hugo. Marie Bell avait la couleur d’une perle dans des draperies couleur sang. »
Des œuvres et documents autographes de Gen Paul, Cocteau et Céline
Ces témoignages d’affection, Marie Bell en reçut de maintes personnalités, à l’instar des peintres Gen Paul et Christian Bérard, dont elle possédait plusieurs œuvres, du Ministre de la Culture de l’époque, André Malraux, ou encore des écrivains Jean Cocteau, André Gide, Louis Ferdinand Céline et Jean-Paul Sartre, dont la vente dévoile un ensemble de documents autographes et livres dédicacés. « Les grands auteurs de son temps manifestèrent leur marque d’amitié en lui offrant leurs œuvres sur grand papier ou accompagnés d’envois conservés par la tragédienne en témoignage de leur fidélité », expliquent François et Sandrine Dupont. Une note manuscrite de trois pages de Jean Cocteau (1 500 – 2 000 euros) et une édition originale de Mort à crédit de Céline, avec envoi (6 000 – 8 000 euros) côtoient ainsi à la vente un ensemble exceptionnel de livres illustrés à l’eau-forte, à la pointe sèche ou à l’aquatinte par Picasso. « Cette vente fait bien œuvre d’histoire, conclut Jean-Jacques Aillagon. Elle contribue à ce travail incessant d’édification de la mémoire des choses et de la compréhension de leur cours. Elle conserve la trace de nombreuses petites histoires et les échos qu’on y retrouve nous introduisent également dans le champ bouleversant de l’Histoire tout court. »
Jean Cocteau. Très belle louange manuscrite à Marie Bell, de 3 pages (21×27) de 35 lignes. Encadrée sous verre. « Salut à Marie Bell Madame Marie Bell témoigne d une grande race éteinte, et, loin d être une dernière écume de cette ancienne vague, elle en témoigne avec sa jeunesse, à l âge où les femmes hésitent entre le fruit et la fleur. Cette grande race morte n est autre que celle des tragédiennes. Aujourd’hui la frimousse remplace le visage, le naturel, la transcendance des sentiments, le charme, la crise, les voix acides, l organe grave et parfois même enroué dont le timbre de madame Yvonne de Bray donna l exemple. [Seulement madame Yvonne de Bray symbolise les reines de comédie et madame Bell les reines de tragédie, un de ces « monstres sacrés » que drape la pourpre des Césars et le sang des héros. [L’admirable chez madame Marie Bell c est qu’elle semble jouer en se jouant, alors que sa bouche hausse la moindre syllabe jusqu’au relief d une phrase ou d un geste. [Soit qu elle traîne à sa suite la honte innocente de Phèdre, la douce détresse de Bérénice, l orgueil outragé d Agrippine, c est toujours la tragédie assise sur son trône rouge et or, le vrai’ théâtre qui triomphe, sans oublier les feux du lustre que Charles Baudelaire préférait au spectacle. Jean Cocteau (avec son étoile) ». Estimation : 1 500 – 2 000 euros.
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