Le 20 février 2025 | Mis à jour le 18 mars 2025

Deux œuvres inédites de René Magritte ressurgissent aux enchères à Caen

par Magazine des enchères

Le 8 mars à Caen, deux œuvres rares de René Magritte seront dévoilées pour la première fois aux enchères. Elles ont été acquises par le cinéaste Ernst Moerman directement auprès de l’artiste surréaliste et demeuraient depuis conservées dans la même famille.

 

Alors que se sont achevées en décembre dernier les célébrations du 100e anniversaire de la naissance du Surréalisme, la commissaire-priseur Solène Lainé s’apprête à dévoiler aux enchères deux œuvres inédites d’un des maîtres du mouvement, René Magritte (1898-1967). « Quelle surprise extraordinaire de découvrir ces deux œuvres de Magritte, enrichie par la révélation de leur provenance », s’enthousiasme la commissaire-priseur. Les deux pièces – une huile sur bois et galet, ainsi qu’un dessin – proviennent de la collection d’Ernst Moerman, avocat, écrivain et cinéaste belge qui en fit l’acquisition directement auprès de l’artiste. « Elles ont été conservées depuis dans la même famille, transmise par descendance. »

 

Un tableau-objet et un dessin, deux œuvres rares dans le travail de Magritte

Les deux œuvres, alliant délicatesse et audace, donnent un aperçu du génie de René Magritte, mettant en évidence la diversité de son travail. Elles ont été réalisées après 1929, année au cours de laquelle il quitte Paris, pour rejoindre sa Belgique natale, et qui marque une période de transition dans sa carrière. Dans les années 1930, Magritte s’engage dans une production artistique qui mêle humour, poésie et réflexion métaphysique.

« La première œuvre, un tableau-objet, est d’une extrême rareté dans l’œuvre de Magritte », note Solène Lainé. Contrairement à ses séries d’objets tels que les « femmes-bouteilles » ou les masques mortuaires de Napoléon, produits en plusieurs exemplaires, cette œuvre se distingue par sa singularité. Répertoriée comme « objet » dans le Catalogue raisonné de l’œuvre de Magritte rédigé par Sylvester, elle se présente sous la forme d’un petit panneau peint (25,5 x 21 cm) montrant un ciel nuageux au centre duquel est incrusté un galet, le tout évoquant une palette. « Ce type de création, au moyen duquel Magritte explore la frontière entre l’art et l’objet du quotidien, est extrêmement rare sur le marché. Aujourd’hui, seul Le fait primitif (1936), conservé dans une collection privée à New-York et recensé dans le catalogue raisonné de l’artiste, peut lui être comparé », notent les experts du cabinet Perazzone-Brun.

 

René Magritte (1898-1967), Sans-titre (objet). Huile sur bois et galet. Signé en bas à gauche. 25,5 x 21 cm. En vente chez Caen Enchères le 8 mars à Caen, estimé 150 000 à 200 000 euros.

La seconde pièce, un dessin réalisé aux crayons de couleurs, marque une évolution dans l’œuvre de Magritte, qui explore des thématiques plus lumineuses et intimes. « Les ventes des dessins de qualité de Magritte sont rares, car l’artiste en a produit peu. Ceux qui apparaissent sont souvent des esquisses ou des croquis. Ici, nous avons un dessin abouti, d’une qualité exceptionnelle », précise l’experte Irénée Brun. Représentant un nu féminin, sujet récurrent dans son travail, le dessin renvoie à des œuvres emblématiques telles que La Connaissance naturelle (1941) ou Le Brasier (1945-1946) qui traduisent une quête de «pureté» dans l’expression du mystère. Dans une lettre adressée à Paul Éluard, le 4 décembre 1941, Magritte confie : « Ma crise de fatigue est presque passée et je travaille depuis quelque temps avec intérêt. Il fallait sans doute que je trouve le moyen de réaliser ce qui me tracassait : des tableaux où le « beau côté » de la vie serait le domaine que j’exploiterais. J’entends par là tout l’attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l’atmosphère de bonheur, etc. Et je suis parvenu à renouveler l’air de ma peinture ; c’est un charme assez puissant qui remplace maintenant, dans mes tableaux, la poésie inquiétante que je m’étais évertué jadis à atteindre.»

 

René Magritte (1898-1967), Sans-titre (Nu de face). Crayons de couleurs, signé en haut à gauche. 27 x 24 cm. En vente chez Caen Enchères le 8 mars à Caen, estimé 100 000 à 150 000 euros.

 

Deux œuvres provenant de la collection de l’écrivain et cinéaste Ernst Moerman

Les deux œuvres témoignent du lien privilégié qu’entretenait Ernst Moerman (1897-1944) avec Magritte et le Surréalisme. Ce cinéaste, connu pour son court-métrage Monsieur Fantômas, a également intégré des œuvres de Magritte dans ses créations théâtrales, comme Univers démasqué (1932), présent au cœur de sa pièce Tristan et Yseult en 1936. Expertisées par le cabinet Perazzone-Brun, les deux œuvres ont reçu l’approbation du Comité Magritte et emprunteront le chemin des enchères le 8 mars prochain avec des estimations allant de 100 000 à 200 000 euros.

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