
Deux toiles de Blanche Hoschedé provenant de la collection familiale
Provenant de la collection familiale de l’artiste, deux toiles de Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947) ont été adjugées à 29 760 et 13 640 euros (frais compris) par Maîtres Anne et Charles Gillardeau le 25 mai à Brive-la-Gaillarde. Intimistes et poétiques, proches des œuvres de Claude Monet, elles dévoilaient l’art singulier d’une des dernières figures de l’impressionnisme.
L’« ange bleu » de Claude Monet
Ses toiles se confondent à celles de Claude Monet et pourtant son nom demeure à la marge de l’histoire de l’art : Blanche Hoschedé-Monet est l’une des grandes oubliées de l’impressionnisme. Liée à Claude Monet par alliance familiale, elle fut aussi son unique élève avant de l’assister, au crépuscule de sa vie, dans son dernier chef-d’œuvre, Les Nymphéas – un véritable « ange bleu » dira d’elle son ami Georges Clémenceau. « Blanche est la fille d’Alice Hoschedé, la seconde femme que Monet épouse en 1892 et, alors qu’elle rentre dans la famille de Monet, elle épouse cinq ans plus tard son fils, Jean, devenant ainsi à la fois la belle-fille et la bru de Claude Monet », explique Frédérick Chanoit, expert en art des XIXe et XXe siècles. « Elle vivra même avec lui au décès de son mari en 1914, s’installant à Giverny où elle sera après sa mort en 1926 la gardienne du temple, entretenant son merveilleux jardin qui existe encore de nos jours. »
Deux toiles de Blanche Hoschedé-Monet en vente à Brive from interencheres.com on Vimeo.
L’une des dernières figures de l’impressionnisme
Auprès de Monet, Blanche Hoschedé s’imprègne de la leçon impressionniste, adopte la touche divisée, la juxtaposition des touches de couleurs, le contraste des complémentaires. « Certaines de ses toiles sont d’une extrême proximité avec celles de Monet, poursuit Frédérick Chanoit. Accompagnant le peintre sur le motif, Blanche Hoschedé assimile parfaitement avec le temps le style du maître. En témoigne Le pré aux trois arbres qu’elle peint à Limetz, une commune limitrophe de Giverny. » La toile évoque la célèbre série des peupliers que Monet réalise en 1891. « Les long futs verticaux des arbres contrastent avec la ligne horizontale de la plaine, baignée de l’atmosphère bleutée et rose d’une aube de matin d’hiver. On y retrouve la touche divisée du maître mais il s’en dégage une poésie et une étrangeté tout à fait particulière, propre à l’artiste, avec cette nature brossée dans un univers brumeux. »

Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947), Le pré aux trois arbres à Limetz, huile sur toile, signée en bas à gauche, titrée au dos sur le châssis, 73 x 73 cm. Adjugé à 29 760 euros (frais compris).
Vente de deux toiles provenant de la collection familiale de Blanche Hoschedé
Mise aux enchères par Maîtres Anne et Charles Gillardeau le 25 mai dernier à Brive-la-Gaillarde, la toile était restée jusqu’alors par descendance dans la famille de la filleule de Jean-Pierre Hoschedé, frère de Blanche, avec une marine de 1932 également proposée à la vente. « Cette dernière est intéressante car les tableaux de bord de mer sont rares dans l’œuvre de Blanche Hoschedé, note l’expert. La marée basse laisse à penser qu’elle a été peinte en Bretagne ou aux environs de la propriété de son ami Georges Clémenceau en Vendée. »

Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947), Bord de mer, huile sur toile, signée en bas à gauche et datée 1932, 50 x 65 cm. Tampon de la Maison L. Besnard au dos de la toile. Adjugé 13 640 euros (frais compris).
Deux œuvres adjugées jusqu’à 29 000 euros
Peu connue du grand public, Blanche Hoschedé est entrée progressivement dans l’histoire de l’art à la faveur d’expositions au musée de Louviers en 2010 et au musée de Vernon en 2017. Si ses œuvres restent encore relativement accessibles, elles séduisent de plus en plus de collectionneurs qui n’hésitent pas à pousser les enchères. En témoigne l’adjudication record enregistrée en 2015 à Londres pour une toile figurant l’étang du jardin de Claude Monet adjugée à plus de 130 000 euros. « Le pré aux trois arbres à Limetz a quant à lui été adjugé à 29 760 euros (frais compris), tandis qu’il fallait compter 13 640 euros (frais compris) pour le bord de mer, détaille Maître Anne Gillardeau. C’était en quelque sorte un moyen de s’offrir un tableau impressionniste sans débourser autant que pour un Monet dont on connaît les prix records enregistrés aux enchères ! » « Les deux toiles étaient vendues à Brive-la-Gaillarde aux côtés de plus de 350 lots retraçant quatre siècles d’histoire, de la première moitié du XVIIe siècle à l’aube de l’art moderne, avec des artistes célèbres tels que Georges Braque ou Pablo Picasso », conclue Maître Charles Gillardeau.
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