Gallé, Legras, Muller : les maîtres verriers s’invitent aux enchères à Vichy
La maison Vichy Enchères dévoilera à la vente le 17 août un bel ensemble de vases signés de maîtres de l’Art nouveau. Focus sur quatre vases Gallé, Legras, Muller et Delatte.
A l’aube du XXe siècle, les arts du feu connaissent un regain d’intérêt auprès des artistes qui, à l’avènement de l’Art nouveau, rivalisent d’inventivité pour renouveler cette discipline ancestrale. La céramique laisse entrevoir ses imperfections de cuisson, le verre multicouche regagne ses lettres de noblesse, l’acide s’invite sous l’impulsion d’Emile Gallé… A ce terrain de jeu privilégié des maîtres de l’Art nouveau, une vente prévue à Vichy le 17 août dévoile un florilège. Focus sur quatre vases signés Legras, Gallé, Delatte et Muller.
Un vase au décor d’eucalyptus par Emile Gallé
Avec Louis Majorelle, Antonin Daum et Eugène Vallin, Emile Gallé (1904-1936) fonde en 1901 l’Ecole de Nancy, une association visant à promouvoir les industries et artisanats d’art lorrains. Fers de lance de l’Art nouveau, les artistes de l’Ecole de Nancy puisent leur inspiration dans l’art gothique, le rococo, l’art islamique, mais plus encore dans la nature – ici, un décor dégagé à l’acide de branches d’eucalyptus. Nommé membre de la commission de surveillance du jardin botanique de Nancy, Emile Gallé se passionnera toute sa vie pour les plantes, dont il cultive maintes espèces dans son jardin du 2 avenue de la Garenne, à Nancy. Entrepreneur à succès, il voit à maintes reprises ses œuvres novatrices copiées par des ateliers concurrents, une pratique qui le conduit à déposer plusieurs brevets pour protéger ses inventions, comme la marqueterie de verre ou la patine sur cristal et sur verre. Le succès est tel que l’entreprise perdure après sa mort en 1904, produisant de nombreuses pièces d’après ses modèles et techniques, sous l’appellation « Etablissements Gallé ».
Un vase d’Auray de François-Théodore Legras
Comme Emile Gallé, François-Théodore Legras (1839-1916) a participé à hisser la verrerie au rang d’art majeur. Originaire des Vosges, où il se forme à la verrerie, il rejoint à l’âge de 24 ans la région parisienne, embauché comme commis à la verrerie de la Plaine Saint-Denis, où il établira ses ateliers. Il se fait connaître notamment avec ses vases arborant des motifs floraux et paysages, souvent inspirés des forêts vosgiennes, gravés ou émaillés sur du verre coloré – ici, un vase marmoréen émaillé d’un papillon et de muguet. Au contraire d’Emile Gallé, qui privilégiait l’expérimentation artistique, Legras conjugue son savoir-faire artisanal à la production en série, rendant ainsi l’art verrier plus accessible.
Un vase aux œillets des frères Muller
Originaires de la région de Lunéville, en Lorraine, les huit frères Muller, dirigés par Henri, Désiré et Eugène, se sont formés dans les ateliers d’Émile Gallé, avant de fonder leur propre verrerie en 1895 à Lunéville, puis à Croismare en 1919. Leur production se caractérise par une grande diversité de techniques, à l’instar du verre gravé, du verre soufflé et du verre émaillé, autant de supports qui accueillent les motifs naturalistes et floraux qui leur sont chers – ici un enchevêtrement d’œillets. L’entreprise Muller est particulièrement prospère durant l’entre-deux-guerres, période durant laquelle les frères ont su s’adapter au goût de leurs contemporains en intégrant des éléments du style Art déco, à travers des lignes davantage géométriques.
Un vase au décor de digitales par André Delatte
S’il est davantage connu pour ses créations Art déco, André Delatte (1887-1953) débute avec une production verrière aux motifs floraux caractéristiques de l’Art nouveau. Originaire de Nancy, cet ingénieur de formation se tourne vers la verrerie après la Première Guerre mondiale. Il fonde son premier atelier en 1919 à Nancy, avant d’ouvrir en 1921 son premier four, une petite fabrique de verre où il produit des pièces sous la marque « Verreries de l’Est ». Il excelle particulièrement dans la technique du verre multicouche à travers laquelle il crée d’étonnants camaïeux – ici un camaïeu de mauve pour dessiner d’élégantes digitales. Une maîtrise qui contribuera, avant sa liquidation dans les années 1930, au succès de la fabrique dont la main-d’œuvre passe d’une trentaine à une soixante d’ouvriers qualifiés.
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