Horlogerie : la montre Mido de Jean Bugatti et un rare coffret Breguet en vente à Bordeaux
Le 12 juin, l’hôtel des ventes Bordeaux Quinconces mettra à l’encan une centaine de références des plus grandes manufactures horlogères pour une estimation globale de 800 000 euros. Une riche vacation au sein de laquelle les enchérisseurs pourront notamment retrouver la montre Mido personnelle de Jean Bugatti ainsi qu’un rare et inédit coffret signé Breguet.
Ce n’est désormais plus un secret pour personne : la province recèle de nombreux trésors qui apparaissent ici ou là sous le marteau de divers commissaires-priseurs à l’image des belles (re)découvertes de dessins ou tableaux de maîtres stockés dans de vieux greniers poussiéreux. Et au-delà de ce constat, les régions occupent une place de plus en plus importante sur l’échiquier du marché de l’art français et plus spécifiquement des enchères avec des vacations soignées et de qualité, notamment en matière d’horlogerie de collection, un secteur bien particulier. « Si les vacations thématiques d’horlogerie sont encore peu nombreuses en province, nous assistons à une réelle émulation hors de Paris pour ces objets pointus », confie l’expert en montres de collection et joaillerie Alexandre Léger. La capitale girondine est aujourd’hui bien installée dans le paysage des enchères de haute horlogerie avec l’étude Bordeaux Quinconces. La maison organise d’ailleurs le 12 juin, sa dixième vente thématique d’horlogerie, avec les experts Alexandre Léger et Jean-Christophe Guyon. « Pour ce nouvel opus, cent pièces seront offertes aux enchères pour une estimation d’environ 800 000 euros [sans compter la partie bijoux, Ndlr]. La vacation est intéressante d’un point de vue historique et balayera l’histoire de l’horlogerie classique. Les provenances sont saines et les modèles en bon état de conservation. Deux critères clés pour nos collectionneurs », souligne Jean-Christophe Guyon.
Des pièces historiques et introuvables sur le premier marché
« Comme à notre habitude, cette vente mettra l’accent sur différents critères nous tenant à cœur et en outre demandés par les collectionneurs tant français qu’internationaux. Trois grandes parties rythmeront la journée avec une première thématique liée à l’automobile, une seconde mettant à l’honneur les complications des grandes manufactures suisses et enfin une troisième avec des montres à l’histoire toute particulière et singulière. Des pièces historiques et introuvables sur le premier marché », résume Alexandre Léger.
Introuvables, en effet, à l’instar de la IWC Portugaise 7 Days Panda produite à seulement 1 000 exemplaires dans les années 2000, de la Audemars Piguet Classique Extra Plat et mouvement squelette en platine de 1998, « une pièce rarissime de la manufacture que même les détaillants ne connaissent pas forcément », précise l’expert Jean-Christophe Guyon, ou encore une rare plongeuse LIP Brevet Blancpain des années 1960 ainsi qu’une Breguet Marine Grande Date en acier. À noter également, une Classique Manufacture Luc signée Chopard, connue à seulement 1 800 exemplaires produite en 2000 à l’occasion du Bal de la Mer organisé par le Yacht Club de Monaco, ainsi qu’une Tank Romaine Reverso à boîtier réversible produite par Cartier vers 1978 ou enfin, une montre Zenith Chronographe El Primero en or jaune dans une version Poker Chip dévoilée par la manufacture du Locle entre 1969 et 1970 dans une série ultra limitée à 200 pièces.
La Mido de Jean Bugatti
La vente fera la part belle aux montres de pilote à l’esprit très « racing » qui plaît à de nombreux collectionneurs surtout à Bordeaux, une région connue pour son goût du vintage. On retiendra par exemple diverses références en chrono de chez Heuer des années 1970, dont une Autavia, une Calculator ainsi qu’une Carrera en version chronomatic et sa couronne placée à 9 heures. Également des Omega Speedmaster, dont une Day-Date Michael Schumacher produite en 2003 pour le 5e titre de champion du monde du pilote allemand et divers chronos Breitling, toujours très appréciés des amateurs de courses automobiles.
Le lot phare de cette partie reste néanmoins la montre Mido pour Bugatti. Grâce aux recherches d’Alexandre Léger et de Jean-Christophe Guyon, nous apprenons que cette référence de la manufacture Mido fut la propriété de Jean Bugatti. Ce dernier, décédé prématurément à l’âge de 30 ans lors d’un essai d’une voiture conçue pour Le Mans, était le fils du « patron », Ettore Bugatti, dont la montre personnelle – également une Mido – fut adjugée en 2021 à Toulouse pour 280 000 euros, un record mondial pour la marque helvète. La Mido de Jean Bugatti – estimée entre 80 000 et 120 000 euros – en or jaune sur cuir bleu dont la couronne stylisée à 12h représente un bouchon de radiateur, provient de six séries de montres « Calandres », commandées par Ettore Bugatti à Mido entre 1925 et 1932. Des pièces réservées à ses proches, que le constructeur automobile offrait à sa famille, à ses meilleurs pilotes et à ses mécaniciens. Frappées du logo Bugatti, toutes présentent la forme en fer à cheval des calandres de la marque de Molsheim. « Cette montre est issue de la première série de commandes, soit la plus authentique et la plus originale des montres Calandres connues à ce jour. Le cadran est dans son jus, jamais touché ou nettoyé. De plus, la pièce, très pure, est numérotée de partout, preuve de sa bonne provenance », enchérit Jean-Christophe Guyon. Nul doute qu’une belle bataille d’enchères se prépare pour – peut-être – battre le record de 2021. Affaire à suivre…
Enfin, notons un second lot de choix, un rare coffret secrétaire en racine de noisetier et dit « de souscription » produit par la manufacture Breguet vers 1991 (180 000 – 250 000 euros). Il comprend une montre de poche automatique dont la production est exclusive au coffret, une montre-bracelet à quantième perpétuel et répétitions des minutes – des complications parmi les plus nobles du monde horloger -, une loupe et un tournevis en or jaune, un pointeau en bois, une chaîne à maille ronde double et son stylet pour la montre à gousset, ainsi qu’un bracelet Breguet en crocodile. « Trois cents coffrets de ce type existeraient. Mais après consultation d’Emmanuel Breguet, seuls soixante exemplaires auraient été produits. Pour la plupart, tous seraient partis chez des collectionneurs asiatiques, jusqu’à aujourd’hui », conclut Alexandre Léger.